AccueilLa UNEALECA : La Tunisie ralentit le pas, l'UE pourrait sortir le bâton

ALECA : La Tunisie ralentit le pas, l’UE pourrait sortir le bâton

L’Accord de libre-échange complet et approfondi, le fameux « ALECA », ne cesse d’agiter les esprits des citoyens, et pour cause : il engage le devenir de la nation, sur des aspects de la plus haute importance, alors que les négociateurs eux-mêmes ne maitrisent pas tous les aboutissants, que dire du Tunisien lambda ! Alors que l’Union européenne (UE) le considère comme une opportunité à ne pas rater, la Tunisie ralentit encore le pas et aucune décision officielle relative à son adoption n’a été communiquée et ce, malgré les cercles de rélexion mobilisés pour ce dossier. Ce jeudi 11 octobre 2018, c’est au tour du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) d’ouvrir le débat sur le sujet. Lors d’une rencontre organisée à Tunis, Romdhane Ben Amor, le président du FTDES, a mis en garde contre l’adoption dudit accord, faisant remarquer que l’UE veut que la Tunisie signe l’accord qui lui a été proposé depuis 2015, avant la fin de l’année 2019, ce qui n’est pas possible, selon ses dires.

Il a par ailleurs rappelé que l’accord de partenariat signé en 1995 avec l’UE a causé plusieurs pertes au pays, évaluées à près de 2,5% de son PIB, selon ses dires. Ledit accord a également  approfondi les disparités régionales et fait perdre à la Tunisie plus de 50% de son tissu industriel, toujours selon lui.

« Nous avons constaté qu’il y a beaucoup de choses floues qu’il faut éclairer (…) Nous voulons prendre une position plus radicale par rapport à cette question« , a-t-il dit. En effet, selon un sondage effectué par le FTDES, la majorité des personnes interrogées considèrent que l’ALECA garantit une grande ouverture de la Tunisie sur son environnement extérieur.
Il a toutefois indiqué que cette ouverture peut impacter certains secteurs comme l’agriculture, les services, la santé et les médicaments, soulignant que le plus important est de négocier la nature de cet accord : « Le négociateur tunisien doit prendre en considération l’intérêt général du pays car tout accord sans contre partie sociale, économique et politique est un accord manquant et aura un impact négatif sur le pays », a-t-il affirmé.

Ben Romdhane a dénoncé également l’exclusion de la migration de l’accord en question, pour être négociée dans le cadre d’un autre ; il a expliqué que la migration illégale ou celle des cerveaux est au coeur des affaires économiques et sociales du pays et que toute tentative de se désengager aura un impact négatif. « Nous voulons un accord qui servira l’intérêt des deux pays« , a-t-il soutenu.

Il a en outre indiqué que depuis la proposition dudit accord en 2015, le FTDES a revendiqué une évaluation intégrale et objective des conventions anciennes signées, expliquant que toutes les évaluations sont négatives notamment dans le secteur industriel, l’emploi et le budget de l’Etat : « On ne peut pas passer à un accord plus approfondi sans évaluer les anciens« , a-t-il dit.

Par ailleurs, dans une note d’analyse, le FTDES a indiqué que le projet d’ALECA fait craindre des risques pour les citoyens tunisiens en termes de droits économiques et sociaux. Pas exemple de nombreux emplois risquent de disparaitre dans les secteurs de l’agriculture et des services. De même, la mise en concurrence du secteur agricole pourrait menacer la sécurité alimentaire, en accentuant la dépendance à l’importation pour les céréales, qui sont la base de l’alimentation tunisienne.

L’impact social se fera aussi sentir de manière moins directe. La perte de ressources budgétaires de l’Etat (liée à la baisse des droits de douane) se traduira soit par moins de dépenses sociales et de développement, soit par des hausses d’impôts. De plus, si aucun dispositif n’est prévu, les investissements risquent de se concentrer dans le nord-est du pays et ne pas corriger les inégalités sociales et territoriales.

Toujours selon l’analyse du forum, l’UE promet un développement de l’économie, à travers un meilleur accès au marché européen, des normes reconnues internationalement, et plus d’investissement en Tunisie. Cependant, si nous regardons l’Accord d’Association de 1995, qui a mis en compétition l’industrie tunisienne et européenne, nous constatons que 20 ans après, l’industrie tunisienne est en grande difficulté. Le secteur porteur en Tunisie étant celui des services, faire brutalement disparaître les protections de l’Etat vis-à-vis de ce secteur pourrait l’endommager fortement, en ayant des incidences négatives sur les emplois. Même si cela se fait progressivement, la mise en concurrence inquiète donc tant les organisations de la société civile que les syndicats, et même le patronat. Il faut dire que la compétitivité de l’économie tunisienne est bien inférieure à celle de l’économie européenne. Dans le secteur agricole, elle l’est même 7 fois moins.

De même pour lutter contre l’immigration irrégulière, l’UE souhaite faire pression sur l’attribution de visas. Alors que la mobilité est essentielle pour les Tunisiens, pour pouvoir établir des relations commerciales en Europe, pour rendre visite à des membres de leurs familles, ou simplement venir en vacances, l’accès au territoire européen est filtré par une politique sécuritaire et restrictive.

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