L’année 2020 semble être le « vendredi noir » des chefs entreprise, étouffés par la crise sanitaire la plus douloureuse qui soit.
Il faut dire que la pandémie du siècle, le Coronavirus, a décimé des empires économiques et pulvérisé tous les projets prévus pour cette année.
D’ailleurs, le confinement sanitaire général imposé il y a un mois par l’Etat pour endiguer la propagation du virus, s’est prolongé pour encore une quinzaine de jours.
Tous les secteurs sont à l’arrêt et la maîtrise de la pandémie est impérative pour sauver ce qui peut être sauvé afin de préserver la pérennité des entreprises, sauvegarder le tissu économique et les emplois.
Cette décision qui n’arrange pas l’économie a fait empirer la situation. En effet, 67,6% des entreprises interviewées, dans le cadre d’une enquête menée avec la FTH, l’IACE, la FTUSA, le CJD et le Conseil des Chambres mixtes, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), sur un total de 213 seront, amplement, touchées par cette crise et feront face à un risque systémique et social majeur, compte tenu du contexte national et mondial actuel,
Un état des lieux affirmé par l’expert en économie et ancien ministre des Finances Hakim Ben Hammouda, qui estime que la Tunisie va pâtir d’une récession économique de 3,8% et d’un chômage de 18,8% sous l’effet de la pandémie. Ce qui n’augure rien de bon.
Les patrons ne font pas confiance au gouvernement
Une enquête réalisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) a révélé l’impact du coronavirus sur les activités des entreprises. Elle a ainsi montré la perception des chefs d’entreprise vis-à-vis des mesures d’accompagnement prises par le gouvernement, et ce sur 500 entreprises.
Cette enquête a fait ressortir que 95,75% des chefs d’entreprise ont déclaré que cette pandémie a un impact négatif, moyen, significatif ou élevé sur leurs chiffres d’affaires.
81,3% des entreprises ont déclaré que cette crise sanitaire a un impact négatif, moyen significatif ou élevé sur l’approvisionnement.
En outre, 65,72% des chefs d’entreprise interrogés ont répondu que la pandémie s’est répercutée sur leurs activités d’exportation.
Toujours selon le rapport, près de 61% des entreprises exerçant dans le secteur industriel et 40% des sociétés commerciales ont déclaré que cette crise a ” un impact élevé ” sur leurs exportations.
S’agissant des ventes, 92,35% des chefs d’entreprise ont déclaré que la pandémie du covid-19 a un impact ” négatif, moyen, significatif ou élevé ” sur les activités liées aux ventes.
D’autre part, l’enquête a révélé que 82, 42% des entreprises déclarent que le covid-19 a un impact sur la production.
L’IACE a choisi quelques mesures d’accompagnement prises par le gouvernement pour interroger des chefs entreprise et donner leurs avis quant à l’utilisation de ces mesures.
A propos du report du paiement des impôts durant trois mois à partir du 1er avril, l’IACE a fait savoir que plus de la moitié des chefs d’entreprises déclarent qu’ils sont plutôt satisfaits ou très satisfaits.
En revanche, 30% des chefs d’entreprise n’ont pas confiance en la capacité du gouvernement d’appliquer ces mesures.
Pour ce qui est report du paiement des mensualités des crédits bancaires et des établissements financiers durant six mois, 40% ont répondu qu’ils ne font pas confiance en la capacité du gouvernement à mettre en place ces mesures, et plus particulièrement, la ligne de garantie d’une valeur de 500 MDT, une mesure destinée à permettre aux entreprises d’obtenir de nouveaux crédits de gestion.
Pour un déconfinement …par étape
Pour que les entreprises reprennent leurs activités, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande d’adopter une approche progressive par étapes.
Dans ce cadre, l’IACE a souligné la nécessité de mettre en place une stratégie appropriée, pour enfin reprendre leur travail.
L’entreprise doit avoir un carnet de commandes, destiné aux petits commerces alimentaires, les services de proximité qui pourront rouvrir, dans le respect des gestes barrières.
Pour le secteur de la restauration, des autorisations de l’ouverture des restaurants seront uniquement accordées pour l’activité traiteur, c’est à dire pas de service sur place.
Les services fournis par les indépendants (l’électricien, réparation informatique, le plombier, le mécanicien automobile, le menuisier) seront aussi autorisés à reprendre leur travail.
L’IACE a, ainsi, mis en place des critères sanitaires à suivre, à savoir, le transport des employés assuré par l’entreprise. Les entrées et les sorties doivent être planifiées afin que les travailleurs puissent maintenir la distance interpersonnelle recommandée d’environ 2 mètres. Sinon envisager le ‘’double shift’’.
Mettre en place des mesures organisationnelles
Le personnel doit être informé des recommandations sanitaires et mettre les produits d’hygiène nécessaires – savon, solution hydro-alcoolique et mouchoirs jetables – pour pouvoir suivre les recommandations individuelles. Il est surtout recommandé de s’assurer de la distanciation des postes de travail et d’espacer les horaires pour éviter la constitution des foules dans les lieux de travail.
Les employés doivent bénéficier des mesures d’hygiène sur le lieu de travail (masque, gel, ventilation…).
Le déconfinement est appliqué en premier lieu sur toutes les régions à l’exception des zones à forte propagation du virus.
Les entreprises peuvent mettre en place plus de règles à respecter par leurs travailleurs mais qui doivent être validés par une instance dont relève l’entreprise pour un éventuel contrôle. S’y ajoute la reprise des transports publics mais en limitant le nombre de passagers par bus ou train pour le respect des conditions sanitaires et en augmentant les rotations.
Frappées soudainement par cette crise sanitaire sans précédent, de nombreuses entreprises souffrent, actuellement, et crient au secours pour éviter leurs disparition, avant qu’il ne soit trop tard.
Reste à réussir ce défi qui consiste à suivre un déconfinement ciblé, tout en maintenant une courbe de contamination en baisse ou stable.