AccueilLa UNE2019, la fin des haricots pour les banques

2019, la fin des haricots pour les banques

Les banques tunisiennes semblent rester aussi performantes et enregistrent toujours plus de bénéfices. En effet, en 2018, les 17 banques, publiques, privées et de toutes tailles, ont dégagé un résultat net bénéficiaire de plus de 1,230 Milliard DT. Un chiffre qui dépasse celui de l’exercice 2017 (1,066 Milliard DT) de 164 MDT.

L’explication réside, partiellement, dans les emprunts de l’Etat en BTA, dans le coût de l’argent, vendu par la BCT aux banques moins cher que le Taux directeur et revendu par les banques à leurs clients, plus cher qu’à l’achat. L’explication est aussi dans le taux d’intérêt, augmenté par les banques, suite à l’augmentation par la BCT de son taux directeur. Il se pourrait cependant, à en croire Marouane El Abassi, que 2019 signe la fin d’une époque pour la grande majorité des banques tunisiennes.

«L’année 2019 sera une année morose pour les banques de la place à cause de la rareté des liquidités», dans la mesure où leurs bénéfices devraient baisser et qu’elles ne gagneront pas autant d’argent qu’en 2018, a ainsi dit en substance, lundi 13.5.2019 lors d’une séance d’audition tenue par la commission de la législation générale à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Marouane El Abbassi.

  • Aux banques de se désintoxiquer de l’addiction au refinancement

Ce dernier pourrait très bien n’être qu’un simple lanceur d’alerte, pour que les banques tunisiennes changent dès maintenant leur business model et s’orientent plus vers une meilleure diversification de leurs ressources. En quelque sorte se désintoxiquer de l’addiction aux ressources faciles du refinancement, et elles ont entamé cette cure.

En effet, «au cours du quatrième trimestre de l’année 2018, le besoin moyen des banques en liquidité a poursuivi sa croissance, mais à une cadence moins accentuée que les trimestres précédents de l’année, augmentant de +481 MDT seulement en variation trimestrielle, contre +1.689 MDT, +1.724 MDT et +1.821 MDT respectivement aux troisième, second et premier trimestres de l’année, pour atteindre 16.161 MDT en moyenne. Ce ralentissement porte la marque d’une nette diminution des besoins des banques de 342 MDT au dernier mois de l’année 2018», remarquait déjà la note de conjoncture de la BCT.

Il n’en demeure pas moins vrai qu’il existe un réel problème de manque de liquidités en Tunisie. Le gouvernement tempère ce constat, car il est l’une des causes de l’assèchement de cette liquidité, par le volume de BTA émis sur la place financière locale. Un gouvernement qui plus est emprunte pour financer un budget dont les différents paiements et règlements retourneront ensuite dans le secteur parallèle, le consommateur ne croyant pas encore aux nouveaux moyens de paiement, notamment électroniques.

A ces ponctions gouvernementales répétées, et en One-Way, de la liquidité, il faudra ajouter l’énorme somme d’argent qui a toujours été hors des circuits bancaires traditionnels. Et d’ailleurs même pour l’Etat le volume des BTA a baissé, à cause du coût de ces ressources qui devient élevé, privant du coût les banques d’une partie des bénéfices.

Pour 2019 donc, les banques devraient voir baisser leurs encours de crédits, et donc leurs marges. Elles devraient donner moins de crédits, pour simple cause de cherté de ce crédit. Pour ce qu’elles donneront, elles le feront sans le filet de sécurité de la BCT qui devrait, au contraire, jouer le rôle de gendarme.

D’autres analystes sur la place boursière, pensent cependant, que les banques continueront à gagner de l’argent, qu’elles ont encore de la marge notamment la marge d’intérêt. Les marges d’intérêts des banques sont encore assez confortables et que les anciens crédits accordés par les banques, génèreront encore des intérêts pour de longues années encore. L’un d’eux a même estimé qu’elles ont encore 500 points de base de marge. «Il n’ y aura certes plus des taux de croissance des bénéfices de 20 %. Mais je mets ma main au feu qu’il y aura toujours croissance à 10 % ou un peu moins», affirme un autre intermédiaire boursier.

Pour l’instant, les indicateurs du 1er trimestre 2019 des banques, montrent plutôt une continuité dans la hausse. Il faudra attendre les bilans intermédiaires des six 1ers  mois de l’exercice 2019, pour trancher quant à la véracité de ce Warning du gouverner de la BCT, dont l’objectif pourrait n’être que d’attirer l’attention sur la nécessité de changer de modèle.

  • La BCT resserrera ses contrôles et sera plus vigilante

Cette crise de liquidité devrait, en plus, être accélérée par le contrôle que compterait faire la BCT sur la qualité du service, les risques de transformation et notamment le respect du ratio «Loan-to-Deposit» d’un max de 120 % alors qu’il était à 150 et même à 170 % chez certaines banques, conduisant à des risques de transformation. Des banques pourraient même être classées en PDR (Payeur de dernier ressort) et ne seront plus au même niveau que les banques en matière de refinancement auprès de la BCT.

Cette dernière compterait aussi, selon nos informations, resserrer encore plus le refinancement. Cela ne sera cependant pas fait par une nouvelle hausse du taux directeur. Elle n’en aurait jusqu’à présent pas besoin. En effet, avec un TMM à 7,83 % (Chiffre au 15.5.2019) et l’inflation à 6,9 %, la BCT réalise pour la 1ère fois un écart positif de 90 points de base, et l’argent est vendu plus cher que l’inflation. Un scénario qui traduit une meilleure cohérence de la politique monétaire, actuellement conduite en Tunisie.

  • Des banques plus inventives et mieux rémunératrices des dépôts

Les banques tunisiennes sont ainsi appelées à changer de modèle économique. Un modèle qui compte jusque-là sur les ressources des dépôts de la clientèle. Des ressources non rémunérées, ou mal rémunérées, à l’image d’une épargne dont la rémunération ne couvre même pas le coût de l’inflation. Un nouveau modèle dont la naissance pourrait même être en césarienne et occasionner des dégâts. Mais un nouveau modèle où les banques doivent mieux s’armer pour la collecte des ressources les moins chères.

Les lignes de crédits de bailleurs de fonds étrangers qui ciblent par exemple les PME ne coûtent pas cher, mais ne rémunèrent pas les banques comme elles le souhaiteraient. Elles gagneraient cependant à se faire mieux connaitre et mieux utilisées par les banques tunisiennes.

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