Ils sont 350.000 retraités du secteur public et plus de 500.000 dans le secteur privé, auxquels le gouvernement semble donner peu de cas. Le mercredi 11 avril, à la conférence nationale sur les grandes réformes, le chef du gouvernement en fait un objet de chantage pour faire notamment pression sur ses partenaires sociaux afin qu’ils acceptent la réforme des caisses sociales, non plus au bord mais carrément désormais en faillite. Il a fait part de «la crainte que les caisses sociales soient dans l’incapacité d’assurer le décaissement des pensions au cas où le rythme de mise en œuvre de ces grandes réformes ne serait pas accéléré et l’on ne sortirait pas des sentiers battus des solutions provisoires». Depuis, aucun des deux partenaires sociaux n’a bougé sa position d’un iota et le gouvernement se retrouve dans l’obligation d’essayer de passer en force, devant l’ARP, pour réformer les caisses et y injecter de l’argent frais.

Le 7 juin 2018, c’est encore les retraités qui sont oubliés, lorsque le gouvernement décide d’anticiper le paiement des salaires des fonctionnaires, comme un coup de pouce pour un Aïd moins stressé par le coût, en constante évolution, de la vie. Les retraités auraient plus de moyens que les actifs, ou ces derniers seraient plus encombrants que des retraités oubliés par toutes les mesures du gouvernement, qui ne daigne même pas les consulter sur le projet de réforme des caisses de retraite ?

Le jeudi 21 juin 2018, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, excluait la péréquation des retraites de l’application des augmentations salariales aux pensions de retraites, menaçant ainsi directement le pouvoir d’achat de 850 mille personnes, retraités et recevant des pensions, parfois de misère, de la CNRPS et de la CNSS, sans compter les retraités du secteur agricole.

«Augmenter les pensions des retraités n’est pas discutable, mais les conditions financières du pays rendent difficile l’application de l’augmentation intitulée 2017», disait le ministre d’origine syndicale. Trabelsi n’a pas exclu l’augmentation des pensions de retraite, mais a annoncé que «ce droit peut être reporté», affirmait ainsi sans vergogne le ministre des Affaires sociales. La péréquation est pourtant une obligation légale, à chaque hausse des salaires, à chaque nouvelle prime et à chaque modification du statut. La péréquation a pourtant été suspendue depuis les mois, de janvier et février et il y a peu de chance que le gouvernement puisse la refaire, pour cause de faillite des deux régimes de retraite.

Le gouvernement n’a jusqu’à présent pas failli à son devoir de versement des pensions de retraite, même s’il a quelques fois enregistré des retards. Mais le gouvernement Chahed trouve de plus en plus de difficulté à mobiliser chaque mois les 100 MDT nécessaires pour couvrir le déficit des caisses sociales.

Ainsi faisant, le gouvernement fragilise chaque mois un peu plus les conditions de vie et clochardise chaque année presqu’un million de personnes, pour lesquelles l’impact de l’inflation galopante est plus dur que pour les actifs, dans un système de retraite où l’inversion de la pyramide des âges et l’arrêt de tout nouveau recrutement dans la fonction publique diminue chaque fois le nombre d’actifs nécessaires au paiement de la pension d’un seul retraité. Des retraités, désormais de plus en plus en colère et qui s’organisent de mieux en mieux pour revendiquer leurs droits bafoués par les gouvernements successifs.

Notons, à l’adresse de tous ces politiciens, qu’avec la démonstration de démobilisation des jeunes par rapport à la vie politique, faite à l’occasion des dernières élections municipales, le gouvernement actuel risque fort de mobiliser, contre lui, les 850.000 retraités clochardisés et qui restent les seuls mobilisés en politique et pour toutes les élections. A bon entendeur… salut.

Khaled Boumiza

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