AccueilLa UNETunisie : Qui a payé le séjour de Moncef Marzouki à New-York...

Tunisie : Qui a payé le séjour de Moncef Marzouki à New-York et y a-t-il un lien avec le ministre Jerandi ?

Lorsqu’il lui avait été demandé de réagir à l’information, documentée, rapportée par notre confrère Businessnews à propos du coût indécent du séjour du président Moncef Marzouki à New York, le porte-parole de la présidence tunisienne avait refusé en disant à son entourage que «dans 72 heures, tout sera oublié». Ce ne semble pourtant pas le cas. Cette nouvelle folie financière du président d’un Etat qui s’agenouille, se dépense en courbettes et s’attire des humiliations pour s’endetter, appelle, en effet, plus d’une question, tant sur le fond que sur la forme d’une affaire qui touche désormais à la transparence financière, mais aussi sur les conditions de formation du dernier gouvernement que dirige Ali Larayedh.

– Marzouki se serait-il fait prendre en charge alors qu’il dispose de son propre budget ?

Il est en effet établi, dans un pays qui dispose d’une administration bien structurée comme la Tunisie, que chaque département dispose d’un budget distinct de celui des autres. Dans chaque budget, il y a des rubriques pour les dépenses de gestion et les dépenses d’investissement. Le budget de la présidence de la République existe donc bel et bien. Il prévoit, comme nous en avions déjà parlé, une enveloppe de dépenses courantes d’un montant global de 15,52 MDT. On y retrouve un montant de 3,5 millions DT exclusivement réservé aux déplacements à l’étranger et 2,5 autres millions DT en frais de réception ainsi que 2,5 MDT pour les frais d’hébergement.

 

Théoriquement donc, la présidence avait ses propres ressources financières pour couvrir toutes les dépenses dues au statut du président de la République, au palais de Carthage ou lorsqu’il se déplace à l’étranger. Théoriquement aussi, les 8,5 MDT suffisaient pour couvrir toutes les folies dépensières du chef de l’Etat, afin qu’il puisse faire honneur au renom de son pays et sans qu’il soit obligé de demander qu’on lui paie ses lubies dépensières. Le mot prend tout son sens, lorsqu’on connaît les taux de chômage et de misère dans le pays de celui qui dépense 200.000 DT pour aller assister à une réunion à New York.

C’est pourtant, selon les documents présentés par Businessnews, la Mission permanente de Tunisie auprès de l’ONU, qui paie toutes les factures, celles de Moncef Marzouki, comme celles de l’ancien ministre des Affaires étrangères et gendre de Rached Ghannouchi, Rafik Abdessalem. Cela est-il réglementaire et permis par les lois qui régissent les dépenses de chaque département ? Quel est l’avis des Commissaires aux comptes de la présidence de la République ? Que fera la Cour de discipline financière si elle est saisie, ce en quoi nous doutons ?

Il est aussi presqu’impossible pourtant de croire que Moncef Marzouki ne s’est pas fait attribuer les frais de déplacement y afférents. Etant pris en charge par la Mission permanente de Tunisie à l’ONU, où était donc passé l’argent de la mission de la présidence ?

– Y a-t-il un lien entre cette facture et la nomination de Jerandi ?

La présidence de la République tunisienne refuse, pour l’instant, de s’expliquer sur toute cette affaire qui frôle la mauvaise gestion des deniers publics, au vu surtout des conditions de crise économique que vit le pays.

Sans vouloir mettre en doute la probité, morale et financière, d’Othman Jerandi dont on voit la signature sur la facture, il est pourtant permis de se demander s’il n’y aurait pas un lien entre la facture signée et le poste dernièrement confié à l’ancien chef de mission de Tunisie auprès de l’ONU. La présidence de la République avait son budget et de quoi largement payer et il n’y avait rien qui oblige la Mission tunisienne à l’ONU de prendre en charge Marzouki, sauf peut-être les mauvaises habitudes héritée de l’ère Ben Ali et que gouvernement et présidence de la République devaient changer comme ils le promettaient à qui voudrait bien les croire.

La visite de Moncef Marzouki à New York a été effectuée, en effet, en septembre 2012, c’est-à-dire six mois avant la constitution et l’annonce du second gouvernement, depuis les élections d’octobre 2011. Jerandi n’était alors connu de personne. Marzouki, tout comme Rafik Abdessalem, le connaissaient pourtant, et c’est en tant que chef de mission de l’ONU et sur le budget de sa Mission, bien que celle-ci émargeant sur le budget du ministère des Affaires étrangères, que Jerandi a payé et signé les factures de 200.000 DT pour l’hôtel de Marzouki et Abdessalem.

Notre questionnement ne s’abaissera pas, bien sûr, à de viles considérations de corruption. La probité de Jerandi n’étant jamais mise en cause. Notre questionnement n’a de sens que sur l’influence qu’aurait pu avoir ce «bon accueil» sur la nomination d’un homme, qui n’était pas dans les bonnes grâces de son ministre de tutelle dans un poste où l’avis du chef de l’Etat était important.

Khaled Boumiza.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -