AccueilLa UNETunisie : Des cadavres, dans les placards de la Nation

Tunisie : Des cadavres, dans les placards de la Nation

On avait donné, dans notre édition du 23 mars 2018, un aperçu des plus grosses pertes et des plus grands cumuls de pertes des plus importantes entreprises publiques (EP). Il va de soi que beaucoup d’entre elles sont non-privatisables, dans la mesure où elles rendent un service public, comme la Steg ou la Sonede et même La Poste, qui plus est compensé par l’Etat. Impropres à la cession au secteur privé aussi, parce qu’elles représentent un régulateur de certains secteurs, comme les Offices des céréales et de l’huile où l’achat se fait pour réguler les prix. Et d’ailleurs, qui penserait à racheter de tels offices, et qu’en ferait-il ? Il n’a aussi, selon nos informations, été question de privatiser ou même d’ouvrir le capital d’entreprises comme la Steg ou la Sonede, ces deux entreprises étant les bras de l’Etat en matière d’infrastructure, pour l’énergie et l’eau.

  • Qui veut noyer son chien l’accuse d’avoir la rage

Le portefeuille d’entreprises publiques ne comporte cependant pas que ces entreprises ou ces Offices. Il comprend aussi moult autres EP, créées dans les années 60 et 70, lorsque l’Etat était le seul investisseur et le seul employeur. Des EP qui ont été oubliées par toutes les politiques de mise à niveau ou de réformes et dont les coûts sociaux dépassent les revenus et dans les secteurs desquels d’autres privés ont excellé.

Tourner donc le débat au tour de la question du sort de certaines EP, autour de telles entreprises pour mobiliser les travailleurs contre le gouvernement et ses projets de réformes structurelles, est un faux débat et une simple manœuvre de perversion politique, dans la guerre qu’entame l’UGTT contre le gouvernement, pour le changer. Non qu’elle ne s’entend pas avec lui, mais parce qu’il lui tient tête sur d’autres questions, relatives à de simples revendications matérielles.

Cumul des pertes des entreprises publiques entre 2015 et 2016 (MDT)
Entreprise publique / Année 2015 2016 Evolution salaires %
OCT (Office du commerce) -215,8 -242,7 48,9
CTN (Société tunisienne de navigation) -65,6 -55,3 68,1
SONEDE (Société de distribution de l’eau) -189,3 -186,5 34,4
OACA (Office des aéroports) -7,7 -30,1 67,8
Office de la Poste -41,2 -71,0 72,9
RNTA (Société de production et de vente de tabac) -157,6 -186,3 100,7
Société Tabac Kairouan -97,0 -105,2 70,8
ONH (Office de l’huile) -317,4 -325,0 7,6
Ciment Oum El Kélil -4,7 -24,9 84,8
Ciments de Bizerte (Société en bourse) -12,5 -21,1 17,0
Somatra (Société de travaux publics) -135,7 -139,9 -11,6
Tunisie Autoroutes -37,4 -36,9
Siphat (Fabrication de médicaments) -7,0 -9,9 22,9
Allouhoum (Société de commerce de viandes) -25,4 -27,3 24,6
Snipe (Société éditrice du quotidien La Presse) -6,4 -8,8 16,6
BTS (Banque. Capital constitué par des donations, sous pressions) -1,6 -16,5 74,5
Stsucre (Crée en 1961. Produit du sucre) -41,7 -43,1 58,8
Sprols (Société de promotion immobilière) -7,5 -7,5 1,7
SDD Djebel Djerissa -1,4 -0,3 87,4
Société des Loisirs touristiques -1,6 -1,7
AFT (Agence Foncière Touristique.) -12,5 -13,2
Tap (Tunis-Afrique Presse) -1,5 -1,7 16,4
Sotrafer -9,3 -9,3 63,0
Office Télédiffusion -75,1 -80,2 58,6
APIP (Ports et installations de Pêche) -15,1 -15,7 58,8
AMSE (Agence Municipale qui gère les dépôts d’ordures) -4,7 -3,8
Sonaprov (Protection des plantes) -2,4 -2,4
SPG (Développement du Golf) -1,8 -1,7 23,5
STIR (Raffinage de pétrole) -0,6 -0,6
Total du cumul des pertes de 28 EP -1.497,5 -1.668,6

En dehors de ces secteurs, stratégiques pour un consommateur tunisien qui vit sous perfusion de l’Etat par le biais des subventions, il est impensable que dans le pays de la liberté de la presse, l’Etat possède encore deux des plus importants organes de presse.

Curiosité, ces deux organes revendiquent fort leur indépendance, seulement de ligne éditoriale, mais pas financière. L’Etat, qui n’est même pas libre d’y nommer, est pourtant obligé chaque année de mettre la main dans la poche du citoyen pour donner les salaires de journalistes qui crient au scandale à la moindre directive de l’Etat unique bailleur de fonds !

  • Les canards boiteux qui ne gagnent rien et ne laissent pas les autres gagner

Mais l’Etat finance aussi la promotion immobilière où il fait concurrence au privé. Ce dernier fait de gros bénéfices, mais pas le Public. L’Etat finance aussi le ciment, dans un secteur où est rude la concurrence. Cette dernière fait de gros bénéfices et l’Etat finance les pertes de ses entreprises Publiques dans le secteur à Bizerte et Tejerouine.

L’Etat fabrique et vend le tabac, au nom d’un monopole du 19ème siècle et le subventionne même au nom des fumeurs. Une entreprise qui pourrait pourtant rapporter plus de 3 Milliard DT au trésor public si elle s’ouvrait sur le privé.

Il est tout aussi impensable que l’Etat intervienne même dans le secteur des travaux publics et fasse concurrence, en comblant les déficits de son entreprise publique dans le secteur. L’Etat tunisien, un des uniques au monde, qui possède même, depuis 1977, une entreprise chargée de la gestion de l’hôtel « Sidi Bou Said » qui est en fait une école d’application hôtelière, et du port de plaisance « Sidi Bou Said », du palais « Essaada », ancien palais présidentiel de Bourguiba, devenu siège de la municipalité de la Marsa. Par cette société, l’Etat tunisien gère même quelques buvettes à Carthage et au Bardo, ainsi que quelques plages aménagées qui n’existent plus depuis l’ancien régime et trouve même le moyen d’être déficitaire.

C’est aussi l’Etat propriétaire de la SNCFT, qui est propriétaire de la Sotrafer, entreprise qui fait la maintenance des voies ferrées. Les deux sont déficitaires, comme en donne un parfait exemple son site Internet qui est vide de toute donnée, quelle qu’elle soi. La société du Djebel Djerissa, théoriquement productrice de fer à Tejerouine près du Kef, est depuis quelques années en veilleuse et ne produit plus rien, selon le ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables. Le cumul de ses pertes est pourtant de 87 MDT et ne devrait pas s’arrêter à ce chiffre.

  • Agir en contrats-programmes et enquêtes de satisfaction pour les rémunérations des PDG

Par souci social ou par mauvaise gestion, là où il intervient l’Etat ne génère que des pertes et ces dernières sont comblées par l’argent du contribuable. Autant de cadavres dans les placards de l’Etat et qui coûtent cher au contribuable. Des cadavres, aussi, qui demandent toujours des augmentations salariales. Les taux d’augmentation de la masse salariale des canards boiteux et des cadavres le prouvent.

Pourquoi l’Etat garde-t-il alors tous ces cadavres, économiques et financiers et continuerait-il à couvrir leurs pertes ? Une question à poser au chef de l’UGTT. Et pourquoi donc ce dernier ne voudrait-il pas les céder aux privés ? Il n’y a qu’à regarder l’état des hausses des salaires, en contrepartie de peu de travail et de rentabilité, pour comprendre.

Il faudrait aussi, au moins pour les EP de service public, que l’Etat les confie à de jeunes compétences et qu’il le fasse sur la base de contrats-programmes où le sondage du degré de satisfaction des usagers ou des récipiendaires de ces services publics devient la règle pour garder la place de PDG et un déterminant pour les rémunérations et les privilèges des dirigeants de ces entreprises.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -