AccueilLa UNETunisie : L'Allemagne, pays "ami", nous pique ouvertement nos médecins !

Tunisie : L’Allemagne, pays « ami », nous pique ouvertement nos médecins !

Le problème de la fuite des médecins tunisiens, pour moult raisons, vers des cieux plus cléments, notamment la France, ne date pas d’aujourd’hui. Bon, il s’est accéléré depuis la dite Révolution, à la faveur de la paupérisation des structures de santé, du sous-équipement endémique des établissements de soins publics, de la montée des violences contre le personnel soignant, des poursuites judiciaires pour faute médicale, du lynchage médiatique au moindre petit écart, etc. Par contre ce qui est nouveau, c’est que la France est maintenant fortement concurrencée par la première économie européenne, l’Allemagne, pour capter les médecins tunisiens. Et ça c’est très inquiétant pour l’avenir du secteur de la santé local, car des moyens et des carottes qu’on peut agiter sous le nez des compétences étrangères, les Allemands en ont des tonnes. Et ce qui est encore plus terrifiant, c’est que la Tunisie n’a pas grand chose à opposer à cette concurrence « déloyale » et, disons-le franchement, criminelle pour un pays qui se débat dans des difficultés post-révolutionnaires de toutes sortes et qui a plus que jamais besoin de ses enfants, notamment les plus qualifiés. Le plus navrant dans cette affaire c’est que les coups viennent de l’Allemagne, qui pourtant multiplie les gages et actes de soutien de la transition politique et économique en cours au berceau du printemps arabe…

Près de 250 médecins tunisiens ont pris part samedi 24 mars 2018 à une journée d’information sur les opportunités de travail en Allemagne, organisée par Freiburg international Academy, à l’occasion de la tenue de son premier congrès, rapporte la TAP. 250 c’est pas peu, si on se dit qu’un bon paquet sera sûrement tenté par l’aventure et pourrait prendre le large.

Le directeur de l’Académie, Nebil Farhan, a déclaré à l’occasion que l’organisation de cette manifestation avec les médecins tunisiens a pour but l’identification du cadre législatif et la présentation des différents aspects du système de santé allemand. Cette rencontre, a-t-il ajouté, a aussi pour objectif, et il le dit sans prendre de gant, d’orienter les médecins voulant s’insérer dans le marché de l’emploi en Allemagne. Cela a au moins le mérite d’être clair !

L’Académie met le paquet

Freiburg international Academy sort le grand jeu pour appâter les candidats potentiels : Il prend en charge la mise à niveau, indispensable vu les décalages et la formation des médecins désirant s’implanter en Allemagne ; à terme des certificats homologués leur sont délivrés pour exercer leur métier dans différentes spécialités dans les hôpitaux allemands, a indiqué la même source. A noter que Freiburg international Academy ratisse large et ne pioche pas seulement en Tunisie, il fait le même « travail » chez les médecins migrants dans les pays émergents pour les aider, dit-il, à trouver du boulot en Allemagne, a indiqué la même source.

Le Dr Amine Kouki, médecin résident en Allemagne, a précisé que les médecins migrants ont à leur disposition des bourses pour achever leur formation en Allemagne. Le montant de cette bourse est estimé à 10 mille euros par médecin alors que le coût de la formation au sein de l’Académie est estimé à 4 mille euros, a ajouté Dr Kouki. Il y a donc une marge assez confortable pour les aspirants médecins. Ces bourses, a-t-il dit, sont octroyées principalement par le Bureau de l’emploi en Allemagne, le ministère de la Migration et des Réfugiés ainsi que des organisations non gouvernementales allemandes.

Zeineb Houli, médecin résident en Allemagne, a confié que son échec, deux ans de suite au concours de spécialisation en médecine, est la raison de son installation en Allemagne. Près de 2000 médecins sont recalés à ce concours, a-t-elle déploré, indiquant que seuls 500 médecins sont admis par an.

La résistance ne s’organise pas en Tunisie

Au sommet, je parle du ministre tunisien de la Santé, c’est presque le défaitisme total face à ce fléau qui gagne du terrain. Aujourd’hui l’Allemagne, demain ce sera d’autres pays développés qui viendront piller la Tunisie. Imed Hamammi a déclaré dernièrement, sans détours, que la Tunisie n’avait pas les moyens de retenir ses médecins, notamment les plus chevronnés. Tout ce que son département a trouvé pour retarder l’inévitable, c’est astreindre les jeunes médecins à un service d’au moins trois ans en Tunisie. Après advienne que pourra. Autant dire un pansement sur une jambe en bois. Et les bruits qu’on entend ne sont pas de nature à rassurer les étudiants en médecine et les inciter à envisager leur avenir dans leur pays. Ce n’est que le samedi 24 mars 2018, au terme de longues semaines de grève et sit-in, que les médecins résidents et internes ont pu trouver un accord avec le ministère de tutelle pour cesser leur mouvement à partir de ce dimanche. Pourvu d’ailleurs que cet accord tienne. Et que dire de cette atmosphère anxiogène de corruption et de trafic de médicaments vers des pays étrangers, pour laquelle le ministre de la Santé fait des aveux sans difficulté, froidement, comme s’il parlait de la pluie et du beau temps. Bref, on fait pas grand chose pour soigner le moral des troupes. Les Occidentaux eux savent quoi faire, et en ont les moyens. C’est toute la différence.

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