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Tunisie : Taoufik Rajhi dit tout, sur l’argent du FMI, Moody’s et l’instabilité politique

Les réserves tunisiennes en devises s’assèchent à vue d’œil. Elles ne sont plus que de 10,846 Milliards DT, ou 76 jours d’importation. Le décaissement par le FMI, de la 3ème tranche de prêt, met du temps à se réaliser. Les réformes demandées par les bailleurs de fonds, FMI, BM, BAD et autres, prennent du retard, trop de retard avec les tergiversations de l’UGTT. La stabilité politique est de nouveau remise en cause par les signataires du Pacte de Carthage qui menacent le GUN et mettent en grand danger la résilience financière et monétaire de tout un pays.

C’est de tout cela que celui que l’UGTT appelle l’homme du FMI, Taoufik Rajhi, qui est le ministre chargé des grandes réformes, a parlé à Africanmanager. «Actuellement, on est à la fin du processus de décaissement de la 3ème tranche du crédit du FMI. On rappelle que l’accord initial avec le fonds consistait à avoir deux revues économiques par an. On n’en a fait qu’une seule par an et donc un décaissement par an. La 3ème tranche qui devait, en principe, être décaissée en janvier 2018 a enregistré un retard, dû à des processus internes propres au FMI et à la préparation de certaines statistiques, par la Tunisie et qui concernent l’exécution du budget 2017 qui ne pouvaient être faites qu’en février 2018. Il y avait eu, en décembre 2017, une déclaration d’experts du FMI, concernant la conclusion de l’accord. On attendait cependant la préparation, par le FMI, du rapport à envoyer au conseil d’administration du FMI, ainsi que, de la part de la Tunisie, l’envoi du MFP (Mémorandum de politique économique et financière) du gouvernement tunisien, qui indique ses engagements en matière politique monétaire, financière et budgétaire. C’est désormais chose faite, signée et envoyée le vendredi dernier par le Gouverneur de la BCT au CA du FMI. Ce dernier se réunira le 23 mars pour examiner le rapport de son Staff et le MFP. Il y aura décaissement, si l’issue est favorable».

  • La Tunisie demande au FMI d’accélérer les décaissements. Quatre au lieu d’une seule          

Taoufik Rajhi annonce aussi une nouveauté dans les négociations de la Tunisie avec le FMI sur le déblocage de ce qui reste des 2,9 Milliards USD. Il affirme ainsi que «la nouveauté, c’est que comme on a eu des retards dans les décaissements, le gouvernement tunisien a demandé un Frontloading ou pré-approvisionnement. Il nous reste au fait 2,2 Milliards USD, en crédits à recevoir du FMI, avec un dernier décaissement en avril 2020. Au rythme actuel de deux décaissements par an, on n’y arrivera pas. C’est ce qui explique notre demande de Frontloading par quatre décaissements par an, divisés en 9 trimestres. Si le FMI est d’accord, nous devrions avoir quatre décaissements en 2018, chacun de 250 MUSD, le 1er en mars, le second en juin, le troisième en septembre et le dernier en décembre 2018, ce qui nous fera un décaissement de 1 Milliard USD au lieu de 700 MUSD. Mais on aura aussi quatre revues économiques du FMI par an, au lieu au lieu d’une comme c’est actuellement le cas. Les revues seront certes serrées, avec des engagements de court terme, clairs et réalisables. C’est ainsi que nous avons demandé à ce que la prochaine revue économique se fasse en mai prochain».

  • Et les Followers, suivront-ils ?

Interrogé sur le reste des bailleurs de fonds de la Tunisie dont les crédits prennent quelque retard, le ministre chargé des grandes réformes affirme à Africanmanager que «le rôle du FMI est très important pour le reste des bailleurs de fonds internationaux. Il joue celui d’agence de notation des pays pour le reste des bailleurs, comme la Banque Mondiale, la BAD (500 MUSD), l’Union Européenne (500 MUSD) qui exige toujours l’accord avec le FMI, la KFW (200 MUSD), les institutions internationales et même les investisseurs privés. C’est ce qui explique que la Tunisie tient toujours à avoir le FMI de son côté. Cela, sans oublier qu’avec l’avis favorable du FMI, nous serions plus confortables pour la prochaine sortie sur les marchés financiers internationaux, car il donne un signal très important aux marchés financiers, démontrant que la Tunisie est sur une bonne trajectoire pour les réformes, ce qui atténuera aussi, un tant soit peu, l’effet négatif de la dernière notation de Moody’s».

  • Les 4 reproches de Moody’s qui risque d’influencer la décision du CA du FMI

Interrogé sur l’impact que pourrait avoir la dernière dégradation de note, faite par l’agence de notation Moody’s, Rajhi explique à Africanmanager que «la dernière dégradation de la note souveraine de la Tunisie par Moody’s était en fait basée sur quatre éléments. Trois sont des éléments de réformes majeures et un élément de politique. Dans le 1er, l’agence de notation a reproché à la Tunisie d’avoir une masse salariale trop élevée. Cela requiert une réforme de la fonction publique, qui n’est pas encore achevée il faut le dire. Moody’s reprochait aussi à la Tunisie le retard dans la réforme des caisses sociales, avec 2,5 Milliards DT de déficit, structurel pour la CNSS et la CNRPS. Le 3ème reproche est relatif à la dette des entreprises publiques, qui est désormais de 12,5 Milliards DT, garantis par l’Etat. Cela appelait une réforme des entreprises publiques, qui traîne encore. Le 4ème reproche et qui aussi justifie la dégradation de la note tunisienne, c’est l’instabilité politique. Le gouvernement travaille actuellement sur les trois premiers et les réformes qui y sont requises».

  • Les problèmes et leurs solutions resteront les mêmes, quel que soit le gouvernement

Les quatre éléments de reproche sont pourtant toujours là, tant sur le manque de réformes économiques que sur l’instabilité politique ou les dernières demandes de remaniement et même de changement pur et simple de gouvernement. Cela, alors que le 3ème décaissement du FMI tarde à venir, n’arrange pas les choses. Interrogé pour savoir si la Tunisie reste, malgré cela, en situation favorable pour ce déblocage qui est vital pour les finances du pays, Taoufik Rajhi indique à Africanmanager que «au gouvernement, nous avons convaincu l’équipe du FMI de notre volonté d’aller de l’avant dans les réformes. Certaines ont été déjà insérées dans la LF 2018, avec un engagement ferme de réduire le déficit budgétaire à 4,9 %. Ils ont été aussi, nous le pensons, par notre sérieux dans la réforme des caisses sociales et on a un projet de loi pour la réforme de la CNRP et un projet de décret pour la réforme de la CNSS, sans oublier la stratégie de réforme des entreprises publiques. Le mangement du FMI ne serait pas allé en CA s’il n’avait pas été convaincu du sérieux et de la volonté du gouvernement d’aller au fond des réformes. Pour l’aspect politique, il est certes interne, mais il nuit aux discussions du gouvernement avec le FMI et les partenaires internationaux. C’est pour cela que la stabilité pourrait énormément aider dans ces discussions.

Maintenant, qu’il y ait remaniement, partiel ou total, changement du gouvernement ou pas, les problèmes et les solutions sont les mêmes. Les problèmes, ce sont la réforme des caisses sociales, la maitrise de la masse salariale, la réforme des entreprises publiques. Et quel que soit le chef du gouvernement et son gouvernement, ils devront toujours faire face et résoudre, sans attendre, tous ces problèmes. Les solutions aussi sont connues et on n’invente pas la roue» !

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