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La nouvelle diplomatie, du boycott et de la surenchère

D’aucuns diraient qu’on deviendrait presque comme ces chroniqueurs qui savent tout et parlent de tout. Il se trouve, pourtant, que dans ce monde globalisé, la diplomatie se mêle de tout et impacte tout. Et pour des pays comme la Tunisie où le président est chef de tout l’Etat, nous estimons qu’elle devrait plutôt se focaliser sur l’économie et les investissements, en prenant soin de ménager la chèvre et le chou !

Dès la nomination de Nabil Ammar à la tête de la diplomatie tunisienne, il était visible que le chef de tout l’Etat tunisien voulait faire une autre diplomatie, la sienne propre imprimée de ses convictions personnelles et de son vécu d’étudiant soixante-huitard. Le tout, selon nous, dans un diptyque qui manie le snobisme et la surenchère.

  • Snober tout le monde, sans penser aux conséquences

Kais Saïed commence par snober les partis politiques et les exclure de la vie politique, avec une nouvelle constitution et un nouveau code électoral. Il snobe les syndicats et les réduit au silence, ce qui n’est pas en soi une mauvaise chose, pour l’instant.

Il snobe les hommes d’affaires, et laisse mettre au point une liste de 1.500 fichés S, tout en se défendant de les soumettre à cabale. Il snobe la presse, locale surtout, et étrangère aussi, en ne parlant que dans son propre micro-cravate, et en ordonnant aux ministres de son gouvernement de ne lui parler que de ce qu’il ordonne qu’on en parle.

Il snobe le FMI, et on pourrait croire qu’il snoberait même la BM si elle n’était représentée par un Tunisien. Comme un 68-huitard, il rêve de refaire le monde des finances et l’ordre économique mondial établi depuis des siècles, sans les moyens pour le faire que la bonne parole qui ne rapporte que des applaudissements de circonstance.

Il snobe l’Europe qui est le 1er partenaire, à l’import comme à l’export de l’économie de son pays exsangue de finances, et refuse l’invitation de Bruxelles de rejoindre le Global Gateway Forum, après l’avoir giflée en lui renvoyant ses 60 M€.

Il a snobé le Russe Poutine en prenant position contre lui dans la guerre en Ukraine, ce pays dont le FMI finance la guerre à coup de milliards et lui refuse un petit crédit de moins de 2 milliards. Il snobe les USA en leur disant « est-ce que  nous critiquons votre politique intérieure pour que vous fassiez la même chose chez nous » ?

Il snobe le monde arabe en refusant de se rendre à la dernière réunion de la Ligue arabe, et en prenant des positions sur la guerre à Gaza, que Mahmoud Abbès lui-même n’avait pas prises et avait même assuré qu’Israël est « un voisin avec qui nous voulons vivre en paix ».

Il snobe tellement l’Afrique jusqu’à se faire accuser injustement de racisme, alors qu’il prêchait une solution, plus globale et à la racine du mal qu’aucun pays européen n’acceptera. Et on ne sait pas si le chef de tout l’Etat tunisien a tenu compte des répercussions de tout cela sur son pays !

  • La surenchère dans des Causes, où les 1ers concernés ont changé de position

Il ne fait aucun doute qu’Israël est le colonisateur de la Palestine, imposée depuis 1948 comme « Homeland » pour les juifs de tous pays, par l’Occident et à sa tête l’Angleterre. Il ne fait aucun doute que ce que fait l’Etat sioniste d’Israël dans les territoires occupés n’est pas loin de la Shoa qu’avaient fait subir les Nazis et certains gouvernement collaborateurs de l’Allemagne aux Juifs de toute l’Europe. Comme il ne fait aucun doute qu’Israël refait presque aux Palestiniens ce que Hitler leur avaient fait subir.

Laisser faire dans le silence, et condamner la résistance à l’occupant, qu’elle soit d’obédience religieuse ou laïque, c’est essayer d’enterrer définitivement un Etat en place bien avant 1948 avec son passeport et sa monnaie propres. Un Etat dont l’occupation avait été reconnue comme tel par l’ONU qui demandait en décembre 2022 à la Cour internationale de justice de déterminer « les conséquences juridiques de l’occupation israélienne de territoires palestiniens ».

Et c’est aussi essayer de réduire l’existence de sa population à celle des Indiens d’Amérique, parqués dans jusqu’à maintenant dans des réserves par l’occupant américain des terres des Indiens d’Amérique, en espérant que les Palestiniens accepteront leur sort comme les Indiens d’Amérique.

La position tunisienne sur la question a toujours été dite en étroit lien avec celle de l’autorité palestinienne, quelle qu’elle soit.

Les temps changent, en Palestine aussi. Mardi 24 octobre 2023 à Ramallah devant Emanuel Macron, le président palestinien affirmait que « nous reconnaissons Israël, qui existe depuis 40 ans ». Il est certes entre le marteau et l’enclume. Mais c’est la position palestinienne, et c’est ce qu’ils veulent. Faudrait-il alors le traiter de « normalisateur » et renvoyer son ambassadeur ?

  • Une Tunisie, touchée dans sa chair et qui n’oublie pas

La Tunisie n’a pas besoin de tant de gesticulations, qui a déjà payé le tribut du sang pour la Cause, lorsque la ville de Hammam-Chatt avait été bombardée par Israël dans le cadre de l’opération « Jambe de bois » le 1er octobre 1985, et sa souveraineté fut violée par Israël pendant l’opération d’assassinat d’Abou Jihad pour décapiter l’Intifadha le 16 avril 1988 à 2 heures du matin à Sidi Bou-Saïd, et on disait alors que le Mossad avait pour cela bénéficié de l’aide américaine.

La Tunisie avait alors porté plainte devant le Conseil de sécurité. Après trois jours de débat, pendant lesquels USA et UK menaçaient de véto, le Conseil concluait qu’il n’y avait pas assez de preuves pour condamner Israël. Et c’est pour cela que la Tunisie soutiendra tout ce qui ressemble à de la résistance, et manifeste dans les rues et devant les ambassades. Traiter la résistance de terroriste, c’est oublier que l’Europe aussi ne devait sa libération qu’à la résistance, et que personne ne peut traiter des gens comme De Gaulle de chef de bande terroriste.

La Tunisie, qui n’a pas oublié le sang versé des siens, a toujours soutenu la Cause palestinienne et ses résistants, dans toutes les conditions et sans condition. Mais elle n’avait jamais surenchéri sur la position officielle des premiers responsables de l’Etat palestinien. Et le dernier Boycott en date, a été l’abstention tunisienne de voter sur une résolution de l’ONU, acceptée par la Palestine et Hamas, et refusée par la Tunisie qui voulait une résolution qui condamne Israël.

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4 Commentaires

  1. Vous avez omis de citer que les états unies d Amérique n a pas utiliser le.veto contre la condamnation d israel pour la première fois…

  2. c’est bien de s’opposer aux grandes puissances de ce monde mais à condition d’avoir la puissance et un niveau d’économie , de social et de finances exceptionnel afin de s’en passer de leurs aides leurs investissements et leurs crédits dont le pays a un besoin urgent surtout depuis 2012. la Tunisie n’est pas un pays du moyen orient ou voisin d’Israël comme l’Égypte la Jordanie qui ont normalisé leurs relations avec Israel depuis les années 86 et les pays du golfe et le Maroc depuis 3 ans selon les accords d’ Abraham notre pays a subi les affres et les interventions militaires de l’État d’Israël qu’on n’a rien obtenu des puissances occidentales et de du conseil de sécurité de l’ONU notre seul tort d’accepter l’OLP après leur départ forcé du Liban sur notre territoire ce que aucun pays arabe du moyen orient et du Maghreb a accepté de les héberger actuellement le monde occidental avec Israel et approuve les massacres du peuple gazaoui sous prétexte de punir Hamas et le déloger de son territoire mais en réalité l’armée israélienne tue des milliers de civils gazaouis enfants , femmes et citoyens paisibles sans discernement avec destruction massive des infrastructures des maisons et imposent un embargo total des médicament , de l’eau source de la vie , de l’électricité et du gaz et des produits alimentaires c’est un génocide du peuple gazaoui au vu et au su du monde entier .

  3. Tout en partageant la majorité des griefs portés à Kaïs Saïed dans cet article, son populisme, son amateurisme et sa mauvaise foi, je rappelle que les réunions de la ligue arabe concernent les ministres des affaires étrangères et non les chefs d’État. Donc, on ne peut affirmer qu’il les a snobées. S’il s’agit du mini sommet au caire consacré aux événements, Saïed ne s’y était pas rendu parce qu’il n’y a pas été invité tout simplement.
    Quant à la position de la Tunisie vis-à-vis de la cause palestinienne, il n’est pas dit qu’elle doive correspondre en tout à l’attitude de l »OLP. Faut-il rappeler à l’auteur de cet article que la représentativité de l’OLP et de Abbas est largement contestée au sein de la population palestinienne? Qu’il y a des années qu’aucune élection n’a été organisée pour renouveler la direction de L’OLP et les représentants du peuple palestinien? Qu’à la dernière élection c’est le Hamas qui est sorti vainqueur?
    À force de vouloir nous en mettre plein la vue, on en fait trop, et on perd en crédibilité.

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