AccueilLa UNEPercluses de dettes, les entreprises publiques galopent vers la ruine !

Percluses de dettes, les entreprises publiques galopent vers la ruine !

Les entreprises publiques tunisiennes sont dans une situation désespérée, confrontées à ouragan de  dettes, à la mauvaise gestion, à la pandémie de coronavirus et à une décennie d’instabilité politique qui pourrait en pousser certaines à la faillite, selon les experts, cités par l’AFP.

Dix ans après la révolution qui a renversé l’ancien régime népotiste, les grandes réformes nécessaires à l’assainissement des finances publiques ne se sont pas encore concrétisées, selon les économistes.

La situation a poussé au bord du gouffre une grande partie des 110 entreprises publiques du pays, à court de liquidités.

« Aujourd’hui, nous ne parlons pas de réformes mais de plans de sauvetage », a déclaré le ministre du Transport, Moez Chakchouk aux journalistes la semaine dernière, alors que l’économiste Hakim Ben Hammouda a exhorté le gouvernement à « déclarer l’état d’urgence économique ».

Parmi les entreprises publiques qui se dirigent vers le sauvetage, on trouve le transporteur national Tunisair et un géant des phosphates qui est l’un des principaux employeurs de la Tunisie, aux prises avec un intolérable sureffectif.

Tunisair dispose aujourd’hui d’une flotte de 26 avions, dont sept seulement sont opérationnels, mais emploie quelque 7 600 personnes. De plus, la pandémie de coronavirus a réduit le nombre de passagers de plus de deux tiers l’année dernière, avec un chiffre d’affaires en baisse de 70 % par rapport à 2019. L’entreprise est aujourd’hui endettée à hauteur de 955 millions de dinars (348 millions de dollars) et a du mal à rembourser ses créanciers. Le mois dernier, un tribunal tunisien a temporairement gelé ses comptes bancaires pour des impayés dus à un opérateur franco-turc.

La compagnie aérienne envisage depuis des années de licencier du personnel pour réduire sa masse salariale. Mais cette proposition a rencontré une vive opposition de la part du puissant syndicat l’UGTT, qui s’est engagé à empêcher toute tentative de privatisation de la compagnie aérienne.

Le flop des phosphates

La compagnie aérienne n’est pas la seule entreprise publique en proie à une masse salariale pléthorique. La Compagnie des phosphates de Gafsa, créée à l’époque coloniale pour exploiter l’une des rares ressources naturelles de la Tunisie, a vu sa production s’arrêter à plusieurs reprises, les manifestants de la région marginalisée de Gafsa réclamant des emplois et des investissements locaux.

En 2010, la Tunisie était le cinquième producteur mondial de ce minéral, ingrédient des engrais artificiels et autrefois source essentielle de revenus pour l’État. Aujourd’hui, elle est à la 12e place. L’année dernière, la production de phosphate a atteint l’un des chiffres annuels les plus bas depuis dix ans, avec un peu plus de trois millions de tonnes, selon l’ancien ministre du commerce Mohsen Hassen. La Tunisie a même été contrainte d’importer du phosphate de l’Algérie voisine.

Depuis la chute du régime de Ben Ali, les gouvernements successifs ont créé des milliers d’emplois subalternes dans le secteur public. Hassen a déclaré que le fait de le faire à la Compagnie des phosphates de Gafsa avait eu un « effet boule de neige ».

Pourtant, même avant la révolution, « le gouvernement a essayé d’acheter la paix sociale en embauchant des gens dans ces entreprises, ce qui a exacerbé leurs problèmes », selon Ben Hammouda.

Un nouveau pacte social est nécessaire

En une décennie de démocratie, la Tunisie a connu des crises politiques répétées et neuf gouvernements, la laissant dépourvue de toute stratégie économique à long terme. En conséquence, la dette globale des entreprises publiques a atteint environ 40 % du PIB, selon le Fonds monétaire international. Cela a sapé les finances de l’État dans leur ensemble : La semaine dernière, Moody’s a abaissé la note de la dette souveraine de la Tunisie, en citant – entre autres – « les garanties en cours aux entreprises publiques à plus de 15 pour cent du PIB en 2020 ».

Mardi, un responsable du FMI a exigé des contrôles plus stricts sur les transferts aux « entreprises d’Etat mal gérées ». Lors d’une conférence de presse virtuelle, il a appelé à « une stratégie de réforme qui évalue le rôle des entreprises publiques dans l’économie, centralise leur surveillance, renforce leur gouvernance d’entreprise et améliore la transparence de leurs finances ».

L’ancien ministre du Commerce Hassen avait une autre prescription pour mettre fin à la crise : « Un nouveau pacte social qui définit l’orientation stratégique et économique de l’État et son rôle dans la préservation de ces institutions ».

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