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Tunisie : La « liste noire » continue d’occuper l’espace, Quid du Vrai sujet ?

La nature a horreur du vide, on le sait. Mais les milieux médiatiques ont encore plus horreur du vide. Et ce qui le remplit en ce moment, en Tunisie comme ailleurs, ce sont les commisérations autour de ce malheureux classement sur la fameuse liste noire, celle des 17 paradis fiscaux sur lesquels l’Union européenne a jeté l’opprobre, les 47 autres étant dans l’anti-chambre grise, dans laquelle d’ailleurs sera logée la Tunisie dès qu’elle sortira de la ‘noire’. Enfin, tout ça est un peu complexe et pas très ragoutant, j’en conviens. Alors focalisons-nous sur le fait du moment : Il ne se passe pas un jour sans qu’une personnalité, d’ici ou d’ailleurs, se fende d’une sortie pour exprimer son indignation suite à cette « injustice«  qui a frappé la Tunisie. Cette affaire occupe presque tout l’espace, jusqu’au trop-plein. Le dernier événement de ce type est la parution ce mercredi 20 décembre 2017 dans le très sérieux et respecté journal britannique «Financial Times» d’un appel intitulé «La Tunisie n’a jamais été un paradis fiscal et elle n’en est pas un aujourd’hui». Ce qui attire surtout l’attention, car le propos n’est pas nouveau, ce sont les signataires de ce texte, une douzaine d’économistes, éminents professeurs et personnalités politiques : Farid Abbes, Christian de Boissieu, Elisabeth Guigou, Denis MacShane, Radhi Meddeb, Jacques Sapir… Que du très lourd ! Le seul hic c’est que tout ce beau monde s’égosille pour un problème qui de toute façon sera bientôt réglé, alors que les vrais problèmes de la Tunisie eux restent…

On ne peut rien retirer du mérite de ces défenseurs passionnés de la Tunisie, qui ont sans doute le berceau du printemps arabe chevillé au corps, mais on se demande si cette démarche n’est pas un coup dans l’eau, dans la mesure où suffisamment de garanties ont été données sur le fait que le tir allait bientôt être rectifié. D’ailleurs tout le monde en convient, même à demi-mots, la Tunisie n’aurait jamais dû y être. Un peu de lobbying et d’activisme, comme l’ont fait le Maroc et le reste de la troupe des sauvés in extremis, aurait pu permettre d’éviter à la Tunisie cette grosse tuile, dont elle n’avait vraiment pas besoin, à côté de ses autres gros problèmes conjoncturels et structurels. Mais voilà, le mal est fait et sera, vraisemblablement, réparé assez rapidement. Par contre si toutes ces bonnes volontés veulent vraiment aider la Tunisie, elles peuvent déplacer cette bataille sur le terrain d’un soutien massif de l’UE à la Tunisie. Là par contre il y a à faire, et beaucoup.

De l’aide, et après ?

La dernière fois que les députés tunisiens ont tenté le coup pour mettre en avant l’urgence d’un Plan Marshall, ils ont reçu une volée de bois vert au Parlement européen, pour ensuite sortir de là avec une liste de conditions et préalables de 70 points qu’il faudrait un siècle, au meilleur des cas, pour remplir. Et depuis rien, ou pas grand chose. Enfin pas du niveau des 20 Milliards d’euros de financements dont la Tunisie avait besoin, et dont elle a toujours besoin d’ailleurs. On ne peut nier le fait que l’UE reste le premier partenaire et soutien de la Tunisie, même si depuis les envolées de la Conférence internationale sur l’investissement le moteur ronronne un peu, mais là on parle de niveau d’aide, de niveau insuffisant pour tirer définitivement le pays de ce mauvais pas. Au lieu de se noyer dans la diversion avec un problème qui n’aurait jamais dû l’être, qui a déjà grillé beaucoup de temps et va encore en griller quand la Tunisie sortira officiellement de cette « liste noire ». Et oui, il faut bien que tout le monde se congratule, pour avoir sauvé la vaillante Tunisie.

Reste que, à la décharge du partenaire européen, la Tunisie ne s’est pas mise dans les meilleures dispositions pour profiter de la rampe de lancement qui lui offrirait l’UE. Même si cette dernière déversait dans le pays des dizaines de milliards d’euros, ils seraient immédiatement engloutis, comme le désert aspire la pluie. Toujours à cause de ces réformes qui calent, et que tentent de pousser le FMI et dont la plus importante est sans doute un arsenal de mesures pour réduire les dépenses publiques. Des dépenses déjà budgétivores et qui vont encore monter en 2018 quand on voit le prix actuel du baril de pétrole, 64 dollars, alors que la Loi de finances l’avait, dans un élan d’optimisme béat, prédit à 54 dollars. Et puis il y a les tensions politiques, permanentes et qui viennent de monter d’un cran avec la découverte par Nidaa Tounes, ô divine surprise, de la félonie d’Ennahdha dans la fange de ces législatives partielles en Allemagne qui ternissent encore un peu plus l’image des deux ténors politiques de la place. Rassurons-nous, Nidaa ne va pas renverser toute la table, trop d’intérêts en jeu, en premier les leurs, évidemment, mais les signaux de cette coalition qui bat de l’aile sont suffisamment inquiétants pour arriver aux oreilles du soutien européen. Et bien entendu tout cela, en plus de la panne des réformes à engager d’urgence, finira par faire beaucoup, beaucoup trop à un moment…

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