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Slim Feriani : « se retrousser les manches et travailler » est la seule voie pour émerger

Slim Feriani, le ministre de l’Industrie et des PME et de l’Energie par intérim, a récemment accordé à Africanmanager une interview exclusive où il a évoqué plusieurs points dont la croissance, l’investissement, le PPP (partenariat public-privé) et la loi de finances pour l’exercice 2019.

Nous avons constaté récemment l’émergence de la Chine comme nouveau marché pour la Tunisie. Que peut-on dire là-dessus ?

La Chine est un important marché pour la Tunisie, notamment au niveau touristique. C’est aussi un partenaire économique très important à toutes les échelles, surtout pour ce qui est de l’investissement. C’est vrai que le volume d’investissement n’est pas très grand mais il investit quand même en Tunisie. Du côté tunisien, on peut exporter beaucoup plus en Chine. Il y a un nouveau dynamisme vers ce marché qu’il faut exploiter.

Du coup, le Partenariat Public-Privé (PPP) est très important sachant que la création de richesses ne peut être faite que via le secteur privé. Le nombre et la qualité des gens qui ont participé à la conférence internationale sur le PPP qui a eu lieu récemment à Tunis dénotent de la confiance que font les investisseurs à la Tunisie, étant donné qu’on ne peut pas investir sans confiance. On ne peut avancer qu’à travers l’investissement.
En effet, la croissance en Tunisie a été impactée par plusieurs facteurs structurels ou encore en relation avec l’environnement extérieur de la Tunisie, comme la crise en Europe ou encore la situation en Libye. Ajoutons à cela la période de transition par laquelle passe notre pays. Malgré ces handicaps, la Tunisie peut atteindre des taux de croissance meilleurs que ceux des années passées.

Au niveau du ministère de l’Energie, nous avons plusieurs projets ambitieux et innovateurs. Des projets de 1000 Mégawatt qui s’ajoutent au programme de production de 3500 Mégawatts d’ici 2030. On veut aussi aller jusqu’à 30% de production énergétique à partir des énergies renouvelables contre moins de 5% actuellement. Des projets qui nécessitent beaucoup de fonds que l’Etat ne peut pas mobiliser seul. Les projets d’infrastructure ne pourraient jamais être réalisés par le gouvernement seul. Il faut un partenariat entre le secteur privé et le public et entre la Tunisie et des investisseurs étrangers.

Est-ce qu’on peut parler de reprise au niveau de l’investissement ?

Bien évidement, on a des chiffres positifs. Tous les chiffres qu’on voit aujourd’hui sur la croissance sont des chiffres positifs. On parle de plus de 2,8% de croissance du PIB au deuxième trimestre, de 2,6% de croissance au 1er trimestre et d’une hausse au niveau des exportations de 26% durant les 7 premiers mois de cette année. On parle aussi de croissance au niveau de l’industrie manufacturière qui représente 90% des exportations tunisiennes. Tous les secteurs confondus, textile, habillement, industrie manufacturière, électronique, mécanique, agroalimentaire, ont vu une croissance et une reprise importante au niveau de l’investissement. Les chiffres de l’API nous montrent aussi qu’il y a eu une reprise. Environ 2 mille demandes d’investissement pour une enveloppe de 2 Milliards de dinars pour la création de 37 mille d’emplois. Ce sont des intentions d’investissement mais une grande partie sera concrétisée à travers des projets.

Et au niveau des IDE, est-ce aussi la reprise ?

Nous constatons également une reprise au niveau des IDE, plus de 20% de croissance. Il y a une reprise mais il y a beaucoup de choses qui restent à faire pour atteindre plus de 5% de croissance. Il ne faut pas toutefois dire que tout va bien ou ralentir le pas mais plutôt accélérer le rythme. Il faut beaucoup plus de productivité dans le secteur privé mais aussi public. La reprise économique dépend de plusieurs facteurs et on ne veut pas que la consommation soit le moteur de la croissance mais plutôt l’investissement et l’exportation. Ce sont les deux facteurs sur lesquels on doit se concentrer et ce sont eux-mêmes qui sont entrain de reprendre cette année.

De l’autre côté, il y a le moteur de la productivité sans lequel on ne peut pas avancer. Si on n’avance pas, on recule. Il faut qu’on soit responsable. Cela n’est pas la responsabilité d’un ministre, d’un chef du gouvernement ou de l’administration c’est plutôt un travail collectif d’environ 12 millions Tunisiens. C’est une prise de conscience. Il faut voir les « success stories » comme par exemple en Asie, avec des pays comme la Corée du Sud, Singapour, la Chine et le Vietnam qui sont considérés aujourd’hui comme des champions mondiaux. Pour aller dans cette direction, il faut se retrousser les manches et travailler.

Les Tunisiens doivent être conscients de l’enjeu. Nous avons des ressources financières très limitées et c’est pour cela qu’on parle de PPP. Il faut qu’on sollicite le secteur privé pour financer ces projets d’infrastructure. Aucun pays émergent n’a évolué vers ce qu’il est aujourd’hui, telle que la chine, sans IDE. Et pour que l’investisseur vienne en Tunisie, il faut qu’il soit rassuré. Il ne faut pas matraquer les investisseurs avec des messages négatifs et pessimistes qui découragent. Il faut que tous on soit responsable et qu’on encourage les investisseurs nationaux et étrangers à investir et mettre la main dans la main pour aller au devant.

La loi de finances 2019, y a-t-il des messages à transmettre ?

Le premier message est qu’il faut que cette loi soit une loi de reprise, d’appui et de relance de l’économie. Il faut libérer les énergies positives. C’est un travail collectif et une opportunité pour renforcer le dialogue. C’est aussi un travail de partenariat puisque tous les ministères sont concernés.

En tant que ministère de l’Industrie, chargé aussi des Energies et des Mines, nous avons donné beaucoup de propositions sur cette loi. Nous avons travaillé avec une approche tri-participative et collective avec le secteur privé.

Nous avons aussi travaillé avec une approche très collaborative pour écouter les soucis des investisseurs et éviter les choses qu’on doit éviter. ll faut admettre qu’aucune loi de finances n’est parfaite.

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