AccueilLa UNEUne diplomatie «Out of the Box», qui ose, dérange et esquive

Une diplomatie «Out of the Box», qui ose, dérange et esquive

C’est incontestablement un autre visage de la diplomatie tunisienne, qui recevait les journalistes, mardi 14 novembre 2023, au siège du MAE. Nabil Ammar, qui racontera plus tard diverses anecdotes d’expériences amères avec des médias occidentaux, était manifestement en mission de mobilisation de la presse locale, après avoir été maintes fois censuré par la presse occidentale, dans ses tentatives d’expliquer les tenants et les aboutissants de cette diplomatie « Out of the Box » que pratique la Tunisie depuis 2021 et pendant 2023.

  • Le MAE, 1ère ligne de défense de la Tunisie

Et ce fut l’occasion pour les faiseurs d’opinion de la presse tunisienne de découvrir un nouveau ministre qui coupe, parfois brutalement mais toujours en politiquement correct, avec tous les codes de l’ancienne diplomatie tunisienne. Une diplomatie et son nouveau chef, qui disent tout haut et de manière incisive ce que les anciens ministres des AE pensaient tout bas. 

Une diplomatie, qui ose sortir du traditionnel non-alignement, qui ose dire non, voter contre ou s’abstenir, qui ose refuser l’ancienne logique de partenariat dans l’allégeance, renvoyer des aides financières en période de dèche financière, proclamer la souveraineté malgré le manque de moyens, et prêcher des relations d’égal à égal malgré la dépendance économique. 

« Le ministère des Affaires étrangères est la 1ère ligne de défense de la Tunisie, et nous comptons beaucoup sur vous pour cela », dit-il à l’adresse de médias qui ne cachaient pas leur adhésion à cet appel, dans cette conjoncture de guerre contre la Palestine et de guerre médiatique (Ndlr : Notamment française) contre la Tunisie, menée par « des bandits en cols blancs », disait un ministre des AE qui n’avait pas la langue dans sa poche.

  • « Un pigeon voyageur », qui s’assume, mais n’assume pas

En poste depuis février 2023, l’ancien ambassadeur au Royaume-Uni et auprès de l’UE dont certains membres ne regretteraient pas son départ tout en regrettant sa nomination à la tête du MAE, est vite confronté à la double urgence de gérer la crise des migrants subsahariens, doublée de celle avec l’UE qui faisait chantage au crédit du FMI.

Et Nabil Ammar de se retrouver alors dans la peau du pigeon voyageur, porteur de messages d’explication et de recadrage des différentes positions exprimées par le chef de tout l’Etat Kais Saïed. La guerre sioniste menée par Israël contre la Palestine et son peuple avec son cortège de milliers de morts, en fera ensuite le porte-drapeau d’une Tunisie en 1ère ligne de défense de la cause palestinienne. Des positions, dont il a dit devant les journalistes accepter de payer la facture. « On l’accepte, quoi qu’il en coûte. Notre pays n’est pas pauvre. Nous avons besoin de partenaires, mais nous ne demandons pas la charité. On ne veut pas de l’assistance, mais du partenariat. Venez investir, mais dans la dignité », lançait-il à l’adresse de l’Europe.

A l’image de son Président, le ministre s’y adonne cœur et âme, jusqu’à en oublier, comme son Président aussi, que même les Passionarias ne peuvent vivre de lutte et d’eau fraîche, et que la Tunisie a surtout besoin d’une diplomatie économique efficiente (0,6 % du budget 2024, et le manque de compétences comme il l’a dit).

Le diplomate assume avec le sourire, la comparaison avec le pigeon voyageur, se montre  critique sur le retour d’investissement de ses multiples déplacements, et répond que « ça va venir ». Mais lorsqu’on lui oppose le fait qu’on n’a pas encore vu un objectif économique dans ses déplacements, il nous répond en s’interrogeant sur ce qu’on appelle objectif économique. Et Ammar de se demander ensuite, en voulant comme il le dit « crever l’abcès », s’il appartient  à son ministère de chercher les projets pour le pays.

On comprendra l’expression « crever l’abcès », lorsqu’on se rappelle qu’un peu plus tôt avec les journalistes, le ministre était furieux que le volet « coopération internationale » ne relève pas des prérogatives  exclusives du MAE. Il rit jaune, lorsqu’on lui demande sa propre définition de la diplomatie économique, et esquive notre question. 

  • Union Européenne-Tunisie : Je t’aime, moi non plus !

Sur les relations avec la France et l’Union Européenne, Nabil Ammar fait le fin diplomate négociateur, et dit que « nos relations sont bonnes, mais qu’elles peuvent être mieux. Il faut que l’Europe nous comprenne mieux. C’est à eux de faire un effort supplémentaire, et  changer de logiciel qui devient obsolète ».

Plus tôt, lors de sa rencontre avec les journalistes locaux, il disait en commentaire du dernier MoU de la Tunisie avec l’Europe sur la migration irrégulière, que « ce sont  eux qui ont dévié du processus. Nous ne l’avons pas mis en panne, et nous sommes prêts à le reprendre. Le problème est le leur et intrinsèque à eux. Et dès qu’ils résoudront leurs problèmes et leurs différends, on sera prêts à reprendre » disait-il, en éludant chaque fois la question économique dans les relations avec l’Europe. Et on le comprendrait presque, lorsqu’il affirmait que « la coopération est un outil politique par excellence ».

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -