AccueilLa UNETunisie : Après ça, impossible de nier la gravité de la crise

Tunisie : Après ça, impossible de nier la gravité de la crise

Le logement et la voiture sont sans doute ce que les Tunisiens affectionnent le plus. Illustration de l’ascension sociale, ce sont aussi les postes de dépenses les plus importants, mais peu importe ce que ça coûte, pourvu qu’on jette à la face du voisin des signes extérieurs d’aisance. Mais ça c’était avant, avant cette crise persistante, avant l’inflation, avant la fonte du dinar face à l’euro et au dollar… Bref avant tous ces pépins de la post-révolution que le pays traine comme un boulet. Le logement et la bagnole ne se vendent plus, ou très peu, trop peu, parce que devenus trop chers pour des citoyens martyrisés par cette montée des prix que rien ne semble pouvoir stopper. C’est un gros problème pour les citoyens mais aussi pour l’économie du pays car, comme on le sait, la consommation est un de ses moteurs, le seul qui tournait encore vraiment quand les autres étaient quasiment à l’arrêt. Mais la donne a changé, radicalement.

24 appartements vendus par les promoteurs immobiliers dans tout le pays durant les 5 premiers mois de 2018, c’est la preuve, s’il en fallait, que la panne est générale. Le président de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobiliers, Fahmi Chaâbane, pointe du doigt les spéculateurs, et un tas d’autres facteurs, les problèmes propres aux promoteurs quoi, des problèmes de « nantis, de « riches », il faut bien le reconnaitre. Chaâbane a oublié de regarder du côté des ennuis des citoyens, qui se sont bien appauvris depuis 2011, et pas uniquement à cause de la gourmandise des promoteurs immobiliers. Même s’il n’y avait pas le fléau de la spéculation et toutes les misères de ses collègues qu’il met en avant pour justifier la flambée des prix des logements, les consommateurs en achèteraient moins, parce que incommodés par un tas d’autres dépenses qui montent, montent, et ce au quotidien. Les Tunisiens boudent les habitats neufs comme ils boudent les voitures, pour les mêmes raisons.

Les temps changent

Le marché automobile tunisien a fait grise mine au cours de la première moitié de l’année 2018. En effet, jusqu’au mois de juin 2018, le marché a absorbé 32 718 véhicules immatriculés, pour un montant de 1,239 milliard de dinars, contre 77 709 voitures pour un montant total de 2, 793 Milliards de dinars, au cours du premier semestre 2017.
Sur les six premiers mois de l’année courante, les concessionnaires agréés par l’Etat ont importé près de 27 324 véhicules légers, dont 18 684 voitures particulières et 8 640 utilitaires. Les autorités avaient attribué aux concessionnaires au cours de cette période 29 358 autorisations.

Le directeur du commerce extérieur au ministère du Commerce, Khaled Ben Abdallah, a indiqué dans une déclaration à l’Agence TAP que les importations de voitures ont été réduites de 20% au cours du premier semestre 2018, pour atténuer le déficit de la balance commerciale.
« La baisse des importations cette année témoigne de la volonté de maîtriser l’équilibre de la balance commerciale, en préservant nos réserves en devises, à un moment où les cours du dinar tunisien suivent une tendance baissière alors que les prix des carburants sont de plus en plus élevés » a-t-il expliqué.
Et d’ajouter « dans cette optique, les autorités se sont contentées d’importer dans le cadre du programme général d’importation, 1961 voitures quatre chevaux, sur un quota global de cinq mille unités. D’ailleurs, notre objectif, c’est de rester pour l’instant au niveau d’un quota de 5 mille véhicules quatre chevaux particuliers importés par an« .

Des lendemains qui chantent ?

Quand on fait le rapport entre la baisse des importations de voitures (-20%) et la fonte des achats de véhicules neufs durant le premier semestre 2018 (moins de la moitié du total des voitures vendues à la même période l’an dernier), on voit nettement que le problème n’est pas un problème de réduction de l’offre sur le marché mais bien un souci de pouvoir d’achat. Mais ça le directeur du Commerce extérieur ne peut pas le dire, c’est politiquement incorrect et les collaborateurs du locataire de la Kasbah, sur les dents en ce moment pour des tas de raisons, tomberaient sur lui à bras raccourci s’il avait le malheur de s’épancher sur la question. Quand vous avez des voitures dites populaires qui deviennent soudainement des objets de luxe du fait de la dépréciation du dinar, ça refroidit ! En fait c’est le porte-monnaie qui a mal, alors on fait des coupes partout où on le peut, jusqu’à cet objet que le Tunisien adore et qu’il prend volontiers à toutes les occasions, même pour aller chercher sa baguette de pain.

Quand les citoyens recommenceront à acheter des logements et des véhicules neufs au niveau d’avant la Révolution, ce sera le signe patent que l’économie du pays est sortie de la zone de turbulences. Est-ce qu’on en prend le chemin ? Oui, à en croire le chef du gouvernement et son plus solide appui, le FMI

S.L.

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