AccueilLa UNELe «Designated Survivor»

Le «Designated Survivor»

Ce mécanisme du survivant désigné (ou un successeur désigné) existe bel et bien aux États-Unis. Il s’agit d’une personne nommée pour la succession présidentielle, choisie pour rester (dans un endroit sûr et non divulgué) à l’écart d’événements tels que les discours de l’État de l’Union et les inaugurations présidentielles. La pratique consistant à désigner un successeur vise à garantir la continuité dans le bureau du président en cas de décès de ce dernier, du vice-président et de plusieurs autres fonctionnaires de la succession présidentielle lors d’un accident de masse. La procédure est née dans les années 1950 pendant la guerre froide avec son risque d’attaque nucléaire (Voir Wikipedia)

Tel semblait être Elyes Fakhfakh, lorsqu’à la surprise générale et de manière inattendue, celui qui avait voté Kais Saïed se trouve chargé par ce dernier de former le gouvernement. Dirigeant d’un parti disparu des radars de la scène politique (Ettakattol, avant qu’il n’en démissionne il y a juste quelques pours), Fakhfakh semblait être le survivant aussi bien chez Tahya Tounes dont il n’est ni membre, ni proche, d’une scène politique qui s’était presque toute essayée au pouvoir, sans y parvenir par le vote, ou sans réussir dans l’exercice.

Les résultats des différentes élections depuis 2014 ont, en effet, déjà sanctionné au moins deux couches de la classe politique issue de ladite révolution. Certains partis ont complètement disparu, d’autres ont été fortement laminés, d’où d’ailleurs l’émergence d’une génération spontanée qui avait hissé en haut du podium un antisystème comme Kais Saïed.

  • Fakhfakh : L’homme du président et il voudrait en avoir les moyens

Fidèle à sa vocation de politicien de la dernière minute, et en l’absence d’un politicien de son acabit, le chef de l’Etat tunisien avait fini par faire appel à un homme oublié et aussi inattendu que la montée en flèche de son étoile, un homme dont il avait certainement annoté le nom sur son carnet, depuis qu’il avait appelé à voter KS au second tour des présidentielles, comme étant le successeur désigné de Youssef Chahed à la tête du gouvernement. D’où les gestes et les mots de reconnaissance d’Elyes Fakhfakh à son mentor Kais Saïed.

«Designated Survivor», Fakhfakh se place, dès sa 1ère conférence de presse, en dehors des cercles d’obédience de tous les partis, même le sien dont il démissionnera, et planifie un prochain règne absolu de l’Exécutif dans un théâtre politique où tous les acteurs avaient été mis, dès le vote de la Constitution par l’ANC, sur le même pied d’égalité à l’échelle du pouvoir.

C’est pour cela qu’Elyes Fakhfakh se propose de se doter des pouvoirs qui l’habiliteront à faire passer des lois ou à prendre des mesures, sans être obligé de les faire voter auparavant par les députés. Il demande, en effet, dans son document «programme», que l’ARP lui permette de légiférer par ordonnance, au sens où le stipule le fameux «article 38» de la constitution française.

Il se fait César de Dar Dhiafa (lieu où se déroulent les négociations pour la formation du gouvernement, et à une cordée du palais de Carthage), balise son terrain de jeux, le limitant aux parties qui ont voté Saïed lors du second tour des présidentielles, et exclut ceux qu’il ne voudrait pas retrouver à ses côtés à la Kasbah, et ceux qui doivent rester dans l’opposition.

Pour l’instant, les partis mécontents comme Ennahdha et Qalb Tounes, font de la résistance et disent se préparer à des législatives anticipées, pour lui donner et à son Président, l’impression qu’ils pourraient réserver à Fakhfakh le même sort qu’à Habib Jemli, quitte à recourir ensuite à l’article 97 de la Constitution qui évoque la motion de censure. Ennahdha parle même d’un projet de loi pour modifier la loi électorale. Nous sommes au 10ème jour des négociations et on discute encore le programme. Certains disent qu’il aurait déjà les noms de ses ministres en tête, mais rien n’a encore filtré.

  • Tiendra-t-il ses promesses, ou fera-t-il comme les autres ?

On ne sait pas, par ailleurs, s’il va utiliser ses ordonnances pour appliquer l’égalité successorale. Il l’avait promis dans son programme pour les présidentielles, on n’en trouve plus trace dans son document. On ne sait pas non plus s’il légiférera sur la question des drogues douces et l’homosexualité. Il l’avait aussi promis, et l’avait oublié dans son programme. On verra aussi s’il signera ou non l’ALECA, s’il arrivera à réaffecter les fonctionnaires de l’Etat, et s’il arrivera avec son programme d’un Etat-providence, à terminer les réformes lancées par le gouvernement de Youssef Chahed, et à mobiliser les ressources nécessaires pour le budget 2020 et notamment auprès du FMI et de la Banque Mondiale. Toutes ces questions lui avaient été posées par Africanmanager lors de sa première conférence de presse. Mais il avait botté en touche et n’en avait répondu à aucune.

Et pourtant, «les grandes réformes ont progressé, mais elles n’ont pas continué. Par conséquent, le nouveau gouvernement doit continuer à travailler pour les terminer, afin qu’il puisse gagner la confiance des donateurs internationaux et être en mesure d’obtenir les fonds dont il a besoin à l’avenir« , déclarait Ferid Belhaj, vice-président de la Banque Mondiale pour la région MENA, le 20 janvier 2020 sur Mosaïque fm

Belhaj a aussi annoncé que tous «les bailleurs de fonds internationaux se réuniront à Washington en avril prochain, et le nouveau gouvernement doit s’y préparer et présenter un programme de réformes et de vrais projets pour les présenter. Et donc 2020 pourrait être une année de tous les succès, cela pourrait aussi être une année de risques et le nouveau gouvernement devrait s’en tenir à cette opportunité», a encore précisé F. Belhaj.

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