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Tunis: Le budget de toutes les dépenses !

Dans sa présentation du projet de loi de finances (LF) pour l’année 2016, le ministère des Finances s’est fixé comme objectif de «sortir, le plus vite possible, de l’état de stagnation de la croissance qu’a connue le pays au cours de la période écoulée, par la réalisation d’un taux de croissance de 2,5 % du PIB». Cela, après une récession technique et une croissance de 0,5 % à la fin de 2015.

Au cours de sa dernière conférence de presse de présentation de la LF 2016, le ministre des Finances n’a pas manqué d’insister sur la nécessité de renouer avec la croissance. Il semble, pourtant, que le gouvernement tunisien ait déjà choisi de compter presqu’uniquement sur le levier de la consommation pour créer cette croissance. C’est ainsi que sur les 29,250 milliards DT du budget de l’Etat, seuls 5,401 milliards DT seront consacrés au développement, unique levier pour créer de la valeur ajoutée qui pourra être redistribuée. Et encore. Dans cette enveloppe, on retrouve 2,480 milliards DT qui n’avaient pas pu être dépensés en 2015.

Réellement donc, sur les 29 milliards DT, seulement 2,9 milliards DT iront pour la création de richesses et d’emplois. Le budget 2016 enregistre pourtant une hausse de 7,1 % par rapport à 2015. Cela aussi, alors que le ministre des Finances se faisait fort d’annoncer devant la presse que «le gouvernement avait comprimé les dépenses et fait un grand effort en matière de gestion». On ne voit pourtant pas ni ou ni comment, surtout qu’il disait aussi, en souriant au journaliste ayant posé la question,  que, «vous n’allez pas me dire que ceci est un budget d’austérité». Et il n’y avait, presque, que cela de vrai !

  • 13,8 % du PIB et 70 % des dépenses vont aux salaires des seuls fonctionnaires

Le budget 2016 sera essentiellement celui des salaires, signe d’une volonté manifeste de continuer encore plus dans la politique financière expansive, adoptée depuis la révolution. Signe aussi d’un Etat dépensier, puisqu’il n’arrive pas, depuis 5 ans, à contrebalancer cette générosité par une production et une productivité qui la justifieraient et une telle redistribution du peu de richesses créées par l’économie du pays. En 2016 et sous la pression du syndicat ouvrier, l’Etat tunisien s’oblige à augmenter chaque année les salaires des fonctionnaires, sans aucun engagement de l’UGTT à pousser les ouvriers à reprendre le travail et à augmenter leur productivité.

Décryptage : Sur les 29,250 milliards DT, 13 milliards DT (dont 650 MDT en deux temps, janvier et juillet, 300 MDT pour les anciens accords et 112 MDT pour les primes exceptionnelles des enseignants) iront aux salaires des fonctionnaires de l’Etat et de ses entreprises. Une somme, en hausse de 11,8 % par rapport à la LFC 2015.

Passant outre tous les avertissements des instances internationales lui enjoignant de modérer les salaires et d’agir sur les recrutements dans une Tunisie où les salaires représentent 13 % du PIB, taux jugé l’un des plus élevés au monde, l’Etat recrute encore plus. 2.191 nouveaux fonctionnaires, sur un total de 15.915 nouveaux recrutés, viendront gonfler en 2016 les bureaux de l’Administration (si l’ont tient compte des 13.724 agents qui partiraient à la retraite et sans tenir compte de l’impact de ces départs sur les comptes de la caisse de retraite CNRPS).

  • 2,612  milliards DT pour  la compensation … de presque tout !

L’Etat qui, disait le ministre des Finances devant la presse, avait comprimé les dépenses, consacre 1,055 Milliards DT pour le titre «voies et moyens» du budget des dépenses de l’Etat. Des dépenses, en hausse de 3 %. On attendra le détail de ce budget pour voir si les budgets de fonctionnement du gouvernement, par ministère, et celui de la Présidence ou encore celui de l’ARP auront diminué,  comme le laisserait croire la déclaration de Slim Chaker.

En attendant, la politique de compensation continue. L’enveloppe qui y est consacrée diminue certes. De 2.766 MDT en 2015 à 2.612 MDT pour 2016. Mais c’est en grande partie dû à la baisse des prix du pétrole. Les carburants et l’électricité sont compensés à hauteur de 579 MDT, grâce à un prix de 55 USD pour le baril du pétrole. Les produits alimentaires essentiels sont compensés à hauteur de  1600 MDT contre 1530 MDT en 2015. Le transport est compensé pour 433 MDT contre 416 MDT en 2015.

Face à toute cette générosité d’un Etat où tous les ratios de production et de productivité sont à la baisse, l’Etat se doit de trouver encore, 1 milliard DT en emprunt Sukuk, 2 milliards DT en emprunt intérieur et 3,594 milliards DT en crédits extérieurs, sans compter les 5,130 milliards DT à payer en 2016 au titre du remboursement de la dette. La dette, c’est bon. Mais avec de la croissance. Celle-ci restera atone tant que production et productivité ne reviendront pas. Et ce n’est pas encore près d’arriver en 2016.

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