Le 3 décembre courant, un euro (€) s’échangeait contre 3,306 dinars (DT), alors qu’il valait à la même date de l’année écoulée 3,165 dinars. Quatre jours plus tard, le 7 du même mois selon les chiffres de la BCT toujours, l’€ cotait 3,3041 DT.
La place commerciale, et dans une moindre mesure la place financière car elle suit plus les tendances, s’étaient alors un peu inquiétées, car ne sachant pas si c’était un nouveau trend baissier dû à la conjoncture domestique ou à la résurgence des anticipations. Nous rappelons que les déterminants de l’évolution du change du DT sont au nombre de trois : le marché international qui est un facteur exogène, la liquidité qui est confortée par les 15,5 Milliards en BMC et l’anticipation, jusque-là calme comme en témoigne la baisse de 13 % des importations en octobre dernier selon les chiffres de l’INS.
Interrogée par Africanmanager, une source autorisée de la BCT (Banque Centrale de Tunisie) donne tout de go la bonne réponse. « C’est plutôt l’€ qui monte, et non pas le DT qui baisse », dit notre source qui préfère garder l’anonymat. Et d’expliquer en effet que les déterminants domestiques (liquidité et anticipations) n’ont pas bougé, et que cette petite baisse de la valeur du DT réside, cette fois, dans le déterminant €/$. « L’€ s’est en fait apprécié de 3 figures sur le marché international. Contre l’USD il était à 1,18 et il est mercredi à 1,21, et il est en train de s’apprécier contre tout le monde, dans un effet balancier par rapport au $ (USD) ».
Une appréciation donc de la monnaie européenne, qui pourrait être expliquée par un effet Covid-19 dans une Europe plus engagée que les USA dans le processus de vaccination qui éclaircit un tant soit peu les perspectives de la relance de son économie en boostant ses performances. « De plus, le $ qui est la monnaie refuge en période de crise internationale, a aussi bénéficié de ce phénomène. Mais, et tout aussi paradoxalement, le semblant de maîtrise de la pandémie par le lancement de campagnes de vaccination qui a quelque peu desserré les inquiétudes sur les marchés, a déprécié le statut de valeur refuge au $ et cela profite à l’€ qui profite aussi de la bonne gestion de la pandémie et l’accès à la vaccination », nous dit encore la source autorisée de la BCT.
– Plus ancrée à l’€, la monnaie marocaine le suit par rapport au Dinar
Et lorsqu’on lui demande l’explication de la dépréciation du DT, même par rapport au Dirham marocain (MAD), notre source trouve que la réponse est très simple. « Le MAD est ancré à 60 % contre l’€ dans une parité presque fixe, et suit ainsi la valeur de la monnaie européenne et défend chèrement cette parité à travers son stock de réserves », explique notre source autorisée. Et qui ajoute en guise de Benchmark avec le Dinar tunisien (DT), que « en Tunisie, nous avons un ancrage de fait, mais dans un régime plus flexible et évolue en fonction des transactions sur le marché, avec une gestion beaucoup plus rigoureuse du stock de réserves », qui dépasse ainsi les 150 jours de réserves en devises.
Tout cela pour dire que pour le DT, la baisse n’est pas structurelle et due à des facteurs internes, mais par l’effet de l’appréciation de la monnaie européenne sur les marchés internationaux. Cela pourrait rendre chère l’importation pour les opérateurs tunisiens. Mais, comme on le voit dans nos graphiques, cela se traduit aussi par une légère appréciation du DT par rapport au $. Et cela impactera, positivement cette fois, le paiement d’une dette tunisienne, qui est majoritairement libellée en monnaie US. Et des dettes, la Tunisie en aura à rembourser plusieurs Milliards DT dès 2021.
Et lorsque nous demandons à notre source si cette baisse de la valeur du DT est un trend qui se confirme, ou simplement un effet d’une conjoncture internationale volatile, elle reste optimiste quant à une rapide correction. Et le 8 décembre, le DT amorçait déjà la correction, ne cotant plus qu’à 3,2949 €. La différence est certes en décimales, mais elle y était.
Merci pour cet éclairage qui espérons le est juste. Je ne comprends pas pourquoi les sources restent anonymes, si elles sont autorisées pourquoi ne pas dire leur nom et leur position. Il reste toujours un doute dans l’esprit des tunisiens sur la véracité des informations. Mais African Manager au moins essaye de faire du bon journalisme avec peu de moyens bravo !