AccueilLa UNESi même ses soutiens n'y croient pas, ça part mal pour 2019

Si même ses soutiens n’y croient pas, ça part mal pour 2019

Comme à son habitude chaque fois qu’il est acculé, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, s’est montré très pugnace, combatif et même offensif quand il s’est agi de défendre son honneur face à ceux qui l’accusent d’avoir opéré un putsch constitutionnel pour faire passer en force son 3ème gouvernement, quand il s’est agi de défendre le projet de loi de finances 2019 lequel va présider aux destinées économiques de la Tunisie l’an prochain. Ceux qui lui préparent le costume dans lequel il n’aura qu’à rentrer en 2019 – Leila Chettaoui et compagnie – ont aimé le Chahed qu’ils ont vu au Parlement samedi 24 novembre 2018, ses détracteurs beaucoup moins, frustrés de voir toutes leurs attaques glisser sur le chef du gouvernement comme la pluie glisse sur la peau. Il est vrai que Chahed a du panache pour contrer les missiles, mais il n’est pas dit que ses ennemis n’auront pas le dernier mot au vu de tout ce que le locataire de la Kasbah a déballé devant les députés, ou plus précisément de tout ce qu’il s’est engagé à faire dans un laps de temps aussi court avant les élections de 2019.

Vu d’ici, il y avait des aspects programmatiques dans le discours de Chahed, des dispositifs qui, s’ils donnent des résultats en 2019, pourraient, au-delà de leur impact dans l’économie du pays, pourraient être exploités par l’hypothétique candidat aux élections. C’est le cas de la batterie de mesures pour en finir avec l’évasion fiscale, les contrebandiers et tout ce que la Tunisie compte de délinquants financiers. Chahed est même allé jusqu’à déterrer une recette de l’ancien chef de gouvernement Mehdi Jomaa datant de 2014 pour soulager le portefeuille des citoyens : La Commission nationale de maitrise des prix. A ajouter à son volontarisme pour « vendre » le consommer local. Bref, le chef du gouvernement a tenté d’épater la galerie. Et si tout ça ne marchait pas? Je ne voudrais pas être pas être à la place de Chahed si tout ce qu’il a agité sous le nez de la représentation nationale ne fonctionne pas en 2019. Le moins qu’on puisse dire est que Chahed prospère encore sur le bénéfice du doute et qu’au niveau du palpable, macro économiquement et dans le porte-monnaie du consommateur, on attend encore. Bon, les gens raisonnables savent qu’il lui faudra du temps pour que les réformes sur les rails donnent des fruits, le problème c’est que du temps il pourrait en maquer et le couperet risque de tomber, sec, dès 2019. Et si on retranche l’effervescence de la période électorale et la surenchère de l’UGTT, la fenêtre de tir sera encore plus réduite. Et puis il y a ce que disent et font les propres soutiens, les nadhaouis, terriblement inquiétants.

Il n’y aura plus personne si ça foire

Tout avait pourtant bien commencé avec le député du mouvement Ennahdha Hedi Ben Brahem, qui a confié à la TAP suite au discours tonique de Chahed à l’ARP : « le gouvernement s’est fixé des objectifs ambitieux en termes de croissance (2,6% prévus pour cette année et 3,1% pour 2019), et de déficit budgétaire (4,9% prévus pour cette année et 3,9% pour 2019)« . Mais les choses vont se gâter très vite : Une croissance de 3,1% ne fera pas l’affaire pour doper le développement et l’emploi a déclaré l’élu d’Ennahdha. Il a concédé que le Budget de l’Etat pour l’année 2019 fait l’objet de pressions en raison du gonflement de la masse salariale et des dépenses de compensation des hydrocarbures et des matières premières, outre le service de la dette.
Ben Brahem a ajouté que le gouvernement a été obligé de la jouer petit bras pour l’enveloppe affectée aux dépenses de développement, à peine 6,15 milliards de dinars pour 2019, à cause de la montée continuelle de la masse salariale, de 6,5 milliards de dinars en 2010 à 16,5 milliards de dinars en 2019.
Il a également expliqué le repli des dépenses consacrées au développement par le service de la dette,, énorme, jusqu’à 8,7 milliards de dinars en 2019, à ajouter aux dépenses de compensation des hydrocarbures et des matières premières, tout aussi énormes.

Si ceux qui ont aidé le chef du gouvernement à écrabouiller son propre parti, Nidaa Tounes, s’étaient arrêtés à ces constats frappés au coin du bon sens, c’était parfait pour la ligne de défense de Chahed, mais il a fallu que dans la même journée les nahdhaouis brillent pas leur duplicité habituelle, leur double langage coutumier. En effet alors que Ben Brahem explique en partie les déboires futurs de Chahed par le gonflement de la masse salariale dans le public, d’autres députés d’Ennahdha, en premier l’ancien ministre Mohamed Ben Salem, défendent le droit des fonctionnaires à toucher les sous pour lesquels ils ont fait grève. Tout cela veut dire une seule chose : Les islamistes rôdent déjà leurs pirouettes et retournements de veste pour la campagne électorale, et si le chef du gouvernement venait à se louper économiquement en 2019 et qu’il avait le FMI aux trousses, il n’y aurait aucun nahdhaoui pour faire front avec lui. Donc il a intérêt à réussir, pour le bien de la Tunisie avant tout mais aussi pour son avenir personnel. Certes il est plus costaud politiquement que tous les chefs de gouvernement de l’après-révolution et a une incroyable capacité à survivre aux coups de ses adversaires, mais tout cela ne peut en rien lui donner droit à un quitus pour faire l’économie de quelques succès économiques et sociaux tangibles.

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