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Ce que je crois : Elyes Fakhfakh enfonce le 1er clou dans son propre cercueil !

A peine installé à la Kasbah, et avant même qu’il n’ait le temps de faire l’audit qu’il a promis de soumettre dans un mois à l’ARP dans le cadre de la présentation de son programme d’action, le gouvernement d’Elyes Fakhfakh vient d’essuyer deux grosses catastrophes. D’abord le coronavirus qui fait jusqu’ici plus de peur que de mal, mais qui va réellement impacter l’économie du pays, notamment le tourisme et l’industrie. L’agriculture se suffira de la sécheresse pour expliquer ses mauvais résultats attendus en céréales et olives.

Ensuite, cette piqûre de rappel d’un terrorisme latent, et que chaque gouvernement dit avoir, à tout le moins, maîtrisé. Le nouveau gouvernement a peut-être raison d’en atténuer l’effet en parlant de loup solitaire, ou d’une opération qui ne serait que comparable à « la danse du coq égorgé ».

Mais le dernier attentat terroriste, ayant été l’œuvre néfaste de jeunes issus d’un quartier à deux pas de l’ambassade et non pas de terroristes venus de Chaâmbi ou de l’extérieur de la Tunisie, est aussi l’indice que la Tunisie reste un cluster en la matière. Et surtout que du chemin reste à faire pour les forces sécuritaires, et notamment les structures de renseignement à l’intérieur du MI, pour éliminer tout soutien populaire au terrorisme dormant.

  • Les mauvaises nouvelles de Fakhfakh

A peine assis dans son fauteuil, le nouveau chef de gouvernement nous donne de ses nouvelles. Mais elles ne sont pas bonnes. « Nous avons travaillé sur l’hypothèse d’une croissance de 1,5 % du PIB en 2020. Avec le Covid 19, nos prévisions ont été revues à la baisse. Nous perdrons 0,5 point de croissance, et nous nous acheminons vers la réalisation de 1 % seulement ». Et encore, pourrions-nous dire au chef du gouvernement. Ce ne sont là que de nouvelles prévisions, bien que le paramètre de la baisse du prix du pétrole puisse avoir son mot à dire, en matière de révision, à la baisse comme à la hausse, des prévisions de croissance. Ceux qui attendaient plus de croissance, et donc plus de valeur ajoutée à redistribuer, moins d’inflation et mieux de pouvoir d’achat, savent désormais ce qui les attend.

Le nouveau chef de gouvernement propose aussi le retour à des négociations salariales triennales, qui étaient en vigueur du temps de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali. Et cela ne devrait point contribuer à instaurer une paix sociale durable, et encore moins une stabilité gouvernementale de la même veine. Sur ce point, il a certainement raison. Mais la politique n’est-elle pas l’art du possible et du raisonnable ? En est-il conscient ? Dans l’interview qu’il a accordée au journal Al-Maghreb, il ne semble pas avoir froid aux yeux, lorsqu’il menace de s’en aller s’il ne réussissait pas. « Et si l’UGTT refusait cette démarche de négociation » lui demandait-on. « C’est fini », répondait-il pour dire qu’il s’en irait !

Et avant même qu’il n’ait le temps de se retourner dans son nouveau fauteuil de nouveau chef de gouvernement, certainement pour tirer sur l’ambulance de son prédécesseur par ce qu’il espère dénicher dans les résultats de l’audit, le gouvernement que l’on disait de la dernière chance, se retrouve obligé de continuer le chemin de son prédécesseur. Dans ladite interview, Elyes Fakhfakh assurait pourtant qu’il est dans une logique de « Il n’y a aucune comparaison. Je suis dans une orientation différente, et nous ne sommes pas dans un esprit de continuité. Nous sommes dans une coupure avec le précédent ».

On pourrait pourtant dire, avec une pointe d’ironie, notamment envers les partis politiques, et notamment ceux du bloc démocratique qui croyaient qu’il suffisait de changer de gouvernement pour faire mieux que l’autre et même sauver le monde, qu’Elyes Fakhfakh a enfin réalisé qu’il n’a pas d’autre choix que de s’inscrire, financièrement surtout, dans la continuité de son prédécesseur. C’est-à-dire négocier avec le même FMI que ses partenaires au gouvernement et son partenaire social l’UGTT dénoncent. Les réformes demandées par le FMI, et dont le degré et le temps de concrétisation forment la pierre angulaire de sa négociation avec le gouvernement et déterminent même le timing du versement des 1,3 Milliards de dollars qui restent de l’accord avec le FMI, Elyes Fakhfakh en parle en d’autres termes, mais qui signifient la même chose.

  • Le chef du gouvernement qui se met, déjà, lui-même le doigt dans l’œil

Mais le plus important, ce n’est pas cela. C’est plutôt son souci de plaire politiquement, aux dépens de l’économiquement correct. C’est aussi de s’abstenir de déclarations qui n’ont qu’un intérêt politique local. Des déclarations qui rendront, c’est sûr, encore plus difficiles ses conditions de négociation avec ses bailleurs de fonds et plus spécifiquement le FMI.

En effet, répondant à une question sur l’état des finances publiques telles qu’il les avait découvertes en entrant à la Kasbah, le nouveau chef du gouvernement met tout de suite en doute les chiffres de l’ancien gouvernement. « Les premières évaluations laissent apparaître [Ndlr : Fakhfakh utilise l’indicatif de la certitude et même pas le conditionnel] des données qui n’ont pas été prises en compte dans le calcul du taux du déficit [Ndlr : du budget], puisqu’il y a eu retardement de certains paiements pour la compensation et pour les fournisseurs. Il y a aussi la question de la mise à jour des ressources budgétaires de l’Etat sur la base du taux du PIB, réellement réalisé en 2019 », a ainsi parlé Elyes Fakhfakh qui promettait même d’en dire plus.

On comprendra donc que le chiffre d’un déficit budgétaire de 3,5 % est faux, et pourquoi pas, intentionnellement ou non, traficoté. Une grave accusation d’abord, et un indice que les négociateurs du FMI ne manqueront pas d’utiliser et d’extrapoler sur le reste des données qui leur ont été communiquées par l’ancien gouvernement pour revoir leurs conditions et leur évaluation de la situation financière de la Tunisie, et peut-être même décider de faire une revue plus approfondie avant même de négocier avec un nouveau gouvernement qui n’a que quelques mois de temps avant de déclarer le Shutdown, et peut-être même se mettre dans la même situation que le Liban !.

Et en jetant, ainsi, le discrédit sur les chiffres et données de ses prédécesseurs, Fakhfakh ne se rendait-il pas aussi compte que les agences de notation pourraient utiliser ces « révélations » du nouveau chef de gouvernement sur les chiffres, peut-être falsifiés, de la Tunisie, pour dégrader encore plus ses notes et lui rendre l’accès au financement international encore plus difficile et coûteux ???

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1 COMMENTAIRE

  1. Les agences de notation ont déjà mis en doute les chiffres présentés par le gouvernement Chahed ! N’en déplaise à l’auteur de l’article , je trouve que le nouveau premier ministre a bien fait de dire la vérité au peuple tunisien . Les temps de la manipulation des données et des prévisions économiques sont révolues .

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