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« Un budget de mauvaise gestion », et « même Keynes y perdrait son latin » !

« C’est un budget expansif et sans perspective. Un budget de mauvaise gestion. Le peuple s’imagine qu’il y aura investissement, en regardant les chiffres exagérés, mais la réalité est autre ». Ainsi parlait ce matin le député Iyadh Elloumi à l’ARP qui discute toujours du budget pour l’exercice 2021 [ar]. Il pointait ici notamment du doigt cette pratique de classification des titres du budget, qui ferait croire que les salaires des chômeurs du mécanisme des ouvriers des « chantiers » (الحضائر) sont de l’investissement, ce que le député qualifie de « crime ».

–        Mauvaise gestion criminelle

Iyadh Elloumi avait certes essayé de tempérer  cette lourde accusation à l’endroit du chef du gouvernement et de son super-ministre de l’Economie, pour dire qu’elle contient « des contradictions qui s’assimilent à de la mauvaise gestion, alors que le pays est en crise ». Mais le mot était dit, et le budget 2021 restera inédit, puisque sans loi de finance, car les articles de 1 à 11 de la loi de finance, qui devrait contenir les mesures exécutoires le budget en exécution, ont été rejetés par la commission des finances de l’ARP.

Elloumi a aussi indiqué que le budget 2021 est structuré autour des deux choses que sont, d’abord « la hausse de la pression fiscale » qu’il a comparée à une « terreur fiscale », et ensuite l’augmentation de l’endettement « qui arrive désormais à hypothéquer le pays, et à mettre prochainement la clé sous la porte, nous irons alors vers la banqueroute, vers le crash financier, vers plus de mauvaise gestion, vers plus de pauvreté, vers plus d’emploi précaire et sans aucune vision perspective ».

–        Même Keynes y perdrait son latin 

Juste avant lui, le même jour et pendant la même réunion de discussion du budget 2021, le député Fayçal Derbel avait fait remarquer au super-ministre que la loi de finance ne contenait aucune mesure susceptible de consacrer les objectifs de développement, d’emploi, de réforme fiscale et investissement, contenus dans le budget 2021[ar].

« Malheureusement, ce qui s’est passé est pratiquement le contraire. Il était convenu de rattraper tout cela sur la base des réserves et des propositions faites sur la loi de finance complémentaire 2020, et nous n’y avons rien trouvé de tel », disait le député qui démontre ainsi que le gouvernement excelle dans la politique de la fuite en avant et ne fait rien de ce qu’il promet de corriger, renvoyant chaque fois à une loi de finance complémentaire pour l’exercice suivant.

Ali Kooli avait en octobre dernier dit à Africanmanager que son budget se caractérisait par l’ambition et le réalisme. En décembre 2020, il est démontré par les députés de la commission des finances que « ce budget ne concorde pas  avec la réalité, et comprend même des carences ».

Le député révèle n’avoir rien trouvé dans la LF 2020, les dépenses prévues en exécution de l’accord d’El Kamour, ni celles prévues pour l’application de l’accord concernant les chômeurs des chantiers, ni encore les provisions pour l’affaire de la BFT (Banque franco-tunisienne). Un budget, où 38 % du budget iront pour les salaires, 40 % en crédits, et de s’exclamer devant ce budget kafkaïen, que « ce budgetmême Keynes y perdrait son latin, et il est impossible d’arriver au bout de l’année avec un tel budget ». Et Derbel d’ajouter que selon ce budget, « on va rembourser 11,5 Milliards DT, et on va contracter des dettes de 16,6 Milliards DT dont 6,5 Milliards DT en crédits de l’extérieur, nous enfonçant ainsi encore plus dans l’endettement, or on ne pourra jamais mobiliser un tel montant avec un tel budget qu’il ne traduit point », étant un budget expansif comme l’avait dit son collègue Elloumi. Derbel, de son côté, avait parlé de certaines solutions proposées au gouvernement qui n’y aurait pas accordé d’intérêt.

–        En attendant, « Business us usual » pour ce qui reste de 2020

Force est de constater que cette politique expansive en dépenses de tous genres,  avait été initiée en 2020 par le gouvernement Fakhfakh, et continuée par le gouvernement Mechichi, malgré la baisse continue des recettes de l’Etat. Jusqu’à fin septembre 2020, en effet, ces recettes diminuaient de 3 % en global et de 10 % en recettes propres. Les dépenses diminuaient certes aussi de 2,9 % en glissement annuel, mais aussi de 12,8 % en développement, de 19,7 % en investissement direct de l’Etat, et de 18,2 % en financements publics. En face, le montant alloué aux salaires et autres rémunérations augmentaient de 12,3 % en septembre.

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1 COMMENTAIRE

  1. le c.. nu et bague au doigt. Ce dicton de chez nous résume bien la situation du pays .quand tu circules dans ses routes ,les grosses cylindrées heurtent la vue, les cafés pullulent comme des champignons, les hypermarchés exhibent indécemment des futilités importées et ne désemplissent pas, les banques s’enorgueillissent de plumer leurs clients pour réaliser des « bénéfices » sans aucune création de richesse dans une économie aux abois .nos hommes politiques se vantent des crédits odieux et rabaissants qu’ils continuent de quémander auprès des bailleurs de fonds. bref un tableau sombre appelé à s’assombrir davantage si on ne daigne pas arborer un profil bas en se convainquant que ça ne sert à rien -sauf à prouver son arrogance- d’étaler ses richesses dans un pays pauvre.ne jouons pas aux riches quand on n’a pas le sou. la richesse pourrait être ailleurs: dans un livre qu’on savoure, dans un morceau de musique ,dans une progéniture ,dans un esprit tranquille etc…….

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