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Tunisie : Le secteur du pétrole va mal, et ça va s’aggraver…

En dépit des alertes des experts, qui prédisent la fin imminente du pétrole – dans 20, 30 ans – et que les économies doivent s’y préparer, le précieux liquide n’a jamais aussi bien porté son surnom : ‘Or noir’. Bon, en Occident la mutation a déjà commencé, avec une concentration accrue sur les énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire et l’éolienne dans les bâtiments et l’électricité dans les moteurs des véhicules. En Tunisie, cette affaire a pris, pour le moment du moins, des allures de serpent de mer, les pouvoirs publics ayant le plus grand mal à tenir les engagements sur la transition énergétique pris lors du sommet de Paris sur le climat – COP 21. Certes les plans et projets sont sur la table, une pléthore, très alléchants, mais ça rame au niveau de la concrétisation. En attendant du pétrole on en consomme un maximum.

C’est un fait : l’automobiliste tunisien roule beaucoup, beaucoup trop, tout le temps. A tel point qu’on se demande quand est-ce qu’il travaille. Le carburant lui est devenu tellement indispensable qu’il guette comme du lait sur le feu les hausses de prix à la pompe et s’enflamme à la moindre montée, même de 100 millimes. Le professeur Nouri Fethi Zouhai, un fin connaisseur des dossiers énergétiques et financiers, a décrypté, dans le Billet Economique de l’intermédiaire en Bourse MAC SA, notre dépendance à ce « poison » – il l’est devenu pour notre environnement, notre santé – et surtout les mauvaises nouvelles qui nous attendent au tournant…

En 2015, le débat sur l’énergie connait un regain d’intérêt sans précédent .Une campagne médiatique de grand ampleur orchestrée par un parti politique et appelée ‘winou el pétrole’ raviva la tension entre l’Etat et le citoyen avide de connaitre la vérité des réserves de pétrole de son pays.

Ainsi, une bataille des chiffres s’est engagée entre des experts de tous bords et les officiels de la Direction Générale de l’Energie. Certains ont réussi à installer le doute sur les chiffres officiels faisant croire aux citoyens tunisiens que le pays est doté des ressources en hydrocarbures abondantes, exploitées et dilapidées par les multinationales du pétrole. Les officiels de l’Etat rejettent toutes allégations mensongères et avancent des chiffres plus raisonnables.

Le pétrole à découvrir

Le potentiel à découvrir est un exercice très délicat, il ne peut être estimé correctement que par une étude des Systèmes Pétroliers existants et leur génération (nécessitant des analyses par Rock-Eval), de toutes les campagnes sismiques existantes calibrées sur tous les puits existants. Cette étude est bien au-delà de nos moyens, nous se réfèrerons aux études statistiques, laissant ce travail aux explorateurs en activité.

En Tunisie, les 55 champs découverts et transformés en concessions d’exploitation depuis 1949 à 2014 et dont 36 seulement restant en activité actuellement, représentent 2 Gb de brut et condensat et 4,3 Tcf (0,8 Gbl ou 124 G m 3) de gaz.

Observant, la courbe des découvertes cumulées, on constate que la tendance continue avec la même pente montrant bien qu’il y a encore des champs à découvrir, malheureusement de taille de plus en plus réduite. Pour une activité future aussi importante que le passé (760 puits fin 2014), le cumul pour 1000 puits d’exploration ne sera que de 2,5 Gb et 5 Tcf ou 0,9 Gbl qui peuvent être pris comme ultimes. En conséquence, le potentiel à découvrir serait alors de l’ordre de 500 millions de barils pour le pétrole brut et 100 millions d’équivalent baril pour le gaz naturel.

D’autres sources sont très proches de ces résultats, Selon l’USGS, la Tunisie disposerait encore d’un potentiel de 110 Mtep soient 800 millions de barils (à 95% de probabilité) de ressources conventionnelles d’hydrocarbures ’Pétrole +gaz ‘ non encore identifiées.

Quant à la Direction Générale de l’Energie, elle déclare des resserves prouvées de 419 Mtep dont 296 Mtep sont déjà épuisées laissant dans le sous-sol tunisien l’équivalent de 123 Mtep réparties entre 54% pour le pétrole-485Mbbl- et 46% pour le gaz.

Un avenir sombre

Les résultats des différentes extrapolations de ressources énergétiques fossiles montrent qu’elles sont en train de se raréfier. D’ici 2030, la production du pétrole brut chutera de 2,3 MTep en 2016 à 0,5 Mtep en 2030, le gaz suivra la même tendance baissière pour passer de 2Mtep à 1Mtep au cours de la même période de prévision. Plusieurs handicaps empêchent la Tunisie d’aller chercher son pétrole très peu fournit par la nature.

– Il faut forer encore 300 puits, pour atteindre les réserves ultimes, objectif très difficile à réaliser et tardera dans le temps-15 ans- dans un contexte caractérisé par les opérations de sabotage sur les champs de production.

– Le volume des investissements reçu ces 10 dernières années a chuté de 52% passant de 1490 MDT entre 2006-2009 à 775MDT au cours de la période 2010-2015.

– Les gisements marginaux ont atteint leur maturité.

– Le volume des IDE reçu ces 10 dernières années a chuté de 52% passant de 1.490 MDT entre 2006-2009 à 775 MDT au cours de la période 2010-2015.

– Le déficit énergétique ne cesse de se dégrader passant de 0,6 Mtep en 2010 à 3,7 en 2016.

– Très mauvaise gouvernance de secteur, les actions sont de plus en plus focalisées sur les ENR.

En conclusion l’auteur dit ceci : la finitude de nos ressources énergétiques s’accélère rapidement mettant en danger notre approvisionnement futur sur le marché pétrolier au prix imprévisible. Cette situation grèvera lourdement nos déficits si l’Etat n’agit pas rapidement.

MAC SA

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