AccueilLa UNEMarzouki, un président commis voyageur à tout-va

Marzouki, un président commis voyageur à tout-va

Au rebours de son prédécesseur, le président déchu Ben Ali, casanier de nature, mais surtout habité par la peur d’être déboulonné, un jour à l’aube par de probables conspirateurs, l’actuel président de la République de Tunisie, Mohamed Moncef Marzouki, aime voyager. Depuis qu’il est le locataire du palais de Carthage, on n’a de cesse de le voir sillonner la planète. Certes, il est dans les prérogatives et même dans les obligations d’un chef de l’Etat d’aller porter ailleurs les messages de son pays, de le faire connaître et surtout de lui ramener des investissements, mais, il doit paraître pathologique qu’un président fasse métier de « grand voyageur international.»

C’est que les « dividendes » engrangés par l’économie tunisienne au travers des virées cosmiques de son président, sont du moins nuls sinon dérisoires, et on a rarement vu un pays par lui visité annoncer quoi que ce soit de bénéfique pour l’économie tunisienne et encore plus rarement un mégaprojet qui fournisse de l’emploi aux centaines de milliers de chômeurs, et singulièrement aux diplômés d’entre eux.

On peut aisément comprendre les affres de l’oisiveté sous laquelle ploie Marzouki pour cause d’indigence de pouvoirs et de mise en quarantaine politique et décisionnelle dans laquelle le confinent les chefs de gouvernement successifs, mais on bien du mal à admettre qu’un président la République, si provisoire soit-il, s’autorise à saisir au vol la moindre opportunité de prendre l’air sous d’autres latitudes , sauf s’il s’agit de pays africains, comme ce fut le cas pour le 50ème anniversaire de l’Organisation de l’Unité Africaine, à Addis Abéba, dont la Tunisie est membre fondateur. En snobant de la sorte ses pairs africains, Marzouki s’est rendu, du reste, coupable d’un impair qu’il sera difficile de pardonner.

Des voyages inutiles, certes, mais pas seulement, car, là où le bât blesse, c’est le coût induit en termes de dépenses publiques. Des dizaines de milliers de dinars par voyage, si l’on retient comme ordre de grandeur la visite que le président tunisien a effectuée, en septembre dernier, à New York, à l’occasion de l’assemblée générale de l’ONU, et qui a coûté au contribuable tunisien pas moins de 200.000 dinars. A ce prix-là, les déplacements de notre président sont une ruine pour le budget de l’Etat et du sien propre qui s’élève à environ 80 millions de dinars. On comprend, dès lors, pourquoi la présidence de la République avait défendu bec et ongles les crédits quelle avait proposés, lors de l’élaboration du budget de l’Etat pour 2013, pour finalement concéder un petit rabotage de quelques millions de dinars, des miettes en somme.

Des sommes colossales pour un pays qui , au sortir d’une révolution, peine à se redresser, qui s’endette à tout-va, qui trouve des difficultés à payer ses fonctionnaires , à trouver de l’emploi à ses chômeurs, qui s’épuise à rechercher des investissements pour financer ses infrastructures, un pays où le pouvoir d’achat est continuellement miné par l’inflation, où de très nombreux citoyens végètent alors que d’autres ne mangent pas à leur faim, bref un pays où chaque millier de dinars a son pesant d’or, encore plus s’il s’agit d’Euros ou de dollars, devises dans lesquelles sont libellés les frais de mission du président et de tout le ban et l’arrière-ban qui l’accompagne.

Toutes ces sommes sont comme jetées par la fenêtre, dès lors qu’elles ne rapportent quasiment rien pour la croissance du pays et le bien-être de ses citoyens. Les temps sont-ils venus pour que le président de la République provisoire entende raison et s’attelle aux tâches qui sont les siennes même si elles n’ont pas l’air d’être décisives ? Est-il sensé de se rendre au Japon pour assister à une réunion qui pour objectif d’ « œuvrer à promouvoir le dialogue sur les défis de l’Afrique entre les dirigeants africains et leurs partenaires », alors que de titanesques chantiers de développement attendent d’être financés et ont besoin d’investisseurs surtout étrangers ?

En tout cas, cette façon de diriger le char de l’Etat a tout pour apporter de l’eau au moulin des initiateurs de la motion de destitution déposée à l’encontre du président de la République et qui sera examinée , dans les tout prochains jours, en séance plénière à l’assemblée nationale constituante.

Mohamed Lahmar

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