AccueilLa UNEQu’est-il arrivé au Dinar tunisien ?

Qu’est-il arrivé au Dinar tunisien ?

Après un épisode  de stabilité, le Dinar tunisien (DT) semble, depuis quelques temps, lâcher  un peu du lest face à sa première monnaie d’échange, l’Euro. Il faut désormais  presque  3,3 DT pour avoir un Euro (€). L’Euro avait, en effet, débuté l’exercice 2020 à 3,1€. Actuellement, et sur l’interbancaire, il est à 3,25. Le DT aurait donc connu une dépréciation de 3,5 % en glissement sur l’année. Pour le Dollar américain (USD), l’année a commencé  à 2,82, mais avec une appréciation à 2,74, et donc une appréciation du DT face à l’USD de 2 points de pourcentage.

Après cela, « tout jugement, en appréciation ou dépréciation du DT, doit tenir compte des mouvements des deux parités, € et USD qui sont les deux monnaies de libellé pour le règlement de 90 % des échanges de la Tunisie, dont quelque 50 % en € », commente une source autorisée de la BCT pour Africanmanager.

La variation de l’Euro/Dollar est d’ailleurs un déterminant très important pour les monnaies du reste du monde. Pour le DT, par exemple, lorsqu’il fait un mouvement en balancier non symétrique, il se déprécie par rapport à l’un et s’apprécie en même temps par rapport à l’autre. L’Euro/Dollar est donc un facteur déterminant dans le change du DT. « Ce qui s’est passé récemment en Tunisie, c’est qu’on s’est déprécié face à l’€, car ce dernier s’était apprécié de 1,12 à 1,18, représentant 6 % face au Dollar américain ($) depuis le début de l’année. L’analyse technique montre ainsi que l’Euro/Dollar a été un facteur déterminant dans l’évolution du change du DT, et non d’autres facteurs propres au DT. Et s’il y a dévaluation du DT par rapport à l’€, elle est commune à toutes les monnaies du monde, nos concurrents en premier. Cela veut dire que cette dépréciation du DT ne se traduit en Tunisie, ni en termes de compétitivité, ni en termes de prix et de pénétration de marchés », explique encore pour Africanmanager la source autorisée de la BCT.

Et la même source d’indiquer, pour l’impact de cette dépréciation par rapport à l’€ sur la dette, que « ce que la Tunisie perd sur l’€, elle le récupère automatiquement sur le $ en impact net sur la balance de paiement ». Et d’ailleurs, nous dit cette même source autorisée de la BCT, « pour se prémunir contre les risques de change €/$, les banques font une pondération de leurs positions, une en € et une autre en $, de sorte que si elle perd sur l’Euro, elle gagne sur le dollar. On peut conclure de tout cela que la petite dépréciation du DT n’était donc due qu’à la parité Euro/dollar ».

1er déterminant de la valeur du Dinar tunisien, la liquidité. Et elle existe

Et notre source de préciser que les trois facteurs qui déterminent la valeur du DT sont le cours de change Euro/Dollar sur le marché international, la liquidité en devises du marché domestique de change, et les anticipations des opérateurs économiques locaux.

C’est ainsi que, pour le premier critère de la liquidité, notre source autorisée estime qu’elle n’a jamais éprouvé un stress qui aurait exercé une pression sur le DT par la dynamique de dépréciation due au mécanisme de Pricing du DT. « De janvier au 15 mars 2020, nous avions fixé une position de change, longue moyenne, de 20 MUSD, et cela s’est traduit par une stabilité du change. A partir d’avril et jusqu’à mai 2020, les rentrées en devises ont baissé et les paiements ont augmenté, mais on est resté sur une position de 40 MUSD, grâce notamment à un mouvement de vente de devises contre le Dinar. De juin à septembre, on est retourné à la position moyenne de 20 MUSD. Depuis le début de l’année donc, on était dans une position de change d’une moyenne de 30 MUSD, et donc pas dans une position assez confortable, et en tout cas pas de dépréciation qui serait due aux positions de change des banques qui auraient exercé des pressions baissières sur le cours du DT ».

Question de Stress, et il était absent

En essayant de décortiquer ce manque de pression sur le DT à travers la balance générale, on remarque que la Tunisie terminait les huit premiers mois 2019 avec 7,1 Milliards USD de déficit commercial. Au terme des 8 premiers mois 2020, ce déficit était à 5,5 Milliards USD. Cela a induit une baisse du déficit commercial sur le marché de change de 1,6 Milliard USD, « ce qui veut dire que l’effort de règlement n’a pas été élevé sur le marché de change local », explique notre source.
Dans le détail, le secteur des services, le tourisme n’a réalisé, jusqu’à fin août 2020, que 520 MDT, après les 1,2 Milliard USD en recettes pour la même période 2019. C’est ainsi une baisse de 750 MDT USD. La balance de transferts a cependant réalisé 1,3 Milliard DT en huit mois 2020, contre 1,2 Milliard USD à la fin août 2019, d’où un plus de 100 MUSD. Pour la facture énergétique, le marché de change tunisien a déboursé 3,1 Milliards USD pour les 8 mois 2019, contre 2,8 Milliards DT, d’où une économie de 600 MUSD, 80 % grâce à l’effet prix. « On constate ainsi que le manque à gagner sur le tourisme a été vite compensé par la hausse des transferts des TRE et la baisse de la facture énergétique. Et on constate ainsi de nouveau qu’en termes de liquidités en devises sur le marché de change, le Dinar n’a pas subi de pression notable, qui aurait pu impacter le cours de change de la monnaie locale », estime la source autorisée de la BCT.

La politique monétaire a cassé les anticipations sur le Dinar

Pour la question des anticipations des opérateurs économiques qui pourraient influer sur le cours du DT, elle est traçable à travers les demandes de couverture à terme. « Or cette activité n’a pas bougé », affirme notre source autorisée.

Notre source rappelle, à ce propos, les effets de la politique monétaire, rigoureuse et plus restrictive, suivie par la BCT après la forte dépréciation d’avril 2019, et qui avaient permis un retracement technique de 10 % de la courbe du Dinar, et lui redonner du souffle, et qui a surtout cassé les anticipations des opérateurs. Et certains opérateurs y avaient alors douloureusement perdu quelques grosses plumes. « Tout cela, ajouté à la poursuite de la stabilité du Dinar malgré la crise du Covid-19, n’a pas donné l’élan nécessaire pour un nouveau courant d’anticipation. Cela est visible à travers cette nouvelle tendance qu’on constate désormais chez les opérateurs de privilégier les opérations au comptant, et même de vendre les devises reçues, apparemment de peur d’essuyer une nouvelle appréciation du DT, ce qui a participé à la création d’une situation de liquidité sur le marché domestique de change encore plus confortable ».

Selon notre source autorisée, « le Dinar est aussi de plus en plus demandé, à cause de son loyer très élevé, et donc rentable en placement, et de la situation de liquidité des marchés domestiques de change, qui ont été confortés aussi par le stock des réserves à 140 jours d’importation, ce qui coupe le souffle à toute velléité d’anticipation ».

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