AccueilLa UNECe que je crois : Abbou, une banale histoire de poisson et...

Ce que je crois : Abbou, une banale histoire de poisson et de couleuvre

L’homme a beaucoup changé depuis la « belle époque de droit-de-l’homiste » de Ben Ali. Il a même pratiqué le tourisme politique jusqu’à créer son propre parti. Décembre 2011, tout de suite après la révolution, on le retrouvait avec les semi-islamistes du CPR de Moncef Marzouki, et tout de suite ministre avec Hamadi Jbali, avant qu’il ne le quitte pour une dispute de prérogatives. L’avocat, rentier immobilier, était déjà avide de pouvoir.

2013, il quitte le Centre-gauche mêlé à des éléments de l’islamisme de droite, et fonde son propre parti social-démocrate dit de 3ème voie (peut-être pour ne pas se retrouver dans le même fossé que l’ancien Ettakattol du politiquement disparu Mustapha Ben Jaafar). 2020, c’est avec le dernier des mohicans d’Ettakattol, Elyes Fakhfakh, le tout aussi social-démocrate que lui, qu’on le retrouve et avec les pleins pouvoirs que lui avaient refusés le 1er chef de gouvernement de l’après Ben Ali.

On aurait presque cru, à l’entendre parler depuis qu’il était devenu le super-ministre qu’il a su négocier avec Fakhfakh, qu’il ferait presque double emploi, ministre et avocat, ou qu’il aurait simplement repris sa robe d‘avocat, mais cette fois-ci plus pour les « opprimés ». Cela, d’autant plus que sa femme la députée Samia Hamouda, semble s’être complètement assagie, et n’est plus intéressée par les « futilités », comme les appelle le patron de son ministre de mari ! 

  • 1ère couleuvre avalée : Des nominations, a priori, anticonstitutionnelles

Mohamed Abbou « made in 2020 », a essuyé hier les acerbes critiques des députés à propos de l’affaire des nominations des deux conseillers Nahdhaouis. Dans leurs interventions, certains d’entre eux ont accusé le ministre chargé de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Mohamed Abbou de ne pas réagir face à ces “dépassements” et de privilégier le principe de la solidarité gouvernementale. Ils ont à cet égard relevé une contradiction [ar] entre les slogans défendus par Abbou lorsqu’il était dans l’opposition en faveur de la lutte contre la corruption et la position qu’il observe maintenant qu’il est à la tête du ministère.

Auparavant, sur une radio privée, Abbou s’était borné à dire que le gouvernement précédent comptait plus de conseillers que celui de Fakhfakh, comme si c’était un indicateur de meilleure gestion des deniers publics dont il s’était dit le Cerbère.

Il oubliait ou voulait oublier que l’article 89 de la Constitution de 2014 stipule que « le Gouvernement se compose du Chef du Gouvernement, de ministres et de secrétaires d’État ». Certes, mais ces derniers, doivent obligatoirement être votés par l’ARP. Les Conseillers ne le sont pas. Ils ne devraient donc pas être membres du gouvernement et rémunérés sur le budget de l’Etat. Ministres et secrétaires d’Etat doivent aussi prêter serment devant le chef de l’Etat. Les conseillers en sont dispensés.

Constitutionnellement donc, les conseillers ne devraient être ni ministres, ni secrétaires d’Etat. Et c’est ainsi la 1ère couleuvre que le ministre chargé de la lutte contre la corruption dans la fonction publique, fait avaler aux Tunisiens. On dit ça,  on ne dit rien !

  • Abbou, le ministre qui sait noyer le poisson

Lundi au soir, le ministre Abbou rendait public le rapport de contrôle sur l’affaire des masques. Sauf que le ministre du gouvernement de la transparence ne publiait que 2 pages sur un total de 27. Dans ce condensé, aucune responsabilité n’a été pointée du doigt des limiers du contrôle d’Etat. Ce rapport allégé  a plutôt pris soin de noyer cette responsabilité, dans un « multitude de commissions, et absence de tout ce qui permet de délimiter une responsabilité ». Le poisson est ainsi, officiellement, noyé. Le point huit dudit rapport montre pourtant clairement que le ministre Salah Ben Youssef a enfreint au moins deux lois. Mais lui, c’est un ministre de Fakhfakh, chef de gouvernement qui a considéré tout cela « futile ».

« Le ministre de l’Industrie a passé  un  accord verbal direct avec un fournisseur pour la fourniture rapide d’un premier contingent de 2 millions de masques, en réponse à un besoin exprimé par le ministère du commerce, et ce en violation des procédures légales régissant les achats publics, et en particulier les conditions de la concurrence (…) ».

Le « Monsieur propre » du gouvernement insiste pourtant à essayer de noyer le poisson. Le ministre d’Etat chargé de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption a estimé que « le limogeage du ministre de l’Industrie ne résout en aucun cas le problème d’autant, a-t-il dit, que le rapport de la commission générale de contrôle des dépenses publiques ne fait pas état d’une suspicion de corruption ” intentionnelle ” dans le marché d’acquisition des bavettes non médicales ».

L’Article 69 code pénal[ar], comme le sait certainement l’avocat Mohamed Abbou, ne fait pourtant pas  de distinction  entre l’intentionnel et le non intentionnel, tout comme le code pénal en général. Mais c’est certainement là tout l’art de noyer le poisson !

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -