Personne n’est capable de prédire l’état de la Tunisie d’ici les élections de 2019, et encore moins dans quelques années, pas mêmes les experts les plus chevronnés et les plus fins observateurs. Mais il y a des chances que la mariée soit moins belle que présentement, avec tout ce qu’elle aura subi. Et les coups de boutoir de Noureddine Taboubi, leader de la centrale syndicale, n’arrangent rien à l’affaire. Il faut dire aussi qu’il doit son nouveau statut de défenseur de la population active, de la veuve et de l’orphelin à la montée de la défiance vis-à-vis des dirigeants du pays. C’est un excellent terreau sur lequel peuvent prospérer la posture de l’UGTT et toutes les formes de populisme. Et tout cela est copieusement alimenté, au quotidien, par les dérives de ce qui nous sert d’élite – il en faut bien une ! Les derniers exemples en date sont le comportement inqualifiable de nos députés, qui viennent de nous offrir une énième séance de pugilat en pleine ARP; il y a aussi cette affaire ubuesque du Contentieux de l’Etat, qui cherche pas moins de 180 bureaux pour caser je ne sais quoi ou je ne sais qui, avec les deniers publics, nos sous à nous tous. Deux anomalies majeures en moins d’une semaine. Elle est pas belle la Tunisie ? Ils vont même se battre pour lui offrir leurs services. L’écurie présidentielle fait ses tours de chauffe. Quant au chef du gouvernement, Youssef Chahed, les réponses qu’attendaient ses partisans commencent à tomber.
Le costard de Chahed est déjà prêt !
La députée de la Coalition nationale Houda Slim a assuré que le groupe clôturera le 27 janvier 2019 à Monastir une série de réunions régionales organisées dans plusieurs gouvernorats, à l’issue desquelles d’importantes décisions seront annoncées dont le nom du nouveau parti. Elle a ajouté que les préparatifs pour la tenue du congrès constitutif du parti et des élections législatives démarreront en mars prochain. Selon l’élue, un groupe soutenant Chahed sera le président du nouveau parti, au regard de la confiance dont il bénéficie auprès d’une large frange de la société tunisienne, s’est-elle expliquée dans un entretien accordé à l’agence TAP.
Au sujet de la position du gouvernement vis-à-vis des prochaines élections, la députée a estimé que parler de la neutralité du gouvernement n’a aucun sens, expliquant ainsi qu’il n’existe pas dans la loi ce qui pourrait empêcher le chef du gouvernement ou l’un des membres de son cabinet de participer à la vie politique ou de se présenter aux élections. « Cette question est une » invention tunisienne » qui n’a pas d’égal dans aucun autre pays », a-t-elle souligné
A propos de l’éligibilité de Youssef Chahed à la présidence de la République, Houda Slim a soutenu que « c’est son droit d’aspirer à ce poste« , n’écartant pas cette éventualité.
Elle a fait observer, dans ce sens que Chahed ne participe pas à présent aux réunions préliminaires et que les membres du groupe exercent leurs activités avec leurs propres moyens et n’utilisent, aucunement, les moyens de l’Etat pour mener leurs actions.
Éviter les erreurs fatales de Nidaa Tounes
Sur les reproches adressés au groupe de la Coalition, la députée a précisé que les membres ont effectué une série de réunions régionales dans plusieurs régions avec la société civile et les cadres des régions et que ces actions seront élargies à toutes les régions dans le but d’échanger les vues et de débattre, dans un esprit participatif, de tous les détails relatifs au nouveau parti.
Elle insisté sur le souci d’éviter les erreurs du passé « en faisant en sorte que la décision émane toujours de la base« .
Se révélant d’une efficience certaine, ces réunions, a-t-elle fait observer, ont permis de lever le voile sur le mécontentement des Tunisiens de la vie politique et de ses méthodes de gestion. Les rencontres ont révélé une grande aspiration des Tunisiens au changement et à l’existence d’un parti du centre représentant les Tunisiens modérés. Houda Slim a indiqué qu’il n’y a pas de volonté chez la base d’intégrer à nouveau le mouvement Nidaa Tounes, étant donné que ce dernier a perdu de sa crédibilité auprès des citoyens.
La députée a indiqué que le nouveau parti veillera à ce que ses décisions soient prises sur la base de la concertation et de la participation et de manière transparente. Elle a laissé entendre dans ce sens que des élections seront tenues dans les régions pour choisir les élus qui représenteront les citoyens adhérents au nouveau parti et formant les bases de ce dernier. « Nous promettons à nos partisans dans les régions que nous serons continuellement en contact avec eux et que nous écouterons attentivement leurs avis et leurs suggestions, sans aucun accaparement unilatéral du pouvoir de décision » a affirmé Houda Slim. »Ce nouveau parti aura un poids considérable, compte tenu des foyers d’expériences de ses dirigeants dans le champ politique, lesquels, sont loin d’être des amateurs. Nous seront sûrement prêts pour la bataille des élections législatives de 2019« , a affirmé la députée, faisant observer que plusieurs citoyens ont exprimé leur souhait d’adhérer au parti.
Quid des liens avec Ennahdha ?
Pour ce qui est de la relation avec le mouvement Ennahdha, Houda Slim a estimé que le rapprochement ou la prise de distance vis-à-vis du mouvement sera conditionné par les résultats des prochaines élections législatives prévues fin 2019. « Si notre parti sort majoritaire avec 109 sièges ou plus, à ce moment nous travaillerons avec une aisance totale sans être obligé de se rapprocher du mouvement Ennahdha ou d’une autre entité politique pour faire passer les projets de lois. Dans le cas contraire, nous serons contraints à chercher des consensus avec Ennahdha ou avec d’autres partis, et ce, pour éviter d’entraver les projets de loi ou le travail parlementaire (…). Globalement le nouveau parti ne fera pas de consensus avec le mouvement Ennahdha, étant donné que nos idées et nos orientations sont complètement différentes des leurs« , a-t-elle encore fait savoir.
Houda Slim a estimé que le rapprochement de Nidaa Tounes avec le mouvement Ennahdha, voulu selon elle par le président de la République, a été vécu par les bases de Nidaa Tounes comme une « trahison« . « Le nouveau parti ne répètera plus la même erreur » a-t-elle affirmé.
SL/TAP