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Mali : Un pays à la dérive, un accord de paix en panne

Une « visite dense » selon les mots de l’Ambassadeur de France à l’ONU, François Delattre, dont le pays préside le Conseil de sécurité en mars, et qui a coorganisé avec l’Allemagne et la Côte d’Ivoire une visite des 15 membres de l’organe onusien au Sahel.

En 48 heures, la délégation du Conseil a tenu à rencontrer l’ensemble des acteurs maliens. Dès son arrivée à Bamako vendredi, la délégation a été reçue par le Président malien, Ibrahim Boubakar Keïta.

Samedi, les membres du Conseil ont rencontré le Premier Ministre malien, Soumeylou B. Maïga, et les membres de son cabinet avec qui ils ont discuté des efforts du gouvernement dans la mise en œuvre de l’accord de paix et le règlement de la situation dans le centre du Mali où une attaque contre un village peul a fait plus de 100 morts le matin même.

La délégation du Conseil s’est entretenue avec des responsables de l’opposition et des membres de la société civile, notamment avec des représentantes des associations de femmes.

Le Conseil a également eu une réunion avec le Comité de suivi de l’accord de paix (CSA), et échangé avec les représentants des parties signataires de l’accord ainsi que les membres de la médiation internationale.

« L’objectif de la visite était de faire le point sur l’état de mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation au Mali et notamment des mesures prioritaires telles qu’identifiées dans le dernier mandat de la MINUSMA », a déclaré l’Ambassadeur Delattre lors d’une conférence de presse organisée à Bamako à l’issue de la visite du Conseil au Mali.

Une visite cruciale à quelques jours d’une réunion ministérielle du Conseil de sécurité le 29 mars qui sera « l’occasion de prendre des orientations et décisions importantes sur l’avenir de l’engagement et de l’accompagnement international du processus de paix malien et sur le futur de la MINUSMA », a dit le diplomate français.

« Le Mali est confronté à des défis extraordinaires. Face à ces défis, les réponses militaires ne suffisent pas », a pour sa part rappelé Christoph Heugsen, l’Ambassadeur d’Allemagne à l’ONU. Le diplomate allemand dont le pays présidera le Conseil de sécurité en avril, a souligné que la réconciliation et un nouveau « contrat social » avec la population malienne sont essentiels pour la réussite de la paix.
Accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix

Au Mali, le Conseil de sécurité est venu avec « un message central : la nécessité et l’importance de donner un nouvel élan à la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation et d’accélérer les différents relais de cette mise en œuvre », a souligné l’Ambassadeur Delattre.

Tenue des élections présidentielles dans des conditions pacifiques, poursuite du processus de décentralisation, lancement d’un processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des combattants, adoption d’un décret sur les critères d’intégration. Le Conseil de sécurité a salué les progrès importants réalisés depuis le renouvellement du mandat de la MINUSMA en juin dernier.

« Ces premières avancées résultent de l’engagement renouvelé des parties maliennes en faveur de la mise en œuvre de l’accord de paix au lendemain de la signature du pacte pour la paix, de la mobilisation quotidienne des différents acteurs à commencer par le Premier Ministre mais aussi de tous les autres acteurs concernés », s’est félicité le représentant français.

Quatre ans après la signature des accords d’Alger, la visite du Conseil de sécurité au Mali fut également l’occasion pour ses membres de « marquer ses attentes fortes ».

« Le Conseil a clairement exprimé lors de nos différentes réunions qu’il ne concevait la poursuite de l’engagement exceptionnel de la communauté internationale dont bénéfice le Mali que dans le cadre d’une réelle dynamique de la mise en œuvre de l’accord de paix », a dit l’Ambassadeur Delattre.

« De ce point de vue, nous avons regretté aux cours de nos échanges que plusieurs des mesures prioritaires identifiées par la résolution 2423 n’aient pu être mises en œuvre avant l’échéance de mars », a-t-il ajouté, citant notamment la necesssite d’intégrer effectivement des milliers de combattants au sein des Forces armées maliennes (FAMAs) et d’opérationnaliser les autorités intérimaires.
Prioriser la mise en œuvre des principales dispositions de l’accord de paix

« Il existe à nos yeux un besoin de priorisation de la mise en œuvre des principales dispositions de l’accord », a dit le diplomate français. Les principaux points sur lesquels des avancées sont attendues de manière urgente sont le processus de révision constitutionnelle et la définition d’un plan global assorti d’une échéance précise pour le redéploiement des FAMAs reconstituées au nord du Mali, a dit l’Ambassadeur Delattre.

S’il a salué « un début de dynamique positive », le Conseil de sécurité a précisé que cette dernière doit « s’inscrire dans la durée et aborder les questions de fond » que sont la décentralisation, la mise en place d’une armée reconstituée et le développement du nord du pays.

Ayant constaté au cours de toutes les réunions, la « forte volonté commune », du gouvernement comme des groupes, d’avancer très rapidement dans la mise en œuvre des mesures de l’accord de paix, le Conseil de sécurité a proposé la présentation d’une « nouvelle feuille de route réaliste, contraignante et centrée sur un nombre de priorités limitées pour nous permettre d’aller de l’avant ».

M. Delattre a salué en la MINUSMA un « élément clé » du dispositif international au Mali qui est complémentaire des forces déployées par les Etats de la région dans le cadre de la Force conjointe du G5 Sahel et – s’exprimant au nom de son propre pays – de celles déployées dans le cadre de l’opération française Barkhane.

La MINUSMA – une mission de paix indispensable mais qui a payé un lourd tribut humain. Depuis sa création en 2013, 195 membres du personnel de l’opération onusienne ont été tués au Mali.

Lors d’une visite au quartier général de la MINUSMA à Bamako, la délégation du Conseil de sécurité a rendu hommage samedi aux Casques bleus morts dans leur mission au Mali.

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