Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a encore sorti une autre perle dans cet exercice qu’il maitrise comme personne : Le double langage, ménager la chèvre et le chou, manger à tous les râteliers… Sans doute pour faire plaisir à l’UGTT et préparer l’opinion publique à ce que les islamistes ne manqueront pas d’exiger en cas de percée aux municipales, Ghannouchi a affirmé qu’exiger un changement de gouvernement n’était pas un « crime« . Alors qu’il disait il y a peu qu’il n’était pas question d’évoquer cette question avant les municipales !
«A l’ère de la démocratie, ce n’est pas un crime de changer le gouvernement« , a-t-il déclaré sur Mosaïque Fm dimanche 22 avril 2018. La veille, lors d’un déplacement à Kasserine, il avait dit que l’UGTT a le droit de protester. Deux cadeaux offerts à la centrale syndicale en 24 heures, ça fait beaucoup !
Mais le plus étrange, ce sont les arguments qu’il avance pour vendre le caractère sain du changement. « Depuis le déclenchement de la Révolution, 7 gouvernements se sont succédé à la tête du pays, ce qui est un point positif et signifie que la Tunisie est en phase de transition. Nous sommes, en fait, le seul et unique pays arabe qui change son gouvernement en agitant la main (l’alternance démocratique) et non pas en pointant des armes», a affirmé Ghannouchi. Ainsi il est l’un des rares, voire le seul, à défendre l’idée selon laquelle ces changements intempestifs de l’exécutif sont un signe de bonne santé démocratique. Qu’il aille convaincre les agences de notation qui justement ont fait de l’instabilité politique une des tares de la Tunisie et un des motifs de la dégradation de sa note souveraine…