AccueilAfriqueMali : la paix et la sécurité restent des voeux pieux

Mali : la paix et la sécurité restent des voeux pieux

La Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix a indiqué ce matin, devant le Conseil de sécurité, que les avancées soulignées dans le rapport* du Secrétaire général sur la situation au Mali portent sur des questions centrales au processus de paix.  Elle a souligné le rôle politique essentiel de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), avant d’avertir que la situation sécuritaire à Gao et à Mopti, dans la région du centre, risque d’entraver la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. La Ministre malienne des affaires étrangères a pourtant témoigné de la détermination des parties signataires à œuvrer pour l’application de cet Accord.

De retour d’une visite effectuée le mois dernier dans le pays, Mme Bintou Keita a tout d’abord salué la dynamique constructive qui domine les relations entre les parties, et l’accent mis, depuis la tenue de l’élection présidentielle l’été dernier, sur la mise en œuvre de l’Accord, moyennant notamment la création, en septembre, d’un ministère de la cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale, qui a pour vocation de coordonner l’action menée par le Gouvernement en vue d’appliquer l’Accord.

« Le Gouvernement et les mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali constituent désormais une seule partie malienne, qui parle d’une seule voix, déterminée à faire la paix après six ans de crise institutionnelle », a d’ailleurs déclaré la Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, Mme Kamissa Camara, invitée à participer à cette séance d’information.

« Priorité des priorités », selon la France, la nécessité de la pleine mise en œuvre de l’Accord n’a cessé d’être soulignée par les membres du Conseil de sécurité, d’autant plus à l’approche de l’expiration, en mars, du délai de six mois édicté par la résolution 2423 (2016) pour mettre en œuvre les mesures prioritaires prévues par le texte.  La Fédération de Russie a en outre estimé que si des mesures supplémentaires sont prises avant cette date butoir, notamment en matière de désarmement-démobilisation-réintégration (DDR) et d’administration du territoire, les élections législatives reportées à l’été 2019 pourront se dérouler dans des conditions propices.

De nombreux membres, dont l’Allemagne, ont d’ailleurs salué les progrès réalisés en termes de DDR.  La création d’administrations intérimaires au niveau des districts ainsi que l’établissement du nouveau ministère ont également été cités par les délégations.  Le Royaume-Uni a cependant constaté que de nombreux administrateurs tardent encore à rejoindre leur zone de fonction, notant aussi une certaine impatience quand les étapes de mise en œuvre de l’Accord sont manquées.

Mais pour la France, le cœur de la réponse à la crise actuelle, c’est le redéploiement de la présence et de l’autorité de l’État dans le centre du Mali.  La délégation française a donc jugé crucial que la communauté internationale apporte tout le soutien nécessaire au Gouvernement malien dans sa stratégie de reconquête de cette partie du pays.  Elle a suggéré, pour les prochaines semaines, d’entamer une réflexion sur la bonne adéquation entre les moyens dont dispose la MINUSMA, son mandat et les besoins qui existent dans la région du centre.

Le renforcement de la présence de l’État dans l’ensemble du territoire passe par des capacités renforcées en matière de sécurité, comme l’ont fait remarquer notamment la Chine et le Pérou.  Pour la Côte d’Ivoire, « cette situation appelle de la part du Conseil de sécurité des mesures urgentes en vue du redéploiement des institutions policières et judiciaires, devant permettre à l’État malien d’assurer pleinement ses fonctions régaliennes ».

La Ministre malienne a affirmé que des mesures « immédiates et énergiques » avaient été prises pour mettre un terme aux affrontements intercommunautaires dans le centre du pays, citant par exemple le déploiement, en 2018, de 13 000 hommes, « dont la moitié dans le centre du pays », et la création de 16 nouveaux postes de sécurité.  Le Gouvernement s’attèle aussi à mieux encadrer les parcours pastoraux pour minimiser les risques de tensions entre éleveurs et agriculteurs, a-t-elle ajouté.

« Cependant, nous sommes conscients que les mesures sécuritaires ne suffiront pas, notamment dans un contexte où les groupes terroristes travaillent sans relâche pour détruire la cohésion sociale et affaiblir l’État », a-t-elle indiqué, avant de parler de l’intention du Gouvernement de bâtir un consensus national pour arriver à des solutions partagées par l’ensemble de la nation malienne.  La Ministre a en outre jugé essentiel de poursuivre les efforts de développement afin d’améliorer les conditions de vie des populations.

À l’instar de la Fédération de Russie, qui remarquait que le « facteur libyen » continuait d’exacerber la situation au Mali, plusieurs membres du Conseil ont souligné que la paix et la stabilité du pays ne pourront être assurées qu’en renforçant la coopération entre l’ensemble des pays de la région, notamment en matière de lutte contre le terrorisme.  L’Afrique du Sud a pour sa part suggéré la création à l’ONU d’un bureau d’appui à la Force conjointe du G5 Sahel.

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