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Les bonnes intentions réformistes et professions de foi de Najla Bouden

Etalé sur 70 pages, le programme des réformes économiques et sociales (Cliquez ici pour télécharger le Doc en arabe), dont l’objectif est la « stabilité économique et financière », a été présenté la semaine dernière par la cheffe du gouvernement aux consultés de Kais Saïed. Un programme « préfabriqué » par 400 cadres tunisiens parmi l’élite de l’Etat et des différents ministères ». Une précision, pas anodine mais qui en dit plus long que la réalité, faite par Nejla Bouden, pour essayer de faire passer le message qu’il est tuniso-tunisien, et non imposé par les bailleurs de fonds étrangers.

  • Tous, sauf l’UGTT principal écueil

La cheffe du gouvernement a aussi pris soin de préciser que « il a fait l’objet, comme vous le savez, de consultations, en partenariat et en accord avec tout le monde ». Des précisions, cependant, volontairement floues, puisque son « tout le monde » oubliait de souligner que l’UGTT n’avait toujours pas, et depuis novembre dernier, envoyé ses réponses officielles à la Kasbah, et que la centrale syndicale avait toujours signifié verbalement son opposition de principe à ce programme de réformes.

Une centrale syndicale qui fait feu de tout bois pour entraver le programme politique du chef de tout l’Etat. Mais une UGTT, qui en deviendrait presque, volontairement ou non mais de fait, la seule force capable de faire face à un homme politiquement autiste, populiste, qui ne fait que ce qu’il veut, seulement lorsqu’il veut , seulement avec qui il choisit et sans calculer le reste. 

Et « Dar-Dhiafa 7 » après, comme disait Nejla Bouden pour énumérer le nombre de réunions faites autour de ce programme, les réformes ne faisaient toujours pas consensus. Loin s’en faut, d’autant moins qu’il ressemblait beaucoup plus à une revue de bonnes intentions qu’à un programme immédiatement implémentable, les forces de rétention étant encore résilientes à tous les niveaux. Exemples :

Cela pourrait s’apparenter à du Cassandre sarcastique, mais parler en effet de  « relancer l’investissement et améliorer le climat de l’investissement », alors que la crise politique prend chaque jour un nouveau tour avec un Kais Saïed, seul contre tous et un chef de tout l’Etat qui se mettait jubilatoirement tout le monde à dos, reste une vue de l’esprit.

Parler même d’investissement tout court, alors que le chef de tout l’Etat tunisien mène toujours cabale contre les entrepreneurs et les hommes d’affaires et projette de les traîner devant une dite « réconciliation judiciaire » après le passage obligé devant l’IVD dont la « justice » a fait plus de victimes que de bons arrangements, ressemble même plus à une hérésie qu’à un sérieux programme de réforme économique où l’investissement privé est une condition sine qua non.  

Quant à l’avis des investisseurs étrangers, il a été résumé ce lundi 6 juin 2022 par l’ambassadeur du Japon en Tunisie à l’occasion des préparatifs de la prochaine TICAD (ar) qui en deviendrait presqu’improbable de tenue en août prochain dans la Tunisie de Kais Saïed 

  • Un Site pour l’investissement, véritable ode à Samir Saïed

Parlant encore d’investissement, en énumérant les « réalisations », le document du gouvernement tunisien annonce le lancement de la plateforme dédiée « Market access », site presqu’ode au ministre du Développement économique Samir Saïed. Dans la rubrique actualité, il n’y a en effet que des infos sur l’actualité du ministre, alors que l’investissement, c’est aussi les finances, et le commerce ou la Douane pour ne citer que ceux-là.

Sinon, à la recherche par exemple des opportunités d’investissement dans le transport, le site ne vous offre en résultat de recherche qu’un ensemble de cahiers des charges et des autorisations. Or, le document des réformes de Nejla Bouden mettait en 2ème axe la concrétisation de la liberté de l’investissement, parlait de « propositions de valeur » et évoquait une « trajectoire unique numérisée » pour les investisseurs et de « numériser les services en relation ».

Mieux, le portail de Saïed, qui fait toujours référence à l’ARP, précise qu’il « ne couvre pas les concessions accordées par les autorités compétentes, les autorisations faisant l’objet d’appels d’offres, et les autorisations accordées par l’assemblée des représentants du peuple au sens du chapitre 13 de la constitution », autant d’obstacles déjà avérés pour l’investissement étranger !

  • Des recettes de finances sans terminal de cartes de paiement, pour numérise le Fisc

Les critiques de ce plan de réformes ne manquent point, car en journalisme, on parle surtout du train qui arrive en retard et car le document est humain. Les bonnes idées existent aussi pour faire mieux, comme dans un document qu’il lui a été récemment donné, et qu’elle semble avoir ignoré.

Il n’en reste pas moins vrai que parler comme le fait son plan de réformes, d’améliorer les capacités de recouvrement des recettes fiscales et lutter contre le marché parallèle, alors qu’en Tunisie,  les recettes fiscales munies d’un terminal de paiement par carte bancaire se comptent sur les doigts d’une main. En Tunisie aussi, les recettes fiscales ne reconnaissent le chèque bancaire que certifié par la banque. Tous des défaillances, contraires aux principes de la transparence et de la numérisation, dont se targue le programme gouvernemental de réformes.

Mais aussi des incohérences fiscales, dont l‘objectif est principalement d’augmenter les recettes fiscales, comme une « taxe carbone » dans une économie qui fonctionne toujours aux carburants fossiles, qui hésite à franchir le pas de la transition énergétique en matière de transport, jusqu’à renvoyer des bus électriques  offerts en dons par les Chinois et abandonnés, ou la petite réduction fiscale et les grosses taxes douanières pour les voitures hybrides. Des incohérences encore, comme en matière d’application de la TVA pour certaines professions libérales comme les avocats et les médecins. Et ce ne sont là que quelques exemples. Et c’est ce qui nous fait dire que c’est un plan de professions de foi, parsemé de bonnes intentions plus qu’un programme bancable de réformes bien structurées !

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