Il ne se passe pas un jour, dans cette nouvelle Tunisie du «chacun fait ce qu’il veut», sans que chaque citoyen se fasse voler, de manière courtoise ou effrontée, au moins dix millimes par jour. A chaque entrée, dans une boulangerie ou dans un magasin, vous achetez une baguette de pain et vous tendez 200 millimes au caissier pour payer votre baguette. Le prix de cet aliment compensé par l’Etat, étant officiellement fixé à 190 millimes (0,07 euros), vous vous attendez à ce qu’on vous tende la monnaie. Avec un sourire jaune, le caissier vous dira qu’il s’excuse de ne pas avoir la monnaie. Chez l’épicier du coin, on vous dira que c’est le prix du sac en plastique dans lequel il vous livre la baguette malmenée par des dizaines de mains avant d’atterrir sur votre table. Il ne se passe pas un jour, dans cette nouvelle Tunisie du «chacun fait ce qu’il veut», sans que chaque citoyen se fasse voler, de manière courtoise ou effrontée, au moins dix millimes par jour. A chaque entrée, dans une boulangerie ou dans un magasin, vous achetez une baguette de pain et vous tendez 200 millimes au caissier pour payer votre baguette. Le prix de cet aliment compensé par l’Etat, étant officiellement fixé à 190 millimes (0,07 euros), vous vous attendez à ce qu’on vous tende la monnaie. Avec un sourire jaune, le caissier vous dira qu’il s’excuse de ne pas avoir la monnaie. Chez l’épicier du coin, on vous dira que c’est le prix du sac en plastique dans lequel il vous livre la baguette malmenée par des dizaines de mains avant d’atterrir sur votre table.
⦁ 10,168 MDT en pièces de 10 millimes
Selon l’Institut national de la consommation (INC), le Tunisien consomme 84 baguettes et 119 gros pains par an. A cette échelle, ce ne sont donc que 0,840 DT que truandent épiciers et boulangers de la poche de chaque citoyen. Mais l’INC dit aussi que «quelque 6,734 millions de pains sont préparés quotidiennement en Tunisie, dont 2,786 millions de baguettes et 3,950 millions de gros pains». En refaisant le calcul et en multipliant le résultat par les nombres de jours par an, on se rend compte que ce sont en fait 1.016,890 millions de baguettes de pains qui sont fabriqués par an. En gardant les 0,010 DT de monnaie chez eux, ce sont en fait annuellement 10,168 MDT (3,512 millions d’euros) hors taxes car non déclarés qui vont dans les poches des épiciers et des boulangers.
On se dit ainsi, alors que le gouvernement se plaint chaque année du coût de la compensation, pourquoi n’augmenterait-il pas de 10 millimes le prix de la baguette et empocherait chaque année les 10 MDT qui iraient financer au moins une école et en restaurer plusieurs ? Cette augmentation, si elle est décidée, pour la baguette uniquement et non les gros pains, n’aura en plus aucun impact sur le pouvoir d’achat du Tunisien qui la paie déjà, mais à la mauvaise personne ! Cette demande est étrange, mais nous croyons que c’est aussi là un acte de lutte contre le «Fassed», l’escroquerie, la prévarication et la concussion !
Cela, d’autant plus, comme l’indiquait déjà le directeur général de l’INC, Lassaad Laabidi, que «près de 900.000 pains retournent quotidiennement aux boulangeries et que le coût du gaspillage du pain est évalué à 100 millions de dinars au niveau des boulangeries, des unités d’huileries, des ménages et des restaurants universitaires». Chaque jour, ce sont ainsi des dizaines de camions pleins de baguettes, jetées dans les poubelles, qui sont ramassées et données gratuitement en aliment pour le bétail. L’INC avait déjà proposé au gouvernement une «stratégie pour la «rationalisation du coût de la subvention des produits de consommation de base, à travers l’adoption d’un comportement de consommation qui limite le gaspillage des produits compensés et notamment le pain». Il parlait manifestement dans le désert ou s’adressait à un gouvernement manifestement occupé à s’endetter, en interne comme en externe, en oubliant de rationaliser les dépenses.
En Tunisie, toujours selon le directeur de l’INC dans une déclaration à l’agence de presse officielle Tap en janvier 2015, «les ménages viennent en tête de liste des grands consommateurs de pain, suivis du secteur touristique, puis des restaurants universitaires (17,370 millions repas) et enfin des prisons. Le pays compte 900 boulangeries spécialisées dans la fabrication du petit pain (baguette) et 2.105 boulangeries spécialisées dans celle du gros pain».
D’après un diagnostic sur le phénomène du gaspillage du pain, réalisé aussi par l’INC qui en fait état à la Tap, il s’est avéré que «le Tunisien achète des quantités de pain, dépassant de loin ses besoins réels, et n’adopte pas de moyens appropriés pour conserver le pain. Les boulangeries, elles-mêmes, produisent des quantités qui dépassent leurs capacités de commercialisation».