AccueilLa UNE«La dette des ménages pourrait devenir source d’instabilité». C’est l’OCDE qui l’affirme

«La dette des ménages pourrait devenir source d’instabilité». C’est l’OCDE qui l’affirme

Une toute récente étude économique de l’OCDE sur la Tunisie, vient d’être publiée. En résumé, l’Organisation de coopération et de développement économique mettait l’accent dans ce diagnostic sans concession sur les faits qui caractérisent la situation économique en Tunisie. « Une récession d’une ampleur sans précédent qui fait suite à une faible croissance », « un système de santé sous pression » avec une forte migration des compétences et un appauvrissement de l’infrastructure, des « répercussions sociales avec un chômage » de plus de 18 %,  de minimes transferts sociaux en compensation à partir d’un budget lui-même sous forte pression,  une « reprise lente, et des risques de considérables révisions à la baisse des prévisions ». Mais aussi « la dette publique et la dette extérieur qui sont élevées, ce qui aggrave les vulnérabilités », et « la pauvreté qui recommence à augmenter », disait le rapport 2022 de l’OCDE, qui n’en mettait pas moins en exergue « la riposte rapide des pouvoirs publics qui a permis d’atténuer les conséquences économiques et sociales de la pandémie » du Covid.

Il est vrai que le diagnostic est désormais plus que connu. Mais il est bon de le réentendre, venant de parties extérieures. Cela d’autant plus qu’à travers ses plus de 150 pages, le rapport de l’OCDE sur la Tunisie de 2022 a essayé de donner quelques pistes de solution, à travers notamment d’intelligents Benchmarks avec plusieurs économies occidentales qui avaient connu des problématiques similaires.

  • Des banques trop exposées à l’Etat et aux entreprises publiques

Traitant de la situation du secteur bancaire en Tunisie,  elle  évoque un secteur qui fait des bénéfices malgré la crise, certainement grâce à « l’augmentation des avoirs en titres d’Etat et des prêts directs à l’Etat, et un accroissement des engagements financiers des administrations publiques ». L’OCDE qui cite Fitch Rating, estime que « l’exposition des banques à la dette souveraine avoisinait les 15 % de leurs actifs (…) », mais aussi aux entreprises publiques pour lesquelles les crédits accordés représentaient  autour de 20 % du PIB, selon les mêmes sources. Des banques qui ont fait des dons financiers en apports directs au budget de l’Etat, qui ont dû venir en soutien aux entreprises et aux travailleurs indépendants, comme par les financements exceptionnels du cycle d’exploitation en 2021.

Revers de la médaille, que ne reconnaissent pas les « bancophobes »  et dont certains, cyniquement, s’en fichent, « la proportion des prêts non performants est élevée en comparaison internationale (Ndlr : Le graphique ci-dessous), et le ratio des fonds propres de certaines banques du secteur public est susceptible d’être affaibli par les conditions d’exploitation difficiles et la part importante de créances douteuses non-provisionnées », souligne encore l’OCDE, qui fait remarquer aussi que la BCT y attache une grande attention « en renforçant les capacités de prévention des banques, et en améliorant les procédures de faillite (Ndlr : comme pour le cas récent de la BFT) et du cadre de recouvrement judiciaire (Ndlr : qui reste pourtant trop long dans le temps, sans oublier le maintien en l’état de l’article 96 du Code Pénal) ».

  • Le grand danger de l’endettement des ménages tunisiens

Traitant ensuite des crédits à la consommation, accordés par les banques tunisiennes, le rapport  fait d’abord rappel de l’état de fragmentation du paysage bancaire en Tunisie, « qui devrait inciter les banques à se livrer concurrence et à innover (…). Or, les pressions concurrentielles sont faibles, comme suggéré par la part importante des commissions dans les PNB des banques ». Ce que ne dit peut-être pas le rapport, c’est qu’il y a presque entente ; l’APTBEF (Association des professionnels des banques) et la BCT y veillent, et ni le conseil de la concurrence, ni l’observatoire de l’inclusion financière ne s’y intéressent, et l’organisation de défense du consommateur l’évite.

Au passage, prenant part mercredi 12 mai 2022 à Tunis à la cérémonie du cinquantenaire de l’Association Professionnelle des Banques et des Établissement Financiers (APTBEF) sur  le thème de « La banque de demain », la Vice-Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) Nadia Gamha a appelé les banques de la place, « à se réinventer », indiquant que le but est de faire émerger des « banques de demain, à la fois résilientes, socialement responsables et innovantes. La banque de demain devrait, aussi selon elle , être consciente de sa responsabilité sociétale ». Celle à travers laquelle la BCT été classée 2ème mondiale en parité du genre (ar) estime que la banque en Tunisie est appelée à « jouer pleinement son rôle de banque citoyenne et de proximité, en soutenant fortement les initiatives nationales d’inclusion financière et de decashing ».

Au passage aussi, façon de dire, « la croissance du crédit à la consommation est préoccupante, et la dette des ménages pourrait devenir source d’instabilité. Près de la moitié des ménages contractent un prêt pour couvrir leurs besoins essentiels (43 %), et la proportion est encore plus importante chez les ménages à faible revenu », souligne l’OCDE.

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