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Un plan de sauvetage, qui se noie dans les préoccupations du très, très court terme

Le 21 mai 2020, le Gouvernement a annoncé la préparation d’un plan de sauvetage de l’économie suite aux effets de la pandémie de Covid-19. C’est le dernier rapport de la Banque Mondiale à propos de l’économie bleue pour la Tunisie, qui en parle. Un projet, qui devait être réalisé en 9 mois. Il  résume les priorités annoncées à cet effet :

  •  « Levée des entraves à l’achèvement des grands projets ».

Or, Ceci n’a pas été fait et les grands projets piétinent encore, même ceux parrainés par le chef de tout l’Etat, lequel, jeudi dernier, en parlait avec la cheffe du seul gouvernement Najla Bouden, et évoquait le projet d’un parc éolien alors que le solaire vacille encore, de même que le transport du phosphate par hydromécanique au moment même où des sociétés communautaires à Gafsa  sont annoncées pour, justement, le transport du phosphate par camions. Ou encore des projets dont on entend très peu parler, comme ce tronçon de 240 kilomètres à 307 MDT entre la Tunisie et l’Italie pour le transport de l’électricité, dans un pays qui importe du gaz d’Algérie pour faire face à sa consommation interne. Pour beaucoup d’autres projets à l’arrêt, il faut d’abord, et ils le savent, que l’Etat rembourse ses dettes aux entreprises qui les ont démarrés.

  •    Retour à l’activité dans le bassin minier et dans les champs pétroliers »

Ceci n’a pas été encore fait, et la production va au gré des grèves et autres coupures. Aucune des deux têtes de l’Exécutif tunisien ne se hasarde jusqu’à présent à aller voir ce qui s’y passe et pourquoi il y a blocage. Les visites de Saïed se limitent à la ville de Tunis et ses Souks, et le travail de sa cheffe de gouvernement se cantonne à ses bureaux de la Kasbah.

  •  « Préservation des emplois, lutte contre l’emploi fragile ».

Au troisième trimestre de l’année 2022, le nombre des chômeurs est estimé à 613,6 mille personnes, un taux de chômage de 15,3 %. Et le ministre de l’Emploi en est réduit parfois à faire la Promo sur sa page LinkedIn

  •   Revitalisation des secteurs économiques les plus affectés par la pandémie de Coronavirus

Il y a un an, le SG de l’association des PME, prévoyait une faillite prochaine de 130 mille PME en Tunisie. Yassine Gouia président de l’organisation des entrepreneurs (ar) affirmait, depuis octobre dernier, que le chiffre d’affaires des PME avait chuté de 70 %. Le PDG de la BTS (ar), de fait, banque de financement des TPE et des PME, affirmait que 82 % des dettes de ces entreprises sont des dettes accrochées et mettent désormais en danger la banque.

  •   Préservation du tissu économique actuel (en particulier les petites et moyennes entreprises)

Au cours du troisième trimestre de l’année 2022, la production industrielle a enregistré une baisse de 1,2% par rapport au trimestre précédent. Cela est dû à la baisse enregistrée dans l’industrie manufacturière de 0.5% et l’industrie extractive de 4.8%. En effet, la production est en baisse dans le secteur de l’énergie (-3%), le secteur des industries agricoles et alimentaires (-4,6%), le secteur de mines (-15,9%) et le secteur de raffinage du pétrole (-7,5%).

Le reste du tissu est toujours, soit sous menace d’accords avec d’autres pays, comme la Turquie, soit sous menace de réduction des importations par peur d’approfondir les déséquilibres jumeaux, soit encore par la difficulté d’accès au crédit bancaire, qui devient plus cher, notamment après la dernière hausse du taux directeur de la BCT. La politique monétaire prenant obligatoirement le pas sur la politique économique, le ministère des Finances aggrave leur cas par les différentes mesures fiscales contenues dans le dernier décret fiscal.

  •  Lutte contre la corruption et rupture avec l’impunité

En guise de lutte, ce sont presque tous les patrons qui s’étaient développés sous l’ancien régime, qui font l’objet d’une nouvelle cabale judiciaire, sous le couvert de la lutte contre la corruption. L’impunité continue pour grand nombre de trafiquants de tous genres entre les frontières des deux voisins de la Tunisie, à l’Est et à l’Ouest. L’impunité continue pour les centaines de marchands, ambulants et irréguliers, installés en toute complaisance dans les grandes artères de la capitale, et dont on ne pense qu’à soutirer des taxes pour un Etat dans la dèche. L’impunité continue pour les dizaines de responsables politique de la précédente décennie, que la justice n’arrivait toujours pas à coincer et condamner, et qui font des va-et-vient chez le pôle judiciaire concernés et en ressortent toujours plus bavards.

  •   Renforcement de la souveraineté et de la sécurité nationales

Or, peut-on parler de souveraineté, lorsqu’on souffre de grosse dépendance financière ? Et au vu de la manière dont le chef de tout l’Etat tunisien le faisait récemment aux USA, il y a peu de chances. Pour la sécurité, c’est du domaine réservé de chez Carthage, et il n’y a aucune chance pour que le dernier rapport reçu par Saïed de son ministre de l’Intérieur, devienne un jour public.

–          Pour l’instant, cela n’est point l’urgence de la Tunisie

 Qualifié de « Plan de sauvetage et de rétablissement de la confiance », il devait permettre sur une période de 9 mois, de juillet 2020 à mars 2021, « de sauver l’économie des effets de COVID-19, avant d’être relayé par le Plan quinquennal 2021-2025 ». Ce dernier a été préparé par Samir Saïed, mais reste presque en complète dissonance avec le décret de finances de la ministre Sihem Nemsia.

Le plan de sauvetage, toujours selon la Banque Mondiale, devait s’articuler autour de quatre axes majeurs :

  •   Préservation de l’emploi et atténuation des effets de la crise sur les entreprises

Ce n’est en tout cas pas le décret de finances qui le fera. Et dès décembre dernier, l’UTPL appelait à revoir cette loi de finances, et l’organisation patronale Utica en était fort mécontente.

  •   Stimulation de l’économie par l’investissement public et privé

Or, depuis le 25 juillet 2021, le secteur privé fait l’objet d’une cabale présidentielle. La dernière « Engueulade » de l’entrepreneur Nafaa Ennaifer, en donne l’exemple. Ancien gouverneur de la BCT, Mohamed Ali Daouas, en donne un autre témoignage dans notre rubrique « Ce que je crois ».

  •   Meilleure gouvernance publique et lutte contre la corruption

Le « Chandler Index de la Bonne Gouvernance » pour 2022, plaçait la Tunisie parmi les dix derniers, 72ème sur 104 pays avec un score de 0,425 sur 1.

  •   

Le Gouvernement concentre jusqu’ici ses efforts, en premier, sur la gestion de la crise. Et lorsqu’on rappelle à n’importe lequel des ministres en charge de l’économie qu’ils ne font que colmater des brèches qui s’ouvriront tout de suite après, sous l’effet de « زيد الماء, زيد الدقيق », car une brèche en appelle toujours une autre dans un corps fissuré de toutes parts, ils s’offusquent et se disent avoir la conscience tranquille, car ils savent que ce qu’ils font est destiné à sauver le pays.

« La crise actuelle pourrait être transformée en opportunité, si les pouvoirs publics venaient à intégrer durablement et de manière systémique, les dimensions sociales et écologiques aux préoccupations économiques et budgétaires de court terme, quoique aussi importantes ». Dixit la Banque Mondiale, en 2022, dans son dernier rapport sur l’économie bleue.

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