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La galère des salaires pour Ali Kooli

Pour arrêter l’hémorragie des finances publiques dont il a fait une urgence absolue, le nouveau chef de gouvernement tunisien aura nécessairement besoin de plus de ressources. Et même s’il continue de compter pour cela sur la place financière locale pour en mobiliser encore, il lui faudra inévitablement recourir à l’endettement étranger.

Selon l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives (ITCEQ), la dette publique est passée de 25639,9 MD en 2010 et atteindra les 94068 MD au terme de l’année en cours, frôlant les 80% du PIB. La dette risque désormais d’emporter tout le PIB. Elle n’en resta pas moins indispensable.
Or, pour faire au moins face à l’urgence, le nouveau gouvernement devra rétablir les relations et relancer la négociation avec le FMI, principal bailleur de fonds. L’une des conditions de ce dernier, c’est la maîtrise de la masse salariale. C’est quoi cette masse, que représente-t-elle et quel danger présente-t-elle ?

Une moyenne mensuelle de 1400 DT par fonctionnaire

La rubrique « salaires et rémunérations » du budget représente la masse monétaire servie par l’Etat à ses agents. Il s’agit essentiellement des quelque 680 mille fonctionnaires et les quelques autres institutions assimilées, comme l’Ena (Ecole nationale de l’administration), la Cour des comptes et autres. Cela ferait une moyenne générale annuelle nette de 1400 DT par mois et par fonctionnaire.
Cela, sans compter les avantages en nature, propres à chaque corps de fonctionnaires. Les agents de la Steg et de la Sonede, par exemple, qui bénéficient d’un quota gratuit de consommation, les agents de la CNSS dispensés de cotisation, les agents de la RNTA qui bénéficient d’un quota de dégustation qui coûte très cher, ou encore les instituteurs dont la prime de la rentrée avait coûté, l’année dernière, 200 MDT au budget.

18 % du PIB pour 6 % de la population

Pour toute la fonction publique, cette masse monétaire a été évaluée à 19,030 Milliards DT pour l’exercice 2020. Elle représente 67,3 % de toutes les dépenses de gestion de l’Etat, alors qu’elle ne représentait que 63,4 % en 2019. A fin juin de cette année, le trésor public en a déjà distribué 9,45 Milliards DT, en hausse de 14 % par rapport à la même période de 2019, et de 13,5 % pour juin 2019 par rapport à juin 2018.

Sachant que toutes les ressources de l’Etat tunisien ont été évaluées à 47,2 Milliards DT, dont seulement 28,2 Milliards DT en ressources propres (impôts et taxes, directs et indirects), la masse salariale représente donc 40,29 % de l’ensemble des ressources de l’Etat, et 52,9 % de l’ensemble des ressources propres. Cela veut dire que 70 mille Tunisiens reçoivent, à eux seuls, 52,9 % de tout ce que l’Etat récolte en impôts et taxes auprès de tous les Tunisiens, personnes physiques et morales (entreprises).

Sachant aussi que le PIB de toute la Tunisie a été évalué en 2019 à 106,110 Milliards DT, la seule masse monétaire des salaires et rémunérations des 19 Milliards DT, représente  17,934 % de toute la richesse produite par toute la Tunisie (PIB). Cela veut dire, par simple opération sur calculette, que 6 % de la population tunisienne s’approprie presque 18 % de la richesse produite par tout un pays. Le chiffre fait peur. Mais les chiffres ont la tête dure !

Selon les données de l’INS, la valeur ajoutée produite par les services de l’administration publique pour l’ensemble du 1er et 2ème trimestre 2020, se montait à un total de 5,762 Milliards DT. Cette même administration publique aura ainsi reçu en salaires et rémunérations presque le double (9,45 Milliards DT) de toute la valeur ajoutée qu’elle a créée.

 Qui s’occupera des 746 mille chômeurs ? Pas l’UGTT, c’est sûr

Deux questions se posent  face  à tous ces chiffres de la masse salariale en Tunisie. D’abord celle de la trêve sociale demandée par le nouveau chef de gouvernement. Une trêve qui permettrait au budget et aux finances de l’Etat de souffler.
Faut-il ici rappeler que si cette masse dépasse les 19 Milliards DT, les dépenses consacrées par l’Etat tunisien à l’investissement créateur d’emplois et de richesses ne dépassent pas les 7 Milliards DT. Elles risquent même de diminuer, si le nouveau gouvernement décide de faire comme l’ancien et piocher dans le titre 2 pour colmater les brèches du titre 1.

Et on le sait déjà, l’UGTT ne compte pas signer une trêve des augmentations salariales pour 2021. « Nous ne sommes pas en guerre pour qu’on nous parle de trêve », avait ainsi répondu Noureddine Taboubi. « Le plus important, c’est la paix sociale », a-t-il récemment ajouté. Avec le gouvernement Essid, le prix de cette « paix » achetée comme l’avait alors dit feu Béji Caïd Essebssi a été un accord de 2 Milliards DT pour une prétendue paix sociale qui n’avait pas tenu une semaine avant que l’UGTT n’y remette une couche. Feu Slim Chaker signalait alors, en faisant remarquer à un ancien SG de l’UGTT, qu’il signait pour un argent qu’il n’avait pas. Et le syndicaliste lui répondit alors en souriant, que ce n’était pas son affaire.

La seconde question est de savoir qui s’occupera de créer de l’emploi aux 746 mille chômeurs recensés en août, si les salaires de ceux qui ont déjà du travail n’arrêtent pas d’augmenter et de grignoter le PIB.

Dernier chiffre qui pose aussi un grave problème dans l’indifférence générale : la dette représente 80 % du PIB, et les salaires et rémunérations des 6 % de la population 18 % du PIB. Qu’est-ce qui reste aux 94 % autres de la population ?

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3 Commentaires

  1. Il faudrait surtout pas oublier que les 6 % dont tu parle et avec jne certaine hypocrisie assure la vie pour presque 30 % des tunisiens si l’on compte une moyenne de 5 personnes par famille et il s’agit bien des 6% qui assurent la rente de tous les partisans et les entreprises privées dj pays sans ces 6% que tu denigre rien n’irait pour tout le pays …les salariés assurent les banques les commerçants les kndustriels et les artisans…donc soyez corrects et justes avec les 6 %….

  2. Des décideurs politiques et des organisation nationales irresponsables:
    – Quand on a décidé de servir des indemnisations aux bénéficiaires de l’amnistie générale et quand on a recruté en masse dans la fonction publique, personne ne s’est posé la question: »Quelles conséquences catastrophiques allaient avoir ces mesures? »
    L’achat de la paix sociale, qu’on n’a jamais atteint a eu des répercussions négatives sur les états des finances publiques.
    – Quand le S.G de l’UGTT déclare que ce n’est pas son problème quand l’état ne trouve pas de l’argent pour payer les centaines de milliers de fonctionnaires inutiles, il tombe dans le populisme le plus bas, car l’intérêt supérieur du pays lui importe peu

  3. Le fond du problème est que le tunisien n’a plus confiance en ses dirigeants politiques.
    Il ne faut se leurrer, même si l’on conçoit les meilleurs plans de sortie qu’ils soient, le salut ne sera certainement pas au rendez-vous car il y aura toujours un parti qui torpille le processus. Bref, on ne regarde pas tous dans la même direction à savoir l’intérêt suprême de la nation. Toutes les analyses faites autour de ce sujet sont vraies et excellentes mais restent malheureusement sans suite pragmatique.

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