AccueilLa UNEUn gouvernement sans Nidaa, c'est tout à fait possible!

Un gouvernement sans Nidaa, c’est tout à fait possible!

Comme presque chaque week-end maintenant, les couteaux étaient de sortie sur la scène politique locale, et ça va monter crescendo à mesure qu’approche la fin de l’année 2018 et donc l’année électorale, 2019. Le samedi 3 novembre 2018, c’est Nidaa Tounes, une fois de plus, qui a régalé et il y a des chances que ces éruptions soit régulières du fait des raisons du grabuge devant le siège du parti aux Berges du Lac. C’est ce lieu que les membres de la coordination régionale et les bases de Nidaa à Kasserine ont choisi pour dénoncer ce que d’autres coordinations ont dénoncé : la fusion entre leur parti et l’Union patriotique libre (UPL), et le parachutage de Slim Riahi au poste de Secrétaire général. Il y a certes l’aspect sulfureux du personnage qui rebute et dérange, avec ses casseroles judiciaires qui font un boucan d’enfer, mais il y a aussi surtout le fait que ce poste ne se donne pas ainsi, avec cette facilité et cette rapidité déconcertantes, au bout de quelques heures de conciliabules sans aucune consultation des structures régionales, si d’ailleurs elles existent encore dans la tête de Hafedh Caïd Essebsi (HCE), le directeur exécutif de Nidaa. Pourtant Riahi fait ce qu’il ce qu’il peut pour entrer dans le costard de patron du parti sorti vainqueur des élections de 2014 – une sacrée promotion pour un apprenti politicien! -, il fait ce qu’il peut pour être à la hauteur de la fonction, mais la greffe ne prendra jamais.

C’est pas brillant

La lente agonie de Nidaa Tounes se passe dans le silence assourdissant des cadres du parti. Il y a bien Neji Jalloul qui a, enfin, moufté, en tentant une sortie pour dire le mal qu’il pense du comité directeur de Nidaa Tounes, mais c’était trop vague et trop timoré pour marquer les esprits, lui qui est pourtant réputé pour sa capacité à tailler dans le vif. Selma Elloumi a préféré mettre les voiles direction palais de Carthage pour, ont confié ses proches à Africanmanager, rabibocher le président de la République, Béji caïd Essebsi et son ex-poulain, le chef du gouvernement, Youssef Chahed. On jugera sur pièce. Et les autres dirigeants du parti? Rien. Motus et bouche cousue. Tout le monde se planque en attendant de voir de quel côté allaient tourner les vents de 2019… pour bien entendu aller dans le même sens. A part ça il y avait aussi ce week-end les saillies de l’ex-président de la République, Moncef Marzouki, très peu porté sur les nuances et qui a une nette préférence pour les tirs dans le tas. Et on a été servi !

A Gafsa, il nous a fait des tirades sur une corruption généralisée dans la vie politique et économique que même la révolution n’a pas pu abattre ; il nous a promis de s’attaquer résolument à la « moralisation » de la scène politique et d’oeuvrer pour hausser le niveau du débat politique, qui n’a jamais été aussi bas selon lui, rapporte la TAP. Bref, Marzouki, un commandant quasiment seul dans son navire, abandonné par presque tous ses officiers, n’a pas été avare en diatribes et en promesses. Mais rappelons-nous ce qu’a dit l’homme politique français Charles Pasqua sur les promesses : Elles « n’engagent que ceux qui y croient« . Rappelons-nous aussi ce qu’a été le sombre règne de Marouki : Un laisser-aller total qui nous a valu deux assassinats politiques et une pléthore d’attentats contre la Police et l’Armée nationales, avec son record de deuils nationaux. Nous n’avons pas le droit d’être amnésiques, pas après 4 petites années!

On l’avait presque oublié celui-là, et pourtant

A part ça il y a le confort et l’inconfort de Chahed, qui est certes tourmenté par son remaniement, objet de toutes les surenchères entre ses deux parrains, mais un Chahed qui paradoxalement n’a jamais été aussi costaud politiquement. En effet presque plus personne ne réclame sa tête, à part quelques politiciens qui ne représentent qu’eux-mêmes. Le combat contre le chef de gouvernement a fini par cesser faute de munitions ; le plus virulent de ses adversaires, HCE, a rangé ses armes, trop occupé à contenir les dégâts du loup qu’il a introduit dans la bergerie, la preuve ultime du génie politique déclinant de Essebsi père et une preuve de plus de l’absence totale de génie politique chez Essebsi fils. Ce ratage complet fait bien entendu les affaires de Chahed, qui en profite pour se faire oublier par les snipers de Nidaaa. Quant à l’UGTT, il y a longtemps que le départ du locataire du palais de la Kasbah n’est plus une priorité pour elle, braquée sur les négociations sociales pour la fonction publique. Ce n’est pas vraiment le moment de faire du raffut autour de Chahed, qui va très probablement encore décaisser à titre d’augmentations salariales, pour s’éviter une grève générale et pour se payer une tranche de paix sociale, un chèque sur lequel même le FMI pourrait fermer les yeux en dépit des lignes rouges qu’il a tracées.

Humiliation suprême pour Nidaa : Tout porte à croire, à en croire la première envolée de Riahi en tant que patron du parti, qu’ils vont avaler leur chapeau et revenir à la raison sur cette idée complètement folle d’éjecter du gouvernement la première force parlementaire du pays, donc de fait la première force politique, Ennahdha. Les dirigeants nidaïtes ont eu les yeux plus gros que le ventre, et ne se sont par rendus compte que, techniquement et arithmétiquement, ils pouvaient très bien sortir du gouvernement sans que cela stoppe net Chahed. En effet Nidaa s’est « damné » dans l’aile gauche du Parlement depuis qu’il s’est allié avec les islamistes, et ce ne sont pas ses grandes phrase sur la rupture et le retour dans le bercail des progressistes qui vont ramener le Front populaire et les autres à de meilleurs sentiments. Donc, de fait, Nidaa, n’a pas de majorité pour bloquer un gouvernement Chahed dont il ne ferait pas partie. Alors que Ennahdha, avec son armada de 68 élus qui votent comme un seul homme et qui n’ont jamais fait faux bond à Chahed, peut faire cause commune avec la « Coalition nationale » pour offrir un solide bouclier au chef du gouvernement, sans parler des indépendants dont la plupart ont la conviction que Chahed est le moins mauvais choix pour la période actuelle.

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