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Les universitaires devront passer combien de nuits chez Khalbous pour le voir ?

Depuis bientôt une semaine – ils ont commencé le vendredi 11 janvier 2019 -, un groupe d’enseignants universitaires a installé ses quartiers au ministère de l’Enseignement supérieur. C’est le tout premier sit-in de ce genre dans l’histoire de ces cadres qui se faisaient plutôt discrets dans leurs revendications, privilégiant le dialogue qui sied plus à leur statut d’intellectuels. Cette façon de faire, loin des coups d’éclat des enseignants du primaire et du secondaire, explique sans doute que leurs dossiers aient longtemps séjourné dans les tiroirs des ministres qui se sont succédé ces dernières années. Les universitaires viennent de siffler la fin de la diplomatie feutrée et stérile, place aux méthodes un peu plus musclées pour se faire entendre, toutes proportions gardées évidemment.

Une quinzaine d’enseignants chercheurs campent en ce moment même dans les locaux du ministère, et y dorment, dans un confort spartiate, agrémenté par des repas et collations que rapportent les collègues. Dans la journée ils sont une cinquantaine à se relayer. Bon, on vient de loin quand même car au départ les agents du ministère avaient reçu pour instruction de leur barrer l’accès et de les confiner dans la courette, avec le froid de canard qu’il fait dehors. Heureusement que les responsables du Département sont revenus à de meilleurs sentiments, et leur ont ouvert une salle, un minimum pour accueillir l’élite de ce pays, tout de même ! Mais l’essentiel est ailleurs, il est dans ce combat inédit face à des autorités qui sont parvenues jusqu’ici à mettre le couvert sur les doléances des universitaires, sans trop de dégâts. Eh oui, puisqu’ils ne bloquaient pas les examens et ne retenaient pas en otage leurs étudiants, cela pouvait encore se gérer. Les choses viennent de changer.

Un combat plus légitime que les autres ?

Des personnalités, hommes de culture, artistes, responsables et les collègues de l’INP (Institut National du Patrimoine) défilent pour apporter leur soutien aux sit-inneurs. Mais pas de trace du ministre de l’Enseignement supérieur, Slim Khalbous. Ce dernier, un collègue des protestataires, faut-il le rappeler, est aux abonnés absents pour de bonnes raisons (des ennuis de santé, dit-on). Alors Houcine Boujarra et la compagnie se montrent cléments, patients, mais n’en attendent pas moins de pied ferme leur ministre. Ce dernier a tenté de déminer le terrain en proposant d’envoyer son staff pour négocier avec les enseignants. Refus catégorique de la part des sit-inneurs, qui savent que de toute façon à part parlementer et soigner, un peu, le moral des plaignants, rien de consistant n’en sortirait. Khalbous a proposé une brève rencontre, d’une demi-heure, pour mettre sur la table quelques gros dossiers. Là aussi fin de non recevoir. Ce sera une discussion digne de ce nom ou rien.

Le syndicat de l’enseignement secondaire a apporté son appui au mouvement des universitaires, et a même dépêché des émissaires sur place. Il s’agit aussi pour Lassaad Yacoubi et sa bande, très impopulaires auprès de l’opinion publique à cause de leurs méthodes radicales, de s’afficher avec des universitaires qui ont plutôt bonne presse et réputés plus raisonnables. Donc il ne faut pas s’y tromper : Les exigences des universitaires ne sont pas les mêmes que celles des profs du secondaire. Certes les universitaires ont aussi des doléances d’ordre financier – qui n’en a pas avec cette inflation galopante ? -, mais ils ont aussi des demandes liées à leur statut, aux grades, aux conditions dans lesquelles ils font de la recherche, au sort de l’université tunisienne qui descend dans les bas fonds dans les classements internationaux, aux réformes indispensables pour réveiller l’enseignement supérieur, etc. A ce qu’on sache, les profs du secondaire se braquent surtout à cause des primes et du refus des autorités de leur accorder la retraite à 55 ans. Bien entendu ils enrobent cela avec des exigences de réformes, mais personne n’est dupe…

S.L.

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