AccueilLa UNETunisie : Chahed raisonnablement optimiste ou incroyablement téméraire?

Tunisie : Chahed raisonnablement optimiste ou incroyablement téméraire?

Bien qu’il se soit montré très conscient de l’ensemble des difficultés auxquelles fait face la Tunisie, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a paru très optimiste. La stratégie ou le programme économique dont il parle et qu’il vient d’exposer devant les députés du peuple montre clairement à quel point Chahed est confiant et a foi en l’avenir mais aussi en son nouveau et deuxième gouvernement. Un déficit budgétaire qui ne dépasse pas 3% du PIB contre 6% actuellement, un taux d’endettement réduit à moins de 70% du PIB, une masse salariale réduite à 12,5% contre 40% du PIB actuellement et un taux de croissance de 5% contre un taux de croissance ne dépassant pas les 2% au cours de cette année… Ces projections économiques nous ont paru très optimistes, surtout qu’aucun gouvernement de l’après Révolution n’a eu le courage ou la témérité de tabler sur une telle embellie, et encore moins la réaliser. Pour y parvenir, Youssef Chahed n’a pas caché que plusieurs conditions devraient être réunies, telles que la stabilité politique, l’union nationale, la paix sociale… mais aussi l’achèvement des grandes réformes, à l’instar de celles des caisses sociales, des entreprises publiques en difficulté et de la caisse de compensation…

S’agissant des caisses sociales, le chef du gouvernement a tenu à préciser que le gouvernement a ouvert, en 2017, ce dossier, lequel est sur la table depuis les années 90. Il a affirmé que le projet de réforme y afférent sera fin prêt avant la fin de cette année, après avoir alerté sur la situation périlleuse des caisses sociales, appelant ainsi à accélérer les réformes à travers l’augmentation de l’âge de départ à la retraite et la hausse du taux des contributions sociales.

Il a par ailleurs annoncé la mise en place d’une contribution exceptionnelle (CSG, Contribution sociale généralisée), pour réduire le déficit des caisses sociales, lesquelles sont aujourd’hui dans l’incapacité d’assumer avec succès le rôle qui leur a été confié. Il a aussi annoncé que son gouvernement proposera avant la fin de l’année un projet de loi sur la réforme des caisses sociales, qui devrait ainsi être financé par la CSG annoncée.

Pour ce qui est de la caisse de compensation, Chahed a indiqué que le système de subvention des produits de base est injustifié et a montré ses limites, sachant que les subventions profitent aux ménages riches plus qu’aux pauvres.

Il a par ailleurs annoncé la mise en place, avant la fin l’année 2018, d’un identifiant social unique regroupant toutes les informations concernant chaque citoyen (sécurité sociale, niveau de revenus, situation…) et ce, dans le cadre de la réforme de la caisse générale de compensation.

S’agissant du dossier des entreprises publiques, Youssef Chahed a déclaré que son équipe a entamé la mise en place d’un programme complet portant sur la restructuration des entreprises publiques actuellement dans l’incapacité de survivre et de contracter des prêts sans l’intervention de l’État.

Ce programme, qui vise en premier lieu à préserver les droits des fonctionnaires et des ouvriers, veut aussi faire de ces entreprises des acteurs actifs et rentables pour la nation.

La restructuration des entreprises publiques devrait être aussi basée sur la paix sociale, la préservation des postes d’emploi et les acquis matériels et sociaux.

Outre ces grands dossiers, le chef du gouvernement a annoncé qu’un projet de loi qui permettra aux Tunisiens d’ouvrir des comptes en devise et de régulariser la situation de leurs comptes à l’étranger devrait être prochainement préparé par le gouvernement. A cela s’ajoute la mise en place d’un nouveau modèle de développement basé sur un partenariat entre les secteurs privé et public et réaffirmant la contribution de l’État dans l’économie du pays.

Bien qu’il ait prévu la vraie reprise pour 2019, Chahed n’a pas boudé son plaisir en égrainant les indicateurs économiques qui commencent à prendre une teinte verte, selon ses dires. Il a cité en exemples une hausse de 6,7% des investissements directs étrangers durant les 7 premiers mois de cette année, une augmentation de 22% des intentions d’investissement dans le secteur industriel, de 67% dans le secteur des services et de 68% dans celui de l’agriculture, ce qui dénote, selon lui, du retour de la confiance dans le climat des affaires en Tunisie.

La production de phosphate a augmenté de 34% durant les sept premiers mois de 2017. Les exportations de phosphate ont également augmenté de 18,1% jusqu’au mois août dernier par rapport à la même période de l’année 2016.

Les recettes fiscales ont augmenté, durant le premier semestre de cette année, de 15,1%. Il a estimé toutefois que bien que cette amélioration soit relative, elle est considérée comme un pas important vers le bon chemin.

Outre l’amélioration des recettes fiscales, le chef du gouvernement a souligné l’amélioration des indicateurs du secteur touristique durant les huit premiers mois de cette année, citant l’augmentation de 31% des entrées et une hausse de 16,4% des touristes européens. A cela s’ajoute l’amélioration des recettes touristiques de 22,1% en dinars et de 8,7% en devise.

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