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L’ARP à Kooli : « Revoyez votre copie ». Que devrait-il faire ?

Beaucoup le lui avaient dit, à commencer par l’ancien ministre en charge des Grandes réformes Taoufik Rajhi dès le 26 octobre, le super-ministre tunisien de l’Economie Ali Kooli s’était pourtant entêté à présenter à la commission des finances de l’ARP son projet de budget complémentaire, qui sera par la suite rejeté par ladite commission.

« Revoyez votre copie » avaient dit les députés presque d’une seule voix, dont Ennahdha, le PDL et El Karama exceptionnellement réunis, au ministre des Finances. Pas convaincant devant les membres de ladite commission, avec son budget à crédit qui demandait à la BCT de le financer sans aucune certification qu’un tel modèle de relance de l’économie réussisse, Ali Kooli se fait froidement rabrouer par des experts (comptables) qui l’ont bien calculé. « On ne peut pas passer un budget, avec un trou de 10 Milliards DT, et qu’il veut entièrement combler par des emprunts intérieurs. Nous avions discuté avec la BCT et elle nous a indiqué, à juste titre, qu’elle en est incapable, que c’est inacceptable et elle a raison ». Qui plus est, le ministère des Finances compterait lever 10 Milliards DT en seulement deux mois.

  • « Recouvrez votre argent au lieu de tendre la main »

Le rapporteur de la commission des finances de l’ARP, Fayçal Derbel  a  précisé que « nous avons même demandé au ministère de ne pas se contenter d’un report de dette sur 2021, mais d’augmenter les ressources », a-t-il expliqué pour Africanmanager. Il a aussi indiqué que les membres de la commission n’avaient pas fait que refuser le projet du ministre Kooli et son cabinet, mais lui ont aussi fait des propositions qui l’aideraient à augmenter les ressources du budget, pour  diminuer le recours à l’endettement.

Il cite à ce sujet les 3,5 Milliards DT de taxation, recouvrables, mais qui traîneraient devant les tribunaux depuis de longues années. Derbel précise que cette dette concerne des banques, des sociétés pétrolières entre autres, et que le ministère pourrait facilement et vite récupérer, moyennant abandon des intérêts, dans une solution à l’amiable qui permettrait au moins de récupérer 80 % du principal de la dette.

Cette question de la dette fiscale recouvrable a été soulevée par l’expert Walid Ben Salah dans un récent Post sur sa page des réseaux sociaux, qui l’a estimée à 10,7 Milliards DT, sans compter les 2 milliards de dinars de dettes non encore réglées, 0,4 milliard de dinars de dettes soumises à suspension d’exécution et 3,1 milliards de dinars de créances recouvrables.

  • Baisser les dépenses qui représentent 76 % du budget

Mais, semblerait-il aussi, le ministère des Finances pourrait, s’il le voulait et moyennant un peu de volonté d’innovation, diminuer les dépenses de gestion. Pour 2020 en effet, les dépenses hors principal de la dette, représentaient 76 % du total du budget. Il y aurait pourtant moyen de diminuer ces dépenses, comme par exemple, d’annuler le coût des heures supplémentaires (l’Etat a servi des heures Sup même en temps de confinement) ou la prime de rendement, ou encore des bons de repas et autres privilèges pour les fonctionnaires de l’Etat, ce qui allègerait la masse des salaires et rémunérations.

Mais l’Etat a aussi le moyen de grappiller ailleurs, comme sur les énormes sommes d’argent saisies par la Douane, en Dinars et en devises, dans l’attente de jugements définitifs dans des affaires financières de contrebande et autres trafics. Le député Derbel nous indique encore que l’Etat a d’énormes créances douanières qu’il pourrait facilement et rapidement recouvrer, moyennant un effort de recouvrement ou de règlement judiciaire, des dettes estimées à 12 Milliards DT. Tout cela, pour dire que l’alternative au « tout BCT » existe.

  • Une solution « à la Daouas » ?

Notons pour conclure, que le retrait du budget complémentaire de l’exercice 2020, changera imparablement les chiffres du budget de 2021, si le gouvernement se décidait à changer sa stratégie de financement. Il reste que la BCT pourrait, désormais, nuancer sa position de refus du rachat des dettes bancaires pour financer le budget. On pourrait alors s’orienter vers un scénario, comme celui décrit par l’ancien gouverneur de la BCT, Mohamed Ali Daouas qui écrivait sur sa page fb, que « je suis contre le fait que la BCT livre un chèque en blanc à l’Etat. Il faut que l’enveloppe soit bien étudiée et qu’une échéance soit fixée pour son remboursement sachant qu’elle peut être la plus lointaine possible et comporter quelques années de grâce. Pour ce qui est de l’utilisation de son montant, elle doit être bien ficelée. Il est hors de question que cette enveloppe serve à financer des créations d’emplois fictifs (comme la création des sociétés d’environnement ou l’augmentation des effectifs de l’administration), ou des augmentations de salaires, particulièrement injustifiées, ou encore le déficit de la caisse de compensation ou des compensations politiques, etc. Cette enveloppe pourrait servir à assainir réellement des entreprises publiques et à les restructurer, ainsi qu’à aider des entreprises privées à se restructurer ou bien à se réinventer, etc. »

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