AccueilMondeMontée inquiétante de la tension au Moyen-Orient, et les diplomates en rajoutent

Montée inquiétante de la tension au Moyen-Orient, et les diplomates en rajoutent

Lors d’un débat du Conseil de sécurité sur les menaces à la paix et à la sécurité au Moyen-Orient, l’évolution récente de la situation dans le Golfe persique, sur fond de délitement de l’accord sur le nucléaire iranien, a cristallisé les échanges d’une trentaine de délégations, la Fédération de Russie allant jusqu’à appeler les États-Unis et la République islamique d’Iran à la retenue et à un règlement diplomatique de leur différend.

Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, Chef de cabinet du Secrétaire général, a réaffirmé que le Plan d’action global commun « reste le seul cadre reconnu au niveau international pour traiter la question du programme nucléaire iranien », et ce, bien que les États-Unis se soient retirés de cet accord en 2018.  Les désaccords profonds quant au programme nucléaire iranien ne font qu’exacerber les différends dans le Golfe, a-t-elle reconnu, déplorant la série d’incidents survenus ces dernières semaines dans le détroit d’Ormuz et les voies maritimes adjacentes.

Le Secrétaire d’État des États-Unis, M. Michael Pompeo, s’est du reste inquiété des difficultés de garantir la sécurité dans ce détroit, fustigeant au passage le rôle de l’Iran qui, selon lui, « continue de semer la terreur et des troubles en Syrie, en Iraq et au Yémen avec de terribles conséquences pour les populations ».  Depuis juillet, a-t-il ajouté, l’Iran a bafoué ses engagements nucléaires et a continué l’enrichissement de son uranium, tout en poursuivant ses attaques contre l’Arabie Saoudite et en confisquant plusieurs pétroliers.

Pour le chef de la diplomatie américaine, il est aujourd’hui temps de promouvoir des processus innovants pour résoudre d’anciens problèmes.  C’est pourquoi, a-t-il dit, les États-Unis et la Pologne ont lancé en février le processus de Varsovie et ses ateliers pour traiter de toutes les questions pertinentes au Moyen-Orient, y compris celle de la sécurité en mer.

La réponse de la Fédération de Russie ne s’est pas fait attendre. Reprochant à M. Pompeo de parler de « la coalition contre l’Iran, mais jamais de dialogue » et de présenter ce pays comme « une sorte d’empire du mal », le représentant russe a réitéré l’opposition de Moscou au processus de Varsovie dont le format a été, selon lui, décidé de façon « trop hâtive ».  Une stratégie collective serait, à ses yeux, préférable à une « recette sur la base d’intérêts géopolitiques trop étroits ».

Préconisant un dialogue, assorti de mesures de confiance et de contrôle, le représentant russe a souligné que des pourparlers ne peuvent aboutir que si les parties sont prêtes à faire preuve de respect mutuel sur la base des principes de la diplomatie.  Il n’est donc « pas logique qu’au mépris de la résolution 2231, les États-Unis appellent l’Iran à s’engager dans des pourparlers sans conditions préalables », a-t-il souligné, affirmant toutefois que son pays continuerait de tenter de convaincre les États-Unis et l’Iran à dialoguer « de manière civilisée ».

Le Royaume-Uni a jugé qu’il serait pertinent d’entamer cet échange sur la question du détroit d’Ormuz, évoquant l’arraisonnement d’un de ses pétroliers par les gardiens de la révolution iranienne.  Tout en reconnaissant le droit de l’Iran à assurer sa légitime défense, la représentante britannique a relevé que la protection par l’Iran de ses intérêts nationaux contribuait à créer des problèmes dans la région et a rappelé qu’il importe aussi d’empêcher ce pays de se doter de moyens nucléaires qui représenteraient une menace pour le Moyen-Orient et au-delà.

À son instar, la France a réaffirmé son attachement au Plan d’action global commun, faisant valoir qu’« il n’existe pas aujourd’hui d’alternative pour empêcher la prolifération nucléaire en Iran ».  Un avis partagé par le Ministre allemand des affaires étrangères, M. Andreas Michaelis.  Toutefois, a-t-il souligné, « nous ne sommes pas naïfs: le Plan d’action global commun « n’est qu’une pièce du puzzle » et les menaces que fait peser l’Iran dans la région doivent être contrées.  L’Union européenne a, pour sa part, regretté l’imposition de sanctions par les États-Unis, tout en faisant part de ses inquiétudes face aux activités de missiles balistiques iraniens et le transfert desdits missiles à des acteurs étatiques et non étatiques.

Premier concerné par ce débat, l’Iran a assuré ne pas chercher la confrontation, avertissant cependant qu’il ne pourrait rester indifférent face à la violation de sa souveraineté.  En tant que pays ayant la plus longue côte dans le Golfe persique et la mer d’Oman, il s’est dit déterminé à continuer de garantir la sûreté et la sécurité de la navigation maritime dans cette zone, particulièrement dans le détroit d’Ormuz.  Il a par ailleurs imputé l’instabilité et l’insécurité dans la région à la présence militaire des États-Unis et à l’afflux d’armes américaines, lesquelles transforment le Moyen-Orient en une « véritable poudrière ».

Face à la détermination iranienne, l’Arabie saoudite a déclaré militer pour la défense des droits des peuples à vivre en paix, « loin des ingérences et des violences commises par des milices comme les houthistes et le Hezbollah », proches de l’Iran.  Le Royaume a également réfuté la thèse selon laquelle le chiisme de l’Islam serait à l’origine des désaccords entre l’Iran et d’autres pays musulmans, affirmant que les différences entre sunnites et chiites ne sont apparues qu’après la Révolution iranienne, la constitution de la République islamique d’Iran disposant que le pays doit répandre sa révolution à l’étranger.

« Derrières les portes closes, nombre des dirigeants de la région s’accordent pour dire que l’Iran représente la principale menace à la paix au Moyen-Orient », a renchérit le représentant d’Israël qui a soutenu que les actions de Téhéran avaient contribué à rapprocher Israël de ses voisins arabes.

Ce dernier a, par ailleurs, accusé l’Autorité palestinienne d’extrémisme et de refuser de participer à des négociations bilatérales directes, des propos vertement critiqués par l’Observateur permanent de la Palestine qui a taxé le délégué d’Israël de « menteur » et souligné qu’il représente le « le Gouvernement le plus extrémiste qu’Israël ait connu ».  La délégation palestinienne a appelé à une réelle volonté politique pour mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité relatives au conflit israélo-palestinien, prédisant dans la foulée que le « deal du siècle » que préparent les États-Unis échouera.

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