AccueilLa UNETunisie : Ils font exactement ce que font médecins, juges, avocats... !

Tunisie : Ils font exactement ce que font médecins, juges, avocats… !

Sauver la Tunisie, son économie, une nécessité absolue, doublée d’une urgence, tout le monde en convient, même les esprits les plus retors. Le problème c’est comment, par quels voies et moyens. A ce niveau la cacophonie est de sortie, les désaccords profonds. Et c’est justement ce qui prive le gouvernement de la mobilisation de toutes les énergies vers le sursaut qui va tirer la Tunisie de ce mauvais pas. A en croire les bruits émanant de la rue, la potion proposée – la Loi de finances 2018 – par le chef d’orchestre, Youssef Chahed, adoubé par le principal bailleur de la Tunisie, le FMI, est trop amère. Si on se tourne du côté des partis politiques, le mécontentement, certes dicté par des calculs électoralistes et des intérêts partisans, est aussi criant. Les défections autour du Document de Carthage l’illustrent à merveille. Si on prend le pouls des organisations nationales phares, signataires du Pacte de Carthage auquel le chef du gouvernement doit sa légitimité, la discordance est de mise. Les sons de cloche entre l’UTICA, l’UGTT et l’UTAP sont tellement différents que la seule chose qu’on retient est la défense des intérêts des parties, exactement comme le font les partis politiques.

Majoul plus coriace que Bouchamaoui !

L’ex-présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui, que ses soutiens ont suppliée de rester à la tête de la centrale patronale, disent-ils, a bataillé jusqu’au bout contre la Loi de finances 2018 et ce, dans tous les déplacements qu’elle faisait dans le pays. Elle s’est retirée certes, pour panser ses plaies et se recentrer sur son business, mais elle a laissé une empreinte et surtout des dernières volontés, un héritage prégnant. Dans son discours lors du Congrès électif, elle a demandé aux patrons de ne pas s’accoquiner avec le personnel politique, ce qui en dit long sur la cote d’amour des politiciens chez les entrepreneurs, mais elle a aussi demandé à ses collègues de ne pas brader leurs intérêts et de se défendre énergiquement. Choses que manifestement le successeur de Bouchamaoui, Samir Majoul, a l’intention de faire. Il l’a dit haut et fort dans une radio privée de la place, Shems FM et un de ses collaborateurs, Khaled Sallemi, l’a martelé à Africanmanager. Mieux, le nouveau patron des patrons va tenter de faire graver sur le marbre les préoccupations de son organisation, en demandant qu’un volet économique soit inséré dans le Document de Carthage. Nous ne sommes pas sûrs, à ce stade, que l’UTICA obtiendra gain de cause, mais on peut être certain qu’elle va tirer dans les pattes de Chahed, exactement comme l’a demandé Bouchamaoui. Mais peut-on reprocher à la centrale patronale de demander la lune, alors que médecins, enseignants, ouvriers des chantiers, juges et tous ceux qui s’activent dans ce pays le font ?!

Taboubi ne lâchera rien

Le secrétaire général de l’UGT T,  Noureddine Taboubi, est revenu samedi 27 janvier 2018 sur un de ses exercices favoris en ce moment : Tirer sur la classe politique et lui donner des cours magistraux. En a-t-il le droit, la légiitmité, la compétence ? C’est aux principaux intéressés, les politiciens, de le dire. Ce qu’on constate en tout cas c’est qu’ils ne mouftent pas face aux sorties au vitriol, répétées, du leader de la centrale syndicale. « La Tunisie fait face à des difficultés socioéconomiques qui imposent la conjugaison des efforts de tous« . Les partis politiques sont appelés à prendre leurs responsabilités pour offrir au pays un climat démocratique sain, respirable. C’est la dernière leçon administrée par Taboubi et rapportée par la TAP. C’était lors du neuvième congrès ordinaire de l’Union régionale du travail à Ben Arous. On ne prend pas beaucoup de risques en affirmant que là encore, comme les fois précédentes, les partis politiques ne piperont pas mot, ne répliqueront pas. Taboubi a peut-être raison, finalement, de dire ce qu’il dit. Mais il n’a pas dit que ça, il a aussi fait savoir que l’UGTT entend jouer son rôle national et politique, notamment pour imprimer sa marque dans les politiques ayant trait à la justice fiscale, la réforme des systèmes éducatifs et sanitaires et la mise en place d’un autre modèle de développement. Autre engagement de Taboubi, lequel assurément terrorise Chahed, à la tête d’un Etat qui dépense déjà trop pour ses fonctionnaires : l’UGTT ne lâchera rien sur les échéances fixées pour les négociations sociales. Comprenez par là les discussions autour des hausses de salaire. Au moins le chef du gouvernement est averti !

Zrar a des demandes, comme les autres 

L’UTAP était également de sortie samedi 27 janvier 2018. Décidément c’était une journée faste ! « L’agriculture est un secteur qui peut résoudre les problèmes de la Tunisie« , a déclaré le chef de file des agriculteurs et des pêcheurs, Abdelmajid Zar, lors de l’ouverture du 12ème congrès de l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Nabeul. Il n’a pas tort quand il dit que son secteur « offre plusieurs solutions réelles qui pourront résoudre les problèmes du secteur, tels que l’exploitation des terres domaniales abandonnées, alors que des milliers de jeunes sont au chômage« . Entre autres doléances, il a demandé – lui aussi, comme tout le monde ! – que le gouvernement mette le paquet sur la stratégie de dessalement de l’eau de mer pour résoudre les problèmes cycliques de sécheresse, qui vont monter crescendo avec le réchauffement climatique. C’est justement l’objet du déplacement du ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Samir Taieb, à Djerba, dit-il, un voyage qui lui a valu bien des déboires à l’ARP, où il devait se présenter face à des députés très remontés et qui avaient une tonne de reproches à lui faire. Les élus n’ont pas du tout apprécié le fait que Taieb leur pose un gros lapin, et l’ont fait vertement savoir en boycottant la séance plénière à laquelle pourtant assistait le secrétaire d’Etat qui sans doute maitrise les dossiers aussi bien que son patron, voire plus. Une séance plénière ajournée, une de plus. C’est toute la Tunisie qui perd dans cette affaire un temps précieux, un luxe que pourtant elle ne peut plus se payer…

Le pays ne manque pas de projets, en dépit des lenteurs administratives et autres grains de sables – litiges fonciers surtout – dans la machine. Pas plus tard que le samedi 27 janvier 2018, on a appris que le gouvernement va se pencher, le 02 février 2018, sur le projet du port en eaux profondes d’Enfidha et que les études géotechniques pour la construction du barrage de Boulaâba, dans la délégation de Kasserine-nord, ont démarré. Donc des choses intéressantes pour l’économie du pays il s’en passe, ce qui fait défaut c’est une vraie unité nationale et une convergence de vues autour des intérêts supérieurs de la nation. La classe politique et les organisations nationales ont tort de minorer la capacité de nuisance de cette désunion.

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