Dans un entretien accordé jeudi à la chaine d’information France 24, le président Béji Caïd Essebsi a estimé qu’avec la déclaration de Donald Trump dans laquelle il reconnait Al Qods capitale d’Israël, l’administration américaine n’a plus de plan pour la paix dans le Moyen-Orient.
La décision de Trump a changé les paramètres, mis fin à tout espoir de parvenir à régler ce conflit par la négociation, ce qui permettra à Israël de poursuivre sa politique du fait accompli, a-t-il relevé.
Le président de la République a ajouté que les USA sont les amis d’Israël mais ils sont en même temps la première puissance mondiale et pareille décision est de nature à diminuer leur crédibilité de pouvoir travailler sur le terrain et de favoriser une solution négociée.
Sur le dossier libyen, Béji Caïd Essebsi estime qu’il ne faut pas espérer que la situation s’améliore dans une année ou deux, « il faut du chemin », a-t-il lancé, soulevant la difficulté pour les acteurs libyens à se réunir. Il a insisté sur l’importance d’un règlement politique et pacifique.
Il a ajouté que la frontière avec la Libye est mal surveillée en raison du trafic important au niveau des postes de transit et en l’absence d’un Etat en Libye. De plus, la présence des milices et les interventions extérieures ne facilitent pas les choses, a-t-il ajouté, se disant fermement opposé à toute intervention militaire étrangère dans ce pays.
Dans sa réponse à une question sur la lutte contre le terrorisme en Tunisie et les menaces provenant de ses frontières avec la Libye, le président de la République a tenu à préciser que dans leur majorité, les terroristes qui viennent de Libye ou d’ailleurs sont tunisiens.
En 2015 nous avons eu trois grands attentats, aujourd’hui nous maitrisons mieux le terrorisme, mais nous restons très vigilants, a-t-il affirmé, évoquant le soutien apporté par les Etats-Unis d’Amérique et l’Allemagne dans ce domaine.
Sur le même sujet, Caïd Essebsi a expliqué que les Tunisiens de retour des foyers après le recul de Daech en Irak et en Syrie sont au nombre de 800 et qu’ils sont entre les mains de la Justice.
Abordant la coopération tuniso-française et la visite d’Etat qu’effectuera bientôt le président français Emmanuel Macron en février 2018 en Tunisie, Béji Caïd Essebsi a souligné que les relations bilatérales « ont toujours été bonnes ».
Répondant à une question sur le refus de l’Arabie Saoudite d’extrader l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, Caïd Essebsi a expliqué que ce pays a ses traditions en matière d’exil. « Nous n’en faisons pas une affaire d’Etat, si Ben Ali cherche à revenir, c’est son droit mais il sera traduit devant la justice tunisienne », a-t-il soutenu, réfutant l’existence de négociations en cours sur cette affaire.