AccueilLa UNEFMI : Kais Saïed vs Gouvernement Bouden. Qui cèdera devant l'autre ?

FMI : Kais Saïed vs Gouvernement Bouden. Qui cèdera devant l’autre ?

Il l’avait déjà ouvertement critiquée le 29 décembre 2021. Ce jour-là en recevant la 1ère de ses ministres, le président de la République Kais Saïed a affirmé avoir paraphé la loi de Finances pour l’exercice 2022, préparée par le gouvernement de Najla Bouden, « malgré qu’elle comporte des choix dont il disait déjà qu’ils étaient peu convaincants (…) et des choix qui ne permettent pas de répondre aux revendications du peuple en matière de justice fiscale », selon ses dires. Il avait pourtant paraphé cette LFR (Loi de finances rectificative), et elle a avait été appliquée et  rapporté plus 22,6 % de recettes à l’Etat que la LF de 2021.

Najla Bouden, et tout le staff de négociation, dont les ministres du Développement et celle des Finances, ainsi que le Gouverneur de la BCT, avaient ensuite rencontré à plus d’une reprise les experts du FMI et sa directrice générale. La 1ère des ministres du gouvernement Saïed, avait alors, par deux fois, rencontré Kristalina Georgieva, et discuté de toutes les conditions du prêt d’assistance budgétaire, dont les fameuses réformes.

–          Une diplomatie financière à la « va-comme-je-te-pousse »

Et il est dans tout cela une vérité. Celle que tout ce beau monde du gouvernement tunisien n’avait pas pu faire, sans au moins que le chef de tout l’Etat ne soit au courant, sinon même donné ses instructions à ce sujet. Saïed avait même rencontré, en janvier 2023, la veille même du départ de la délégation économique tunisienne qui avait participé au Forum de Davos, Najla Bouden, qui  avait alors rencontré,  à son tour,  la DG du FMI pour la seconde fois.

Depuis, les choses ont beaucoup évolué. Kais Saïed considère désormais comme un diktat du FMI le canevas de réformes sur lequel est basé tout l’accord de prêt des 1,9 Mds USD préparé par les soins du gouvernement donné en gestion pour Najla Bouden.

L’information est que le chef de tout l’Etat tunisien refuse de remettre en cause le système de la compensation, considère comme  ligne rouge toute la question des entreprises publiques, et la masse salariale,  continue de progresser sur fond d’une croissance atone et d’une inflation qui porte la marque des déficits jumeaux.

Notre analyse est que Saïed aura, ainsi et en définitive, mis à plat tout le plan de relance de l’économie, cogité et présenté au FMI par Najla Bouden et son gouvernement. Le ministre du Développement continue de  penser  que le FMI reste le seul plan de sortie de crise et qu’il n’a pas un Plan B, et la ministre des Finances continue de croire aux vertus magiques de ce crédit des 1,9 Mds USD, poussant à poings fermés vers un effet éviction de tous les autres opérateurs du marché des crédits locaux. Elle parle toujours des réformes, tout en restant sur le grill de la dette locale, en grappillant chaque mois sou sur sou pour arriver à payer les salaires et les retraites et faire avancer, à la va-comme-je-te-pousse, la charrette de l’économie tunisienne dans sa globalité.

–          Un nouveau schéma de développement qui pourrait tout changer

Partis politiques mis en sourdine, syndicats travaillistes éconduits, patronat toléré en dépit de l’illégalité de son actuelle situation, justice et législation devenues des fonctions et non plus des pouvoirs, Kais Saïed est devenu l’unique leader politique de la Tunisie, faiseur et défaiseur de gouvernements, et tous ceux qui dérogent aux directives sont écartés.

Le président de la République, chef de tout l’Etat, mène désormais tout le gouvernement à la baguette. Il n’aime pas entendre parler les autres, et n’aime pas qu’on les entende parler, même dans les vidéos de ses audiences. Il a mis la presse sous l’épée de Damoclès du décret-loi 2022-54, placé ses « régulateurs » sur plus d’un plateau TV, et remis entre les mains de ses fidèles Télévisions et Radios publiques.

Son projet politique pour la Tunisie-SARL étant sur le point d’aboutir, il se réveille désormais à l’économie dans une vision qu’il résume dans une caricature vieille de 86 ans. Le nouveau schéma de développement qu’il a mis en place, comme toujours, seul en en parodiant des consultations, c’est Malek Zahi qui en a dévoilé les grandes lignes à Genève, en la présence silencieuse de l’Utica et d’une UGTT qui s’aligne.

Le chef de tout l’Etat tunisien est désormais le seul à gérer le dossier du FMI, mais dans une discordance totale avec les éléments de langage développés depuis des mois par Najla Bouden (il est vrai que cette dernière ne parle jamais, ni de politique, ni d’économie et encore moins de finances.

Elle écoute en hochant la tête), Marouane El Abbassi, Samir Saïed et Sihem Nemsia. Et cela discréditera désormais tout processus de discussion qui ne soit pas directement mené par Kais Saïed.

–          Qui le FMI croira-t-il ? Un gouvernement qui ne décide de rien ou un Saïed qui prépare tout autre chose ?

Avec la nouvelle dégradation de la note souveraine par Fitch Ratings (Une امك صنافة comme appelle Saïed les agences de Rating), la position de la Tunisie dans le dossier FMI devient compliquée.

Et quand bien même le FMI entendrait-il les suppliques de la cheffe du gouvernement Italien Giorgia Meloni,Il faudra qu’il déclare infructueux le dernier SLA (Staff Level Agreement)  d’octobre 2022, qu’il recommence tout depuis le début. Entamer ensuite de nouvelles discussions, sur la base d’un autre plan de réformes à mettre au point (par Carthage, ou par La Kasbah ?), qui pourrait aboutir à un nouveau SLA, le possible décaissement d’une 1ère tranche de crédit en appui des politiques économiques.

Délier les cordons de la bourse sans conditions (On ne sait pas encore si le « Team Europe » a évoqué cela ce dimanche avec Kais Saïed), le FMI ne le fera pas au risque de baisser son froc désormais devant tout membre demandeur de crédit et pourrait faire mauvaise jurisprudence. Trouver une autre formule de prêt urgent pour la Tunisie, en attendant que le « Plan Marshal » de l’Europe pour la Tunisie de presqu’un Mds € promis par l’Europe conduite par « La Meloni » se mettent en place, et en espérant qu’il ne contiendra que des promesses, pourrait être une solution de rechange au MEDC (mécanisme élargi de crédit) qui bat désormais de l’aile entre Tunis et Washington. Encore faudrait-il s’entendre sur le fait qu’il ne suffit pas pour une Sarl ou même une SA, d’obtenir crédit, pour se redresser automatiquement.

Pour cela, il faudra remettre, sinon imposer, la culture du travail pour créer la richesse à redistribuer en salaires, investissements publics et services sociaux. Et cela n’est pas encore évident, et ni Carthage, ni La Kasbah n’en déclarent programme !  

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1 COMMENTAIRE

  1. Des choses bizarres qui retiennent l’attention des tunisiens :
    1- l’absence de la Cheffe du gouvernement dans la réunion à Carthage avec les responsables de l’UE, est-elle malade ou encore de limogeage;
    2- les épisodes du crédit FMI, il faut qu’il comprenne que ce crédit de 1,9 milliard de dollars est soumis à une procédure claire et nette et cela pour tout emprunteur. En Tunisie, les crédits bancaires sont octroyés par les banques tunisiennes à des projets sont soumises à un business plan car ce BP permet de voir clair si le projet présente une rentabilité de façon à ce que le promoteur puisse honorer ses engagements, si le rentabilité n’est pas certaine, le crédit est refusé. Le FMI ne voit pas le côté social car ce n’est pas un banque sociale, si la Tunisie n’engage pas les réformes, elle se trouve dans l’incapacité de ne pas rembourser son crédit et cela engendrera des pertes pour le FMI. Si la Tunisie ne s’engage pas sur ces réformes qui peuvent être négociées avec le FMI, il n’y aura pas de crédit, c’est simple comme bonjour, la Tunisie utilisera d’autres réseaux financiers plus stricte et le taux très élevé si elle est capable. Aucun ministre n’ose convaincre le Président par manque de compétence et de courage, il faut l’affronter quitte à démissionner en cas d’échec.

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