AccueilLa UNE800 Millions d'euros signés avec « la bonne » BEI et non encore décaissés

800 Millions d’euros signés avec « la bonne » BEI et non encore décaissés

Cela fait plus de 40 ans que la BEI finance des projets en Tunisie par des crédits à taux fixes, et qui étaient proches du zéro % (comme pour le projet du RFR en 2021). Aujourd’hui, la BEI ne prête plus qu’à 3,5 à 4 % pour tout le monde, crises du Covid, de l’Ukraine et de l’inflation obligent.

Cette « grosse PME » comme l’appelait le représentant de la BEI en Tunisie Jean-Luc Revéreault (Photo ci-dessus), lors d’une conférence de presse, jeudi dernier, est en fait une banque multilatérale avec des encours de 300 Milliards d’euros, levés auprès des marchés, et investis en projets.

En Tunisie, ce sont des projets de 200 à 300 M€ par an, sous forme de dons.

–          Comme toute autre banque, la BEI a ses conditions

Combinés à l’intervention à la moyenne de 200 à 300 M€ en crédit, l’Europe intervient ainsi en Tunisie avec une force d’investissements de 500 à 600 M€ en moyenne par an, équivalant à plus de 1,993 Milliard DT en mix prêts-dons avec des enveloppes différentes.

J.L Revéreaul fait cette précision importante, qu’entre la demande d’investissement et ne serait-ce que la signature, il peut se passer plusieurs années, avec plusieurs obstacles à lever de part et d’autre pour que le projet obtienne le label BEI. Cela, sans compter tout un corpus de règlement, social, environnemental, d’hygiène et de sécurité sur les chantiers, et même en matière d’expropriation, et de règles de passation de marchés, ce qui cause des retards, car ce corpus constitue une condition de décaissement. Il arrive même à la BEI en Tunisie de faire le lien avec les relations  de la Tunisie avec le FMI et ce que ce dernier  pense de la Tunisie et en exige en matière de transparence, de reporting et de gouvernance, notamment pour les entreprises publiques. Prendre dette auprès de la BEI, ce n’est donc pas chose facile. L’un de ses plus grands emprunteurs tunisiens est la Steg, « et ce n’est pas le pire des partenaires », dit, en souriant,  le représentant de la BEI en Tunisie. Et lorsqu’on lui demande qui est le pire, il répond que « en termes de mise en œuvre des projets, c’est l’ONAS », citant à titre d’exemple « un projet qui date de 2004, et qui n’est pas encore complètement décaissé ».

–          Un stock de 800 M€, signé et non encore décaissé

Questionné par Africanmanager sur le stock d’investissements signés avec la Tunisie et non encore décaissés, le représentant de la BEI évoque un stock qui approchait le Milliard d’euros (€) de prêts en 2019, et qui s’est réduit à quelque 800 M€, signés et non encore décaissés ou en cours de décaissement. « Il a baissé de 20 %, car il y a eu quelques décaissements, on n’a pas rajouté de stock et donc pas de nouveaux prêts pour des projets » précise le responsable financier européen.

Il ajoute qu’il vise 200 M€ de décaissement pour 2023, et accélérer la mise en œuvre des projets. Pour les retards, il les explique par « les conditions contractuelles liées aux projets, comme celles des expropriations pour le pont de Bizerte ou les infrastructures du grand Tunis, n’étaient pas satisfaites ».

La « bonne BEI » demande ainsi par exemple au ministère de l’Equipement d’indemniser même ceux qui n’ont pas de titre foncier et de propriété des parcelles objet d’expropriation, d’indemniser les commerçants dont l’activité a été impactée par les travaux du projet partant de la reconnaissance du principe de l’indemnisation indirecte qui est non reconnu en Tunisie. La « merveilleuse BEI », arrête même chantier et décaissement, si elle remarque que les règles de sécurité pour les travailleurs des chantiers par elle financés ne sont pas respectées et ne sont pas conformes à ce qui se fait en Europe (casques, chaussures de sécurité etc.).

On en viendrait presque à souhaiter que tous les chantiers tunisiens soient financés par la BEI ! Mais cela risquerait de donner des idées aux syndicats !

La Tunisie reste le 1er bénéficiaire des prêts de la BEI par habitant. Depuis 2018, le rythme des signatures s’est ralenti. Priorité a été donnée aux décaissements et à la réalisation des projets déjà signés. « Il est difficile de prêter à un payé noté 3C », dit J.L Revéreault, qui tient cependant à faire noter que « malgré la situation économique, un petit peu compliquée, des partenaires comme la BEI sont toujours prêts à accompagner la Tunisie dans ses investissements au moyens de nos instruments ». En 2022, deux contrats ont en effet été signés pour un montant de 215 M€ afin de répondre aux besoins urgents de la Tunisie en céréales, pour renforcer la capacité de stockage de l’OC, et pour le renforcement du réseau électrique de la Steg.

–          La Tunisie, en 2023, emprunte ce qu’elle doit rembourser

Et lorsqu’on insiste sur le volet du soutien budgétaire qui est actuellement la priorité pour la Tunisie, il nous sort l’argument fatal, en assurant que « tout le débat que nous avons actuellement avec le gouvernement, vient de la loi de finances 2023, où le montant de l’endettement qui est prévu cette année, est quasiment le montant qui doit être déjà remboursé, et le reliquat est affecté au soutien budgétaire », certifie pour les journalistes le représentant de la BEI en Tunisie. Et d’ajouter, en guise de conseil d’un partenaire financier qui constaterait qu’il lui est impossible de faire plus pour la Tunisie, que « si l’on veut sortir de cette situation, relancer la croissance, créer de l’emploi, ce n’est pas avec le soutien budgétaire. Nous, on essaie de convaincre,  le ministre de l’Economie Samir Saïed », pas manifestement celle des finances que J.L Revéreault n’a d’ailleurs pas citée. Le représentant de la BEI évoque même un certain nombre de projets, qu’on va signer cette année, et « qui vont dans la bonne direction ».   

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