« Ces états financiers font ressortir un total bilan de 5,739 MDT et des capitaux propres négatifs de 5,367 MDT, y compris le résultat déficitaire de la période du 1er semestre 2022, s’élevant à 0,192 MDT ».
Cette remarque de ses commissaires aux comptes dans leur rapport sur le bilan de la société « Aetech » qui est à 67,77 % propriété de Zoubeir Chaieb, introduite en avril 2013 par voie d’OPS sur la bourse de Tunis, résume la situation difficile dans laquelle se trouve son entreprise. Une situation où, si elle restait petitement bénéficiaire à l’exploitation, finissait presque toujours déficitaire, car ne parvenant toujours pas à maîtriser ses charges, presque toujours supérieurs à ses revenus.
– Déficitaire, dès sa 1ère année en bourse
Fin 2021, Aetech de cet ancien manager d’Alcatel, comptait 7,9 MDT en produits d’exploitation, 7,7 MDT en charges et finissait déficitaire de 0,364 MDT. Fin 2020, elle parvenait à dégager 0,290 MDT de bénéfices malgré un résultat d’exploitation déficitaire et grâce aux 927 mille DT en « autres gains ordinaires », après un exercice 2019 déficitaire tant en exploitation qu’en net.
Les exercices 2018 et 2017 ne seront pas différents (déficitaires), tout comme ceux de 2016 et 2015 où le déficit culminait à 1,217 MDT. Un déficit qui poursuivait l’entreprise et marquait son bilan depuis 2013, l’année de son introduction en bourse (-0,984 MDT) et l’année d’après (2014 un RN de -1,542 MDT). Et ce n’est pas la « STB Sicar », filiale d’une banque publique et membre du CA de l’entreprise des Chaieb, qui doit être contente !

Et ce sont les commissaires aux comptes qui complètent le tableau, en remarquant d’abord que « les passifs de la société excèdent de plus de 5,367 MDT le total des actifs, « une situation qui indique l’existence d’une incertitude significative, susceptible de jeter un doute sur la capacité de la société Aetech de poursuivre son exploitation ».
Et malgré tous les chiffres, le 10 mai 2022, le CA de la société en fait fi et décide de continuer l’exploitation de l’entreprise qui n’a presque jamais distribué de dividende, au moyen d’un plan de restructuration financière. Ce dernier comporte un apport en capital à la nouvelle filiale « Advanced e-Services » du fonds de commerce, et d’une augmentation de capital, en numéraire, de 7,781 MDT, « qui permettra de résorber une grande partie des pertes, et éviter que les capitaix propres soient inférieurs à la moitié du capital social » qui est de 2,233 MDT inchangé depuis 2016.
Notons, en parlant dudit plan de restrcturation proposé par le management d’Aetech, que cette dernière a participé dans la création de la société Advanced e-services à hauteur de 99,99% pour une valeur de 9.999 DT en 2021. « La société Advanced e-services n’est pas encore entrée en activité à la date du 30 juin 2022 et n’a pas effectué d’opérations significative en 2021 et au 1er semestre 2022 ».
– « Tout va très bien Madame la Marquise », comme disait la chanson
Autrement, « les concours bancaires et autres passifs financiers s’élèvent au 30 juin 2022 à 4 295 021 contre DT, contre 3.338.428 DT à la clôture de l’exercice précédent ». Les commissaires aux comptes évoquent aussi un « rééchelonnement BNA de 620 971 DT au 30.6.22 », mais aussi des « échéanciers fiscaux correspondant aux déclarations mensuelles constatées au niveau de la recette des finances qui ont fait l’objet des échéanciers (en cours de liquidation), un « contrôle fiscale à la suite de la demande de restitution de trop perçu d’impôt (en cours de liquidation) », et des « dettes sur échéanciers avec la CNSS. Des déclarations trimestrielles de CNSS constatées et qui ont fait l’objet des échéanciers (en cours de liquidation) ». Et in fine, au 30 juin 2022, la trésorerie totalisait un solde négatif de 1, 569.838 MDT, contre un solde négatif de 1, 445.320 MDT au 30 juin 2021.
Sur la cote de la BVMT, où elle avait été introduite à 6 DT, elle est désormais cotée à 0,83 DT selon Mac Sa.

Sinon, et côté salaires des dirigeants de cette entreprise déficitaire, cotée en bourse à Tunis, « les membres du conseil d’administration sont rémunérés à raison de trois mille (3000) Dinars Tunisiens en Net. Le Conseil d’Administration a décidé d’attribuer au Directeur Général (Z. Chaieb PDG) un salaire mensuel brut de 12 500 Dinars à compter du mois de janvier 2021. En plus de son salaire, le Directeur Général a droit à une prime d’intéressement annuelle variable calculée à raison de 10 % du résultat brut d’exploitation consolidé (positif de 127.999 DT à fin 2021).
Mai 2021 aussi, le CA de la société a décidé une rémunération annuelle nette de 100 000 dinars au profit du Président du Conseil d’Administration (Z. Chaieb) durant son présent mandat en tant que Président du Conseil. Ce montant s’élève en brut à 125 000. Le président du Conseil bénéficie, en outre, d’une voiture de fonction et de la prise en charge par la société de tous les frais et dépenses y afférents.
« Tout va très bien Madame la Marquise », chantait depuis 1935 le compositeur et arrangeur musical français Ray Ventura qui fredonnait aussi un certain « qu’est-ce qu’on attend pour être heureux » !