A chaque jour qui passe, on comprend un petit peu mieux ce qui se passe à l’UGTT et à la fronde de Lassaad Yaacoubi. Il y a déjà sa revanche sur l’UGTT qui ne l’a pas accepté au BE du 23ème congrès. Il y a ensuite le fait qu’il prépare déjà, par cette fronde qui le met aux devants de la scène politique et sous le feu de la rampe médiatique, son retour parmi les 9 membres de l’actuel BE de l’UGTT… pour le prochain congrès dans quelques années. Et il y a enfin, comme l’indique une source syndicale qui a requis l’anonymat à Africanmanager, le fait qu’il soit un très proche du Mouvement du peuple (حركة الشعب) et de la mouvance de l’ancien ministre de l’Education Salem Labiadh au cours du court mandat duquel Yaacoubi n’a fait aucune grève, pour les reprendre de plus belle sous Neji Jalloul, jusqu’à avoir sa tête. Il reprend son activité de meneur de grèves avec l’arrivée au ministère de l’Education de Hatem Ben Salem, en profitant d’un processus de contestation qui avait débuté dès décembre 2017, en protestation contre la Loi de Finances 2018.
Selon notre source syndicale, «il [Ndlr : Lassaad Yaacoubi] est allé trop loin et Noureddine n’aimerait pas se mouiller encore plus avec lui, car il risquerait, s’il obtenait gain de cause, de soulever d’autres secteurs, comme notamment l’enseignement primaire et les universitaires». Notre source estime que «la direction qui a remplacé Mastouri Gammoudi est plus responsable. Mais harangués par les bases de Lassaad Yaacoubi et leur propre base, ils risqueraient de faire de la contestation et de l’escalade dans les grèves une méthode de travail».
Notre source rappelle que l’UGTT s’est démarqué de Lassaad, par le communiqué de la dernière Commission Administrative à Hammamet en avril 2018, estimant que «la pique ou la piqure administrée par la CA de l’UGTT est in fine une bonne chose», en parlant de l’appel au retour aux cours et à livrer les notes des élèves.
- Une rupture Yaacoubi-Taboubi qui fera concession
«Une résistance anti-Yaacoubi commencerait à se former au sein même de l’UGTT», nous indique notre source, qui ajoute que «ce qui a élargi la rupture avec l’UGTT a été l’organisation d’une Commission administrative sectorielle et des décisions qui contredisent celles de la CA nationale, laquelle est l’instance suprême de l’UGTT, ce qui est une erreur grave selon le règlement interne de l’UGTT», indique notre source. En procédant ainsi, le SG de la Fédération de l’enseignement secondaire remettait en cause la suprématie de la CA nationale et frappe de plein fouet le principe de centrale syndicale. «Il rend, par la même occasion, illégale la CA sectorielle», explique notre source syndicale ayant requis l’anonymat. Mobilisant ainsi contre lui la CA nationale et ses supérieurs de l’UGTT, les élèves, les parents d’élèves et même ses pairs (Vidéo de Yaacoubi dégagé de la Place Med Ali, siège de l’UGTT), Lassaad Yaacoubi pourrait être lui-même contraint à changer son fusil d’épaule et revenir, avec moins de conditions, à la table des négociations, selon les observateurs de la scène syndicale.
Possibilité d’un accord, d’ici la fin de la semaine, qui pourrait être porté par Noureddine Taboubi. Selon nos sources syndicales, l’accord ne serait pas de nature financière, dans le sens où le ministère de l’Education ne donnerait pas à Yaacoubi ce qu’il demande en augmentation salariale, mais peut-être en accédant à deux de ses revendications, comme la pénibilité du métier et la retraite anticipée à 55 ans, et Yaacoubi pourrait accepter de monter à 57 ans ou même 58 ans au lieu des 60 ans actuels. La seconde revendication, à laquelle pourrait céder le ministre de l’Education nationale, pourrait être l’augmentation de certaines primes spécifiques qui n’impacteraient pas la masse salariale, comme l’exigent les bailleurs de fonds, telle que celle de la rentrée scolaire.