AccueilLa UNELe covid-19, catalyseur pour des réformes radicales du tourisme !

Le covid-19, catalyseur pour des réformes radicales du tourisme !

Sitôt remis d’un épisode léthargique de cinq douloureuses années, le secteur du tourisme en Tunisie s’est trouvé aux prises avec les retombées de la pandémie du coronavirus qui n’épargne, du reste, aucun pays du globe, singulièrement ceux à vocation touristique. Pis, ce désastre a débarqué alors que démarrent les préparatifs d’une saison touristique jugée encore plus prometteuse que celle de2019 qui a vu arriver dans le pays plus de 9 millions de visiteurs, à quelques petites encablures de la barre emblématique de 10 millions de touristes.

Autant dire que la saison 2020 s’est arrêtée avant même de commencer, dès lors que l’’Organisation mondiale du tourisme des Nations unies prévoit une baisse globale de 20 à 30 % des arrivées internationales par rapport à l’année dernière. Une situation problématique pour tout pays dont l’industrie touristique était auparavant florissante – pour certains, elle peut être complètement catastrophique. Les autorités touristiques du monde entier s’efforcent aujourd’hui de s’adapter à ce brusque retournement de situation. La Tunisie est dans cette configuration.

Une position peu enviable

Son ministre du Tourisme et de l’artisanat, Mohamed Ali Toumi, nommé à ce poste en février 2020 après d’éprouvants efforts pour former un gouvernement qui traînait en longueur depuis les élections d’octobre 2019, s’est retrouvé dans une position peu enviable lors de son entrée en fonction. « En Tunisie, à l’heure actuelle, la plupart des réservations ont été reportées. La survie de l’activité touristique au cours de cette année dépend de la durée de la crise », dit-il, cité par le site Airport Technology. « Le tourisme est un secteur transversal d’une importance vitale pour l’économie tunisienne. Son effet d’entraînement sur les autres secteurs reste considérable ».

Le tourisme représente, en effet, environ 14 % du PIB national et fournit près de 500 000 emplois directs et 1,5 million d’emplois indirects, selon le ministre. Les enjeux sont importants et l’effondrement du tourisme intervient à un moment où les vents contraires de l’économie ne soufflaient déjà pas sur la Tunisie. La taille de l’économie est passée de 47,6 milliards de dollars en 2014 à 39,9 milliards de dollars en 2018, selon la Banque mondiale. La croissance du PIB est passée de 2,5 % en 2018 à 1,6 % en 2019 et le pays est confronté à une forte inflation, à d’importants déficits budgétaires et à une lourde dette publique. Bien que les prévisions de croissance pour l’avenir avant le début de la période de transition aient été légèrement encourageantes, le gouvernement a réduit ses prévisions de croissance pour 2020 de 2,7 % à 1,0 %. Le taux de chômage tournait déjà autour de 16 % avant que les entreprises touristiques ne commencent à supprimer des emplois.

« Les répercussions économiques de la crise du Covid-19 se feront particulièrement sentir dans des pays comme la Tunisie, où la capacité de l’État à soutenir directement les entreprises est limitée. Des réponses politiques ciblées et rapides, formulées en coordination avec le secteur privé, seront importantes pour faire une différence tangible et opportune pour la communauté des affaires », déclare Raymond Asfour, PDG de Expectation State, la société britannique spécialisée dans la gouvernance et la prise de décision en matière d’investissement dans les États émergents.

« Le gouvernement a mobilisé le soutien international, y compris, mais pas seulement celui du FMI. Il devrait veiller à ce que ce soutien soit ciblé sur les secteurs et les domaines où il aura un impact significatif sur la reprise du pays », ajoute-t-il. Le 10 avril, le FMI a approuvé un financement d’urgence de 745 millions de dollars au titre de son instrument de financement rapide pour aider les autorités tunisiennes à faire face à la pandémie.

Mesures plus ambitieuses

Pour sa part, le gouvernement a annoncé une première série de mesures de soutien au tourisme, notamment des garanties pour des prêts à court terme destinés à couvrir les dépenses d’exploitation des entreprises touristiques. En outre, le paiement des impôts et des cotisations sociales a été différé de trois mois, les services d’eau, d’électricité et de téléphone sont protégés contre les coupures pendant deux mois et les dettes fiscales et douanières ont été rééchelonnées sur sept ans. Il existe également une possibilité de remboursement de la TVA dans un délai maximum d’un mois.

Des mesures plus ambitieuses seront nécessaires afin de sauvegarder le secteur à long terme, reconnaît Mohamed Ali Toumi. « [Nous devons] restructurer à la fois le secteur du tourisme et celui de l’artisanat afin de renforcer leur position mondiale », dit-il. Ces objectifs à long terme comprennent la rationalisation des procédures d’investissement, l’encouragement des partenariats publics-privés, la diversification de l’offre touristique tunisienne, le renforcement des compétences et des qualifications des personnels, et l’attraction d’un plus grand nombre d’hôtels internationaux.

« Nous suivons de très près cette pandémie afin de définir les orientations futures à prendre. Nous continuerons également à attirer les investissements directs étrangers. Le jour où le coronavirus se terminera, nous serons prêts à accueillir de nouveaux investissements », déclare le ministre, toujours cité par Airport Technology.

Asfour pense que la crise pourrait servir de catalyseur pour des réformes plus profondes de l’économie tunisienne et des améliorations de l’environnement des affaires, au bénéfice ultime de l’industrie du tourisme, et pas uniquement. « En réponse à la crise, le gouvernement a adopté des solutions numériques, notamment les autorisations et le traitement des demandes de soutien des PME. Il est tout aussi urgent de poursuivre les efforts de modernisation de l’administration et des services publics pour les investisseurs et le secteur privé national », dit-il. « Si ces mesures peuvent être adoptées en temps de crise, des mesures similaires peuvent certainement être adoptées lorsque les affaires continuent comme si de rien n’était, a-t-il estimé.

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