Le secteur des phosphates peine à remonter la pente et reprendre son rythme habituel. Rencontré en marge de la « Conférence Economique Méditerranéenne », organisée à Tunis, le ministre de l’Industrie, Mehdi Jomaâ nous a indiqué que le secteur des phosphates fait face, aujourd’hui, à plusieurs difficultés et que la CPG est alourdie par les recrutements massifs réalisés après la Révolution.
Il a affirmé que le secteur des phosphates demeure, toujours, sinistré à cause des troubles survenus durant ces deux dernières années, ce qui nécessitera beaucoup du temps pour y venir à bout. Et d’ajouter que même si le secteur des phosphates reprenait le rythme habituel de son activité, il aurait encore quelques années devant lui pour s’y retrouver, appelant, à engager un travail de redressement : « Il est primordial d’arrêter tous les blocages et les entraves, et travailler sérieusement afin de redonner la vie à cette entreprise », a indiqué le ministre, précisant que l’avenir de la région de Gafsa où se situe la compagnie sera plus difficile sans phosphates. En effet, la production annuelle des phosphates a connu un recul sans appel, ces dernières années, passant de 8 millions de tonnes en 2010 à 2 millions de tonnes en 2012. L’objectif, aujourd’hui, est d’atteindre 4 millions de tonnes, soit la moitié de ce qu’a été produit en 2010.
Le ministre de l’Industrie a indiqué, dans ce cadre, que la situation de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) est alourdie par les recrutements massifs qui ont été effectués, passant de 9 mille, avant la révolution, à 27 mille actuellement : « C’est le droit de la société d’embaucher mais jusqu’à certaines limites », a précisé le ministre, soulignant que le recrutement massif à la CPG a pénalisé le secteur, notamment avec une production divisée par 2 et un prix de vente en baisse sur le marché international : « Il faut prendre conscience de tout cela et arrêter d’appliquer, à chaque fois, des couches de vernis pour se féliciter de choses qui n’ont aucun rapport avec la réalité », a expliqué le ministre, précisant qu’aujourd’hui, la CPG est dans une vraie crise et a besoin de reprendre son rythme de production et d’être soutenue par les citoyens de la région.
Il a affiché, par contre, des craintes concernant l’avenir des opérateurs et des clients de la CPG qui, selon lui, ne vont pas rester les bras croisés et attendent que la Tunisie règle ses problèmes. Et d’expliquer que certains sites ont repris leur production, tandis que d’autres comme Om Laârayes connaissent toujours des troubles, appelant les salariés à « reprendre leur activité plutôt que de voir nos clients partir et notre compétitivité s’effondrer. »
Evoquant la situation de Gal group, le ministre de l’Industrie a déclaré que la décision d’arrêter les activités de la société, a été prise par le fonds d’investissement qui gère le groupe : « C’est une décision qui lui appartient. On a essayé de voir de quelle manière on peut reprendre tout cela. On a bougé dans tous les sens, mais tous nos efforts n’ont pas abouti à des solutions », a expliqué le ministre, soulignant, cependant, qu’il y a eu de contacts avec certains prometteurs mais rien n’a été encore décidé, à ce jour. Et d’indiquer que des investisseurs européens ont manifesté leur intérêt d’acquérir le groupe. Les négociations sont en cours.
Revenant sur le secteur industriel, le ministre a précisé que la situation n’est pas catastrophique, et qu’en dépit d’un contexte très difficile que ce soit à l’échelle nationale ou internationale, le secteur industriel a réalisé un taux de croissance autour de 3 ou 4%.
Il a appelé, par contre, à ne pas être trop rassuré au regard de ce qui peut arriver notamment avec l’absence de visibilité politique, les tensions sociales et la situation sécuritaire défavorable.
Khadija Taboubi
