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Des changements majeurs dans le dossier libyen. Ghannouchi parle-t-il au nom de l’Etat tunisien ou fait-il cavalier seul ?

Le rapport de force en Libye semble changer en faveur du gouvernement d’entente nationale basé à Tripoli et présidé par Fayez al-Sarraj. De toute évidence, un tel développement en tout point majeur, n’a pas vocation à laisser indifférente la Tunisie, d’autant que les opérations militaires à l’origine de ce tournant du conflit avaient lieu dans une zone proche de ses frontières. Mais c’est au regard et sous l’angle d’un ensemble de données régionales que la situation doit impérativement être considérée, y étant impliqué un nouveau venu sur la scène sud-méditerranéenne, la Turquie qui s’est rangée du côté du pouvoir en place à Tripoli et qui serait partie prenante dans les combats qui ont défait l’autre belligérant, le maréchal Khalifa Haftar

Cela doit vouloir signifier en toute rigueur stratégique que la position de l’Etat tunisien doit être minutieusement élaborée et mûrement réfléchie, inévitablement de concert avec les pays voisins de la Libye. C’est ce qui explique l’approche attentiste qui semble  caractériser l’attitude des autorités tunisiennes. Sauf que cette attitude a été battue en brèche par le représentant de l’un des trois pouvoirs de l’Etat tunisien, à savoir le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Rached Ghannouchi, qui a été prompt à se signaler par une réaction qui ne jure pas avec les us diplomatiques tels qu’ils sont pratiqués par l’Etat tunisien.  En effet, selon une dépêche du site libyen « Libya Observer » « le président du Parlement tunisien , Rached Ghannouchi, a félicité le gouvernement d’ entente nationale  (GNA), pour s’être emparé de la base aérienne d’Al-Watiya, stratégiquement importante, et ce au cours d’un entretien téléphonique avec le chef du Conseil présidentiel  Fayez Al-Sarraj, portant sur  l’évolution de la situation actuelle en Libye »  La même source ajoute que Ghannouchi «  a exprimé sa joie de la reprise d’Al-Watiya et de son retour aux mains du gouvernement légitime, car elle est si proche de la frontière tunisienne », tout en affirmant, dans le même temps, qu’ « il n’y a pas de  de solution militaire au conflit en Libye », soulignant « la nécessité d’un retour au dialogue politique ».

Des couacs en tous genres

De « félicitations et de joie » , il n’a été ,cependant, point question dans la dépêche publiée à Tunis par l’ARP et rendant compte de cet entretien téléphonique où, dit-elle,  « Rached Ghannouchi a souligné l’importance du retour au dialogue entre les protagonistes libyens, ajoutant que l’option militaire dans ce pays, n’est pas une solution…invitant les libyens, toutes sensibilités confondues, à revenir à la table de négociations, appelant à privilégier un règlement politique permanent dans le cadre de la légalité internationale ».

D’aucuns ont vu dans cette réaction un « exercice de diplomatie parallèle » et désormais « parlementaire, » à laquelle Rached Ghannouchi a coutume de se livrer s’agissant surtout des relations de la Tunisie avec la Turquie et moins souvent avec l’Algérie comme en témoignaient ses entrevues avec l’ex président Bouteflika.

Les deux autres institutions de l’Etat tunisien , la présidence de la République qui a la haute main sur la diplomatie , et la présidence du gouvernement, se murent encore dans le silence , accentuant le flou qui entoure la position officielle de la Tunisie vis-à-vis du dossier libyen et ses nouveaux développements  Il importe quand même de rappeler que  le chef du gouvernement , Elyès Fakhfakh, avait, dans son interview à France 24, souligné que la position de la Tunisie reste inchangée depuis le début de la crise libyenne en affirmant  » nous sommes avec la légalité internationale et avec une solution libyo-libyenne refusant tout projet de partition du pays ou une intervention militaire étrangère »

Les éléments à considérer !

Ce qui est en train de se passer en Libye va-t-il changer cette position ? Ou faudra-t-il attendre encore l’évolution de la situation sur le terrain alors que l’Armée nationale libyenne (LNA) de Khalifa Haftar a confirmé son retrait de toutes les lignes de front de Tripoli ? En tout cas, les revers des forces de l’Est soulignent le changement de dynamique du conflit depuis que la Turquie est intervenue en janvier pour aider le gouvernement d’entente nationale (GNA) reconnu par les Nations unies à repousser l’assaut de Haftar.

Soutenue par les Émirats arabes unis, la Russie et l’Égypte, la LNA détient toujours tout l’est de la Libye et une grande partie du sud, y compris la plupart des installations pétrolières, mais sa présence dans le Nord-ouest, où se concentre la population libyenne, est soumise à une pression intense.

S’adressant au Conseil de sécurité mardi, l’envoyé intérimaire de l’ONU en Libye a mis en garde contre une nouvelle escalade du conflit et a appelé à faire pression sur les pays qui soutiennent les parties en conflit. Cependant, les efforts diplomatiques pour négocier un règlement politique n’ont guère progressé, alors que davantage de combattants étrangers et de systèmes d’armes ont afflué malgré des mois de quasi-impasse après la première offensive de Haftar l’année dernière.

Mardi et mercredi, ses partisans, les Émirats arabes unis et la Russie, rappelle Reuters ,ont lancé des appels séparés en faveur d’un cessez-le-feu et d’une solution politique au conflit. Les précédents cessez-le-feu ont été de courte durée et la GNA a accusé la LNA et ses alliés d’utiliser des trêves pour constituer des stocks militaires et préparer de nouvelles attaques.

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2 Commentaires

  1. Excellente « lecture » de l’échiquier géopolitique libyen actuel et ses ramifications idéologiques, dont l’action continuelle de soutien de la Confrérie panislamique à un gouvernement de milices que de « légitime » a bien peu, et rien du tout point de vue d’élections démocratiques et populaires, mais qui s’est assuré la « nomenklatura » onusienne seul par l’intense lobbying de l’OTAN, après ses agressions criminelles contre la Jamahiriya libyenne, sous des faux prétextes humanitaires, et une concertation médiatique occidentale et qatarienne encore plus falsifiante, en 2011.

    Donc, en partageant l’analyse dans l’article de M. Mohamed Lahmar, il faut comprendre que le jeu d’échecs militaire peut reprendre assez rapidement, du moment que les acteurs majeurs agissent maintenant avec des agendas mises à nu, et que les superpuissances russe et américaines doivent mesurer les enjeux géostratégiques dans une situation très complexe, non seulement à cause de la pandémie et du phénomène du commerce humain et des migrations massives, mais de l’illégalité calamiteuse des accords entre la Turquie d’Erdogan et le gouvernement fantoche de l’Alliance Atlantique à Tripoli, en matière de perforations pétrolières et gazières en Méditerranée centrale et de leurs revendications en eaux internationales, rejetées par l’Union Européenne, et par d’autres pays forts dans la région…

    La reprise temporaire de la base d’el-Watya par les milices tripolitaines donc, ne signifie pas un changement significatif des rapports des forces en Libye, malgré la propagande anti-Haftar et le matraquage des média turcs, islamistes et otaniens (l' »atlantisme djihadiste » formulé et mis en marche niaisement depuis l’opération de manipulation de masse des faux « Printemps arabes »). Non, car il n’y a pas un point d’équilibre international qui peut assure un nouveau départ diplomatique sérieux, vers la solution de paix par médiation (l’ONU ayant failli pour le moment).

    Et le « Guide Suprême » imaginaire qui s’assoit au fauteuil de la présidence parlementaire, l' »ayatollah » khomeyniste Kheridji-Ghannouchi, position qui peut également assumer le caractère d’un phénomène passager dans une corruption politique grimpante, le sait trop bien pour ne pas miser fourbement sur une « solution non-militaire », en attendant le repositionnement de Washington sur l’OTAN…

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