AccueilLa UNECarthage : les starting-blocks se garnissent à vue d'œil

Carthage : les starting-blocks se garnissent à vue d’œil

Le pire de la meilleure Constitution du monde, c’est que le peuple tunisien ne la comprend toujours pas. Et s’il est possible de comprendre l’ignorance de la plèbe, il est inconcevable de ne pas en vouloir à la prétendue intelligentsia qui fait office de politiciens. Les deux ne connaissent manifestement toujours pas le véritable lieu du pouvoir selon la Constitution de sa deuxième République. Depuis 2014, le pouvoir a en effet quitté le chic quartier tunisois de Carthage, pour s’installer au quartier historique de La Kasbah.

Mais c’est peut-être parce qu’il faudrait plus de connaissances dogmatiques et de compétences techniques, pour gérer un pays et son économie, que de soutiens populeux, pour faire l’apparat dans un palais qui a depuis quelques années perdu sa superbe et la puissance de son pouvoir.

  • La course à la chimère du pouvoir

Alors qu’approchent les élections, pour des partis politiques en jachère, déstructurés et qui ont peur, toute l’attention se focalise sur les présidentielles, la moitié vide du verre du pouvoir, seule capable d’abreuver les ambitions de celui qui pourrait remplir le reste du verre dans la main de celui qui le tient. Peu de partis politiques parlent, depuis quelque temps, de leurs listes et programmes pour les législatives. Presque tous évoquent plus volontiers leurs candidatures aux présidentielles. Certains avaient déjà perdu leurs maisons pour conquérir Carthage, mais ne désespèrent toujours pas de gagner cette bataille d’un autre âge… démocratique.

Au petit bonheur la chance donc, les starting-blocks pour la course aux prochaines présidentielle se remplissent au gré des déclarations, des auto-désignations ou des bruits de couloir des prétendants à un poste où il y a plus d’honneur que de pouvoir, comme le dit clairement la Constitution de 2014 et comme en ont donné la preuve les 5 dernières années d’exercice du couple BCE-Chahed.

Beaucoup des anciens opposants des deux anciens présidents tunisiens, Bourguiba et Ben Ali, rêvent de s’asseoir sur la même chaise que leurs anciens bourreaux. D’autres rêveraient plutôt du poste où le pouvoir est constitutionnellement palpable, celui de chef de gouvernement. Ceux-là penseraient plutôt à s’associer à de possibles candidats à Carthage qui les nommeraient chef de gouvernement.

On raconte qu’un ancien chef d’Etat tunisien se faisait quelques fois emmener en hélicoptère, pour atterrir dans une clairière où il se mettait à s’écrier «Maman, je suis devenu président !». On prête aussi à l’ancien chef du département d’Etat américain Henry Kissinger d’avoir dit que «le pouvoir est le dernier des aphrodisiaques».

  • Les probables et les possibles

Les probables candidats qui oscillent depuis quelques mois entre confirmation et déni sont d’un côté l’actuel chef de l’Etat, Béji Caïed Essebssi (BCE), qui réclame que son ancien parti, Nidaa Tounes, le lui demande et en fait solennellement l’annonce, et le leader du parti islamiste tunisien Rached Ghannouchi (RG). Comme BCE, RG hésite à s’auto-désigner et devrait finir par céder aux pressions, de sa famille et de ses proches. Il ne faudrait pas aussi s’étonner que Moncef Marzouki tente de nouveau sa chance. Il n’est pas, non plus, exclu que d’autres déboutés des présidentielles, comme Néjib Chebbi ou Hamma Hammami, décident de retenter leurs chances.

Maghreb confidentiel de janvier 2018, évoquait l’ex-secrétaire général du RCD, Abderrahim Zouari, qui «se prépare à se présenter à l’élection présidentielle de 2019» et qui aurait «réuni mi-décembre un groupe d’hommes d’affaires afin de les convaincre de financer sa campagne électorale, dont il estime le budget à… 14 millions €. Rien que ça !». Zouari pourtant dément cette information à Africanmanager qui l’avait contacté par téléphone.

La même source avait aussi évoqué le nom de «l’industriel Faouzi Elloumi, responsable des relations avec l’étranger du parti présidentiel Nidaa Tounes – et frère de (…) la directrice de cabinet de BCE ». Selon ces sources, «il envisage de se présenter à l’élection présidentielle en fin d’année, si le raïs n’est pas lui-même candidat. A défaut, Faouzi Elloumi se verrait bien remplacer le Premier ministre Youssef Chahed». Contacté par téléphone, Elloumi reste aux abonnés absents.

Entretemps, une coalition électorale nommée «La victoire à la Tunisie» issus des listes électorales des dernières élections municipales a, officiellement, annoncé lors d’une conférence de presse tenue à Tunis sa création ainsi que la candidature d’Akram Masmoudi, aux prochaines élections présidentielles.

  • Les moins attendus et les plus probables

Moins attendue, la très possible candidature de l’animateur et homme de média Nizar Chaari, qui s’y préparerait sérieusement d’après des sources proches du beau-fils de l’ancien grand hôtelier Aziz Miled. Ces sources ont indiqué à Africanmanager que Chaari fait depuis longtemps campagne, en silence, dans le milieu estudiantin.

Plus sérieux, Mohamed Abbou qui se présenterait officiellement au nom du parti de la bicyclette, avec sa femme Samia qui briguerait le poste de chef de gouvernement. Porte-drapeau des Abbou, Samia apparait depuis quelques mois dans les sondages où elle doit surtout sa visibilité au vacarme qu’elle fait sur les fauteuils de l’ARP et aux critiques, parfois à la limite du politiquement correcte, qui n’épargnent personne.

Plus sérieuse encore, la très probable candidature de l’ancien chef de gouvernement Mahdois, Mehdi Jomaa, qui pourrait être présentée par le nouveau parti politique «Tahia Tounes», avec l’accord qu’une fois élu il remettrait les pieds de Youssef Chahed dans l’étrier du pouvoir, en lui confiant la constitution d’un nouveau gouvernement. Des informations circulent depuis quelques semaines concernant des concertations et négociations en faveur d’un rapprochement entre Jomaa et Chahed.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -