La Libye inquiète de nouveau la communauté internationale, et pas peu. En effet l’homme fort de l’Est, l’impétueux et imprévisible maréchal Khalifa Haftar, ne veut plus se contenter de contrôler cette partie du pays, il veut maintenant carrément mettre la main sur la capitale, Tripoli. Il a ordonné à l’«armée nationale libyenne» de mettre le cap sur le bastion du gouvernement dit d’«union nationale», reconnu par la communauté internationale mais plus faible que jamais, défendu par une armée démotivée et sous-équipée par rapport à Haftar, dans une capitale où les milices font la loi.
Il se dit, par Le Figaro, que les troupes du maréchal sont à quelques encablures de Tripoli. L’ONU craint des affrontements sanglants, qui vont couler un peu plus un pays déchiré par des conflits armés depuis 2011. Londres a demandé au Conseil de sécurité de tenir une réunion à huis clos ce vendredi 5 avril, alors que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est justement en ce moment même à Tripoli…
D’après Emad Badi, la décision du maréchal Haftar de marcher sur la capitale est plus un coup politique qu’une réelle volonté de prendre Tripoli. Selon cela lui permettra de «valoriser sa position au niveau des négociations, si la conférence de Ghadamès se tient», rapporte l’AFP. Toutefois il a confié qu’il y a une «coordination accrue» entre les groupes armés de l’Ouest libyen, qui «considèrent toutes qu’Haftar est une menace commune». «Le risque d’embrasement est accru», affirme Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut Clingendael de La Haye. «Prendre Tripoli n’est assurément pas une tâche facile, mais cela reste une possibilité» pour Haftar, adoubé par ses puissants soutiens du Golfe, comprenons les Émirats arabes unis et l’influente Arabie saoudite, où d’ailleurs il s’est rendu fin mars et y a rencontré le roi Salmane en personne; mais il y a également l’appui de l’Égypte. Le maréchal est donc loin d’être isolé…
