«Vox populi, vox Dei» est une expression qui se traduit généralement par «La voix du peuple est la voix de Dieu», ce qui soulignerait l’importance de l’avis du peuple dans le régime démocratique et même dans certaines institutions religieuses.
Par deux fois, dans le dernier sondage d’opinion, réalisé par «Emrhod Consulting» pour le compte du quotidien tunisien de langue arabe «Assabah», le peuple s’est prononcé contre la centrale syndicale UGTT.
Dans un premier temps, le peuple tunisien s’est prononcé à 81 % contre la rétention des notes par les enseignants. Ces derniers avaient décrété leur décision de ne pas donner les notes des élèves tunisiens, ce qui risquerait de coûter 8 mois de prison ferme aux enseignants, selon l’Instance de protection des données personnelle et son président Chawki Guèdes, dans une déclaration à une radio privée tunisienne. Une décision suivie par celle du ministre de l’Enseignement, Hatem Ben Salem, soutenu par son chef de gouvernement, Youssef Chahed, de bloquer les salaires des enseignants réfractaires au dépôt des notes des élèves.

Dans le même sondage, le peuple s’est aussi prononcé contre la volonté de l’UGTT de changer le chef du gouvernement. Conduite par son SG Noureddine Taboubi, qui mène une véritable campagne contre Chahed à tambour battant et à travers tous les gouvernorats de la République, la centrale syndicale descend en flammes le bilan de son gouvernement sans donner aucune alternative à son programme qui est en fait celui contenu dans le «Document de Carthage» dont il est signataire, l’accusant de tous les maux de la Tunisie et demande son départ.

  •  Un taux de satisfaction, plus haut que celui de BCE. Décryptage …

Questionné par «Emrhod Consulting», le peuple tunisien, au nom duquel Taboubi aussi dit parler, s’est pourtant prononcé contre cette volonté partisane de l’UGTT et son SG. Ils étaient en effet 12,2 % à penser que Youssef Chahed reste capable de gouverner le pays. Un taux certes bas dans l’absolu, mais le plus haut par rapport même à celui de 9,2 % obtenu par le chef de l’Etat. Une seconde position de BCE qui s’explique par le fait que le chef du gouvernement est celui qui gère, de manière plus directe et en lien avec la chose publique, les affaires de l’Etat. Toutefois il n’y pas de quoi pavoiser pour les deux têtes de l’exécutif, ils trônent sur un champ de ruines, un paysage politique sinistré. «Borgnes au royaume des aveugles» (comme dit l’adage que nous citons sans malveillance aucune), ils doivent se contenter d’un taux de popularité très en-dessous du seuil requis pour prétendre à une légitimité et très loin de ce qu’il devrait être dans un pays qui fonctionne bien, dont les institutions sont en bonne santé et dont les citoyens ont confiance en leurs dirigeants. Chahed et BCE existent, mais pulsent à peine en face d’autres leaders politiques inexistants et dont il faut chercher les taux de satisfaction dans les bas-fonds.

  •  …. Et explications

A noter, tout de même, que le taux de satisfaction que recueille Chahed va croissant par rapport aux 11,4 % de février dernier. L’explication pourrait être le bras de fer qu’il mène depuis quelques semaines avec la centrale syndicale UGTT, un bras de fer qui avait, avant l’actuel locataire de la Kasbah, fait les bons scores de popularité de Neji Jalloul et avant lui de l’ancien chef de gouvernement Mehdi Jomaa. C’est peut-être aussi une réponse populaire à un paysage politique depuis un certain temps structuré par les querelles et où le langage politique devient bas, y compris chez le partenaire social qui, obnubilé par sa campagne contre Chahed, en oublie de soigner son discours.

Il est aussi utile de rappeler que la confiance en Youssef Chahed n’est pas absolue, d’où le taux de 12,2 %. Elle est plutôt due, selon des observateurs de la scène politique tunisienne, à un ras-le-bol populaire du fait des changements incessants de gouvernement et de l’instabilité politique que ces changements induisent, notamment leur impact sur l’économie tunisienne et par là même sur le pouvoir d’achat du Tunisien moyen.

Mais il est tout aussi bon de rappeler que cette 1ère place de Youssef Chahed n’est certainement pas pour lui plaire et pour aider le chef de gouvernement qu’il est à terminer les réformes qu’il entreprend. A maintes reprises, ses partenaires, politique comme Ennahdha et social en la personne de Noureddine Taboubi, l’ont accusé de préparer par son action une probable entrée de plain-pied en politique. Cela, soit par son parti propre, comme il a été dernièrement dit par un journaliste d’une radio privée qui dit avoir des informations confirmées dans ce sens, ou par une intention de se présenter aux prochaines présidentielles comme il se dit plus généralement et comme l’en a accusé Rached Ghannouchi lui-même.

Khaled Boumiza

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